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Joseph Vincent Swintosky

 Joseph Vincent SWINTOSKY (1921-2013)

Joseph Vincent Swintosky est né le 14 décembre 1921 à Kewaunee, une petite ville de 6000 habitants de l’Etat du Wisconsin située au bord du lac Michigan et traversée par Kewaunee River où les saumons viennent déposer leur frai entre septembre et octobre. Joseph Vincent, de près de 4 ans le cadet de Takeru, grandit, comme ce dernier, dans une ferme où ses parents lui inculquent les valeurs de l’Amérique et de la religion chrétienne. « Mes parents, dit encore aujourd’hui J.V. Swintosky, étaient de solides citoyens américains. Les valeurs de la famille étaient chrétiennes et nous les appliquions à tout problème et en toute occasion ». Ses grands-parents paternels (John Swintosky et Augusta Dolski) étaient d’origine polonaise mais avaient vécu leur enfance à Pozen (devenu Poznan), alors en territoire allemand. Ils sont donc arrivés à New York en tant que citoyens prussiens en 1870.

Joseph Vincent accomplit toute sa scolarité dans les établissements publics de Kewaunne, Wisconsin (Footbridge School, une école à classe unique pour 8 niveaux ! puis Kewaunee High School de 1934 à 1938 avec 80 à 85 élèves par classe). A Kewaunee High School, le Professeur de science, Mr Gibbs, impressionne Joseph Vincent et lui suggère d’entreprendre des études de Pharmacie. J.V. Swintosky suit ce conseil et entre, comme étudiant en pharmacie à l’Université du Wisconsin en 1938, école dont le Pr Uhl est le directeur. Quelques années plus tard, en 1942, Swintosky décide de faire le la pharmacie sa formation principale, la biochimie devenant alors pour lui une matière secondaire.

La carrière de J.V. Swintosky démarre à l’Université du Wisconsin où il entre comme étudiant en 1938. Il reçoit son premier diplôme en 1942 (B.S.) puis son PhD en 1948.

1939-1953 : C’est incontestablement la période la moins riche en publications, mais aussi une période déterminante quant à la recherche des propriétés physico-chimiques des formes pharmaceutiques faites par Joseph Swintosky. C’est aussi l’époque où Higuchi est coauteur de la plupart des publications de Swintosky. Joseph Swintosky réalise sa thèse en 1948 sur les surfaces spécifiques des poudres pharmaceutiques et les moyens de les augmenter, sujet qui donnera lieu entre 1949 et 1950 à quatre publications cosignées par Swintosky, Riegelman, Higuchi et Busse. A partir des données existantes (voir annexe sur la recherche sur les poudres pharmaceutiques avant 1947), Swintosky y développe deux aspects intéressants et innovants :

1)      il met au point une technique pour mesurer la surface des particules solides et la granulométrie des poudres pharmaceutiques par la méthode d’adsorption des gaz (l’ozone) avec un appareillage BET (Brunauer-Emmett-Teller);

2)      il montre que les méthodes traditionnelles de broyage des poudres en pharmacie (mortier et pilon, spatules, etc.) ont une réelle efficacité pour affiner les poudres et démontre, pour les produits choisis, que le mortier et le pilon reste la méthode la plus efficace.

Ces travaux conduisent naturellement Higuchi et ses collègues, dont Swintosky, à s’intéresser à la compression des poudres dans le processus de fabrication des comprimés. C’est pour Swintosky  une époque déterminante comme il le déclare dans un des ses articles en 1984 : « Louis Busse et Takeru Higuchi ont influencé mes attitudes professionnelles et mon développement scientifique plus que tout… »

