L.G.Toraude (1868-1945)
Louis-Gabriel Toraude est né à Saumur (Maine et Loire) en 1868, il est diplômé de l’Ecole supérieure de pharmacie de Paris en 1894 et s’installe dans une officine à Asnières 23 Grande Rue. Il reprend en 1915 les activités du Laboratoire Pharmaceutique du Radium d’Alexandre Jaboin et fonde le laboratoire L.G.Toraude. Il est domicilié dans les locaux de l’officine. Il fabrique une gamme de spécialités sous forme orale, externe et injectable qui contiennent des doses infinitésimales de radium. Il les cède en 1919 aux laboratoires Fernand Ducatte. En 1920, Il commercialise la Métricine (1920).
En 1926, il fait l’acquisition des Établissements chimiques Billault, successeurs des laboratoires Chenal et Douillet qui apportent, un sel de bismuth utilisé pour le traitement de la syphilis, le Trépol. Il déménage à Paris dans leur locaux 22 rue de la Sorbonne, il s’associe avec Albert Salmon, le fondateur de la Cooper. La production est réalisée à Malakoff, 12 et 43 rue Avoulée.
Il développe de nouvelles spécialités: les bougies et crayons Rèthragine, les suppositoires Rectagine, les ovules et les capsules Réthraginol (1929): médication radioactive et bactéricide, l’Ultra-Levure (1933) et le Zymostol du docteur P.Viard, une levure irradiée par des ultra-violets, transformée en vitamine D, ces deux spécialités sont cédées aux laboratoires Biocodex, en 1948. Le Néo-Trépol, le Trépaquinol mis au point par Sazarc et Lav, l’Hyposulféne (1934), le Jabosulféne (1935).
En 1939 Jean Roux-Delimal rachète les parts de Louis-Gabriel Toraude et d’Albert Salmon. Une nouvelle ère commence, de nouveaux produits sont commercialisés: Sorbo-Calcium (1939), Campho-Pneumine Sirop (1939), Bactisubtil (1939), Collusulfamyl (1940).
Médicaments commercialisés par Toraude en 1949-1950 (Le Livre du Praticien) : Camphopneumine, Collusulfamyd, Ephédrolénol, Hyposulfène, Iodosulfène, Jabosulfène, Leucagine, Rectagine, Sorbo-Calcion, Staprolysat, Lactoclase, Bactisubtil. |
En 1946, Jean Roux-Delimal s’associe à part égale avec le docteur Albert Debarge et un publicitaire Pierre Broch. En 1959 la Méreprime est mise sur le marché puis l’Equigyne en 1960. L’entreprise est prospère et exporte dans de nombreux pays. Des filiales sont crées, en 1953 , Biotic Alger dans le cadre du plan de Constantine sous la direction de Yves Favre d’Acier puis Biotic Maroc à Casablanca.
En 1957 le laboratoire est introduit en bourse. En 1962, la production est délocalisée à Bourgoin Jallieu (Isère), l’usine de Malakoff est fermée. En 1967 l’entreprise est absorbée par l’américain Richardson Merrel, et prend le nom de Merrel-Toraude.
Deux personnalités ont marqué l’histoire du laboratoire :
Louis Gabriel Toraude, c’est une personnalité originale, c’est à la fois un industriel très impliqué dans le domaine pharmaceutique et un homme de lettre. Il participe en 1913 à la fondation de la Société d’histoire de la pharmacie, dont il est le trésorier. Il collabore à de nombreuses revues professionnelles : la Revue moderne de pharmacie, le Bulletin des sciences pharmacologiques, la Pharmacie française. En collaboration avec Edmée Dufour il publie en 1926 : Notions pratiques de pharmacie. Il fonde le 12 juin 1935 la Société des pharmaciens bibliophiles dont il est le président. Il est membre de la Société des gens de lettre et de la Société des auteurs et compositeurs. Il publie des pièces de théâtre, des nouvelles, des romans, des poèmes (Les Galiénnes), collabore à des journaux littéraires. Il décède le 24 septembre 1945.
Albert Debarge , pharmacien il commercialise à partir de 1949 des comprimés antitussifs Bronchotonine, en 1949 il devient actionnaire du laboratoire Toraude, le laboratoire Debarge déménage 22 rue de la Sorbonne. Il est absorbé par Toraude en 1954. Des trois associés Albert Debarge était le plus brillant mais aussi le plus complexe, toujours dans la démesure. C’est un membre de la Jet Set, il anime les nuits parisiennes et de Saint Tropez, il apprécie les jeunes femmes et les belles voitures, sa fortune lui permet tous les excès. Il est arrêté en février 1971 pour détention de drogue, il est emprisonné puis remis en liberté provisoire, il se suicide en novembre 1972.
Bibliographie
– Anonyme, Historique des Laboratoires L.G.Toraude, La Société d’Histoire de la Pharmacie et ses bienfaiteurs, Bulletin de la Société d’Histoire de la Pharmacie, 1929, Vol 17, n°66, 440 zzchapitre XI
– L.G.Toraude, Les pharmaciens bibliophiles écoutent leur président, Revue d’histoire de la Pharmacie, 1935, Vol 23, n°91, 170-178
– Anonyme, Revue d’Histoire de la Pharmacie, 1946, Vol 34, n°116, 89-91
– Eugéne.humbert Guittard, Les historiens du jour : L.G.Toraude, Bulletin de la Société d’Histoire de la Pharmacie, 1919, Vol 7, n°24, 134-136
– Thierry Lefebvre, Dictionnaire des fondateurs de la Société d’Histoire de la Pharmacie, 2003, Vol 91, n°340, 548
– Supplément illustré du Bulletin de la Société d’Histoire de la Pharmacie, 1919, Vol 7, n°24, 136
– Alexandre Blondeau, Merrell Toraude, Histoire des laboratoires pharmaceutiques en France, Le Cherche Midi éditeur, 1992, 193-201