Histoire des Laboratoires Bailly
Droguerie de Rome
« Débuter dans une modeste pharmacie de 18 à 20 mètres carrés et amener progressivement, en moins de vingt ans, cet embryon d’officine à devenir la plus importante et la plus moderne des pharmacies de France, avec un personnel de 800 employés ou voyageurs, tel est le record d’organisation réalisé par M. A. Bailly, officier de la Légion d’Honneur, président du Syndicat des Grandes Pharmacies Commerciales Françaises.
Ayant acquis en 1901, la pharmacie établie en 1870 par M. Copart, 15 rue de Rome, M. Bailly agrandit bientôt sa maison jusqu’à englober plusieurs immeubles voisions et créa l’établissement pharmaceutique type de l’officine moderne. En 1906, il fit construire, à Nogent-sur-Marne, une vaste usine, où se préparent plusieurs millions de kilos de produits pharmaceutiques divers.
Secondé actuellement par ses neveux, MM. Léon Bailly et Godeau, tous deux pharmaciens de 1° classe et docteurs en pharmacie, M. A. Bailly dirige cette vaste organisation dont les spécialités de premier ordre ont acquis une réputation universelle : le Pulmoserum, contre les maladies des poumons et des bronches, l’Opobyl, spécifique des maladies du foie, le Forxol, reconstituant de l’organisme en général, le Phaguryl, antiseptique des voies urinaires, le Theïnol clamant immédiat de la douleur, l’Urophile diathèse arthritique, le Quergemol antipaludique, le Ménatol régulateur des fonctions utéro-ovariennes.
La pharmacie Bailly a su réaliser la collaboration intime de l’usine et du laboratoire ; elle a de plus le mérite de travailler en étroite communion d’idées avec le corps médical. Enfin, elle est susceptible de livrer immédiatement toutes spécialités françaises ou étrangères »
Source : Revue d’Histoire de la Pharmacie, 1929
Complément sur l’histoire de Bailly (2018)
Amour Bailly (1881-1930) docteur en pharmacien achète en 1901 la pharmacie Chopart, 15 rue de Rome à Paris qu’il baptise Pharmacie de Rome, cette petite officine va devenir la plus importante pharmacie française. Il y adjoint rapidement un laboratoire d’analyse et une activité de fabrication de produits pharmaceutiques. En 1908, il met au point le sirop Pulmosérum qui va devenir la spécialité emblématique du laboratoire puis l’ Urophile, le Theinol (1910).
Avec son frère Elysé-Antoine Bailly (1873-1948) et ses deux neveux Léon Bailly et M.Godeau, il crée en 1921 les laboratoires A.Bailly domiciliés 15 rue de Rome à Paris. En 1921, l’entreprise comprend des entrepôts 32 rue de Laborde et 5 rue de Rigny à Paris et une usine 2 rue Hoche à Nogent-sur-Marne d’une superficie de 10 000 m2, elle emploie 350 personnes.
L’usine produit des sirops, des pilules, des cachets, des dragées, des ampoules injectables, elle propose des activités de façonnage. Le laboratoire exporte dans le monde entier.
Amour Bailly décède en 1930, il était Officier de la légion d’honneur et Président du syndicat des grandes pharmacies. Son frère Elysé-Antoine lui succède. Pendant les années trente, le laboratoire est à son apogée, il exporte dans le monde entier. Il innove en galénique en reformulant les pilules d’Opobyl en comprimés tout en leur conservant la forme pilulaire. L’Opobyl comprimé est d’abord fabriqué avec une machine alternative Frogerais n°1 équipée de 6 poinçons puis en 1938, pour augmenter la production, il s’équipe de la première machine à comprimer rotative belge Courtoy importée en France.
Le laboratoire met régulièrement sur le marché de nouvelles spécialités qui sont des succès: Anaxeryl, (1939), Brulex (1939), Pyorex (1939), Sedacones, (1939) Rhinamide (1939), Sedacones (1939), Sedalby (1948). Il publie une revue Clinique et Laboratoire qui est éditée à 90 000 exemplaires.
Elysé-Antoine est très éprouvé par la guerre, son fils Rolland est arrêté en 1943 par la Gestapo et déporté. Le 25 Aout 1944 son fils cadet Georges étudiant en pharmacie âgé de 24 ans est tué lors des combats de la Libération de Paris, place de la Concorde. Il décède en 1948, il était Commandeur de la Légion d’Honneur et conseiller du Commerce Extérieur de la France.
L’année suivante le laboratoire prend le nom de SPEAB (Société Pharmaceutique d’Exploitation Amour Bailly) le siège déménage 19 rue du Rocher, puis en 1955, 6 rue du Rocher, il est dirigé par Madame Dulaurans-Bailly. De nouveaux médicament sont commercialisés: Antalby (1948), Bilkaby, (1948) Tonitensyl, Thiocaldy (1954).
En 1958 le laboratoire développe une spécialité originale la Covatine, un psychotrope à visée anxiolytique sous forme de comprimés dragéifiés, c’est un succès mais c’est la dernière spécialité Bailly mise sur le marché.
Le laboratoire n’investit plus, l’usine de Nogent-sur Marne est fermée en 1964, la production déménage à Ivry-sur -Seine, 101 avenue Molière. En 1996, l’usine vétuste est fermée, les médicaments sont façonnés par des sous traitants. Le laboratoire n’innove plus, la majorité du chiffre d’affaire est réalisée à l’exportation, des spécialités sont progressivement abandonnés.
En 2002 les laboratoires Bailly fusionnent avec les laboratoires CREAT et déménagent à Vernouillet (Eure et Loir). En 2007, l’Opobyl est retiré du marché puis en 2017 La Covatine, le sirop Pulmosérum, l’antalgique Theinol et la pommade Brulex sont toujours commercialisés.
Usine de Nogent-Sur-Marne: ateliers de production des sirops et des comprimés (1937)
Médicaments commercialisés par Bailly en 1949-1950 (Le livre du Praticien) :
Anaxéryl, Arthex, Bactéramide, Bilkaby-Bilkones, Fouxo, Pulvi-Bactéramide, Kaomuth, Opobyl, Panbiol, Pulmosérum, Pyorex, Rhinamide, Thiocalby, Sédacônes, Théinol, Urophile.
Bibliographie:
Revue d’Histoire de la Pharmacie, Membres Bienfaiteurs, 1931, Vol 19, n°76, 1
Anonyme, Historique de la Droguerie de Rome, La Société d’Histoire de la Pharmacie et ses bienfaiteurs, Bulletin de la Société d’Histoire de la Pharmacie, 1929, Vol 17, n°66, 440 chapitre XXVIII
Anonyme, The House of Bailly, Manufacturing Chemist, February 1937, 42-44
9 novembre 2017
André Frogerais