1953-1967 : la période industrielle chez Smith Kline and French
 

C’est la période où les travaux de Swintosky ont fait l’objet de nombreuses publications :  Swintosky et ses collaborateurs de SKF vont balayer quelques sujets clefs pour la biopharmacie naissante : les propriétés physico-chimiques, la biodistribution des médicaments et les prodrogues.
La première publication essentielle de Swintosky (1956), dont il est le seul auteur, est assez générale et concerne la demi-vie d’élimination plasmatique des médicaments. C’est sans doute la première publication de biophysique pharmaceutique pour la mise en œuvre de nouvelles formes pharmaceutiques. Cette publication qui, selon Swintosky, a fait sensation dans le club des adeptes de la pharmacie chimiques à l’époque, sera la base des six publications qui vont paraître entre 1957 et 1960 sur le sulfaethylthiadiazole (SETD) après la commercialisation par SKF des premiers sulfamides à libération prolongée. La première publication de cette série vaudra à  Swintosky de recevoir en 1958 la plus haute distinction scientifique du moment pour un pharmacien : le prix Ebert, décerné par l’Association américaine de pharmacie.

En parallèle à cette première série de publications magistrales sur le SETD, Swintosky publie avec Blythe sur la biodisponibilité de l’aspirine pour différentes formulations de comprimés.
 

1967- 1999   : Swintosky revient au monde universitaire
 

De retour à la vie universitaire en 1967, Swintosky et ses collègues de l’Université du Kentucky vont à la fois poursuivre leur recherche dans la biopharmacie mais également en promouvoir l’enseignement. Swintosky, doyen de la faculté de Pharmacie, met en place la pharmacie clinique en milieu hospitalier et encourage avec ses collègues professeurs la formation scientifique et clinique des pharmaciens. Le collège de Pharmacie devint ainsi, quelques années plus tard (1974) l’un des 4 collèges de pharmacie de référence aux Etats-Unis, d’où va sortir nombre de professeurs des sciences pharmaceutiques.(Swintosky, communication personnelle 2004).
 

Dès 1968, il organise un symposium sur « la pharmacie en transition » où il développe ses idées majeures en matière d’enseignement de la pharmacie. 29 propositions y sont avancées dont cinq particulièrement significatives :
1. développer un cursus de formation universitaire pharmaceutique mettant en œuvre une culture générale élevée et une base scientifique approfondie, associée à une approche clinique qui cultive l’excellence.
2. encourager les professeurs à devenir plus proche de la clinique dans leur enseignement
3. inclure un enseignement plus large et de meilleure qualité dans les matières suivantes : biochimie, physiologie, pharmacologie, pathologie, toxicologie, thérapeutique, information sur le médicament, science du comportement et sciences fondamentales.
4. augmenter les nouvelles disciplines pharmaceutiques (biopharmacie, pharmacocinétique et pharmacie nucléaire par exemple), en parallèle à l’augmentation de la dimension clinique ; enseigner comment l’organisme prend en charge les médicaments.

5. démarrer le programme d’enseignement supérieur de pharmacie par des études de recherche clinique.

L’idée d’orienter les études vers le soin des patients et à mieux tenir compte de la clinique dans les études pharmaceutiques était alors un objet de discussion parmi les professionnels de santé, mais seule l’Université du Kentucky, à tous les niveaux de son organisation,  a eu le souci de développer un enseignement clinique intégré. Cette orientation fondamentale sera poursuivie les années suivantes.

Au global, le niveau des études pharmaceutiques va, dit-il, continuer à augmenter et va vers une spécialisation accrue. Le rôle des pharmaciens ne va cesser d’augmenter pour le bon usage du médicament et son interaction avec le médecin prescripteur également. Swintosky, dans son souci d’une rationalisation des dépenses de santé, y défend l’idée que l’augmentation de la mise à disposition des médicaments en vente libre peut réduire les coûts liés à la visite chez le médecin et que, dans ce contexte, le rôle du pharmacien est encore plus déterminant dans la mesure où les patients lui rendront visite en première intention. En conclusion, Swintosky considère que la profession pharmaceutique a de nombreuses facettes mais qu’il faut en assurer l’unité qui est essentielle pour garantir un même objectif, un même état d’esprit pour l’ensemble des professionnels qui exerce ce métier.

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