Jacques PERSONNE (1816-1881) |
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Pharmacien en chef des hôpitaux, membre de l’Académie de Médecine, Jacques Personne fut un des meilleurs chimistes analytiques du XIX° siècle. Il n’était venu à la pharmacie que sur l’injonction de son père, boulanger de son état et homme énergique. Né à Saulieu, le 17 octobre 1816, Jacques ne fut, en effet, guère studieux dans son enfance. Ses seize ans révolus, il dut composer avec l’autorité paternelle qui l’expédia sans plus attendre « laver les bouteilles » chez un cousin germain, le pharmacien Vaudrey. Compétent et bon pédagogue, le maître sut communiquer à son stagiaire l’amour du métier.
Jacques poursuivit ses études à Paris. Il en était à mi-parcours et travaillait chez le pharmacien Defert, rue Saint-Honoré, quand son père mourut tragiquement, le 4 avril 1837. Comme beaucoup de ses concitoyens, il possédait, aux alentours de la ville, un four à chaux qu’il avait construit et entretenait lui-même. Malheureusement, en ce matin de printemps, il s’aventura trop en avant du sol calcaire, qui céda et le précipita dans une chute mortelle. Le boulanger laissait une veuve et trois orphelins. Toutefois, Jacques, qui était l’aîné, put achever ses études et entrer comme interne à la Pitié.
Deux ans plus tard, en 1841, il passait à Lourcine et se consacrait aux travaux de laboratoire. Il mit ainsi au point des procédés originaux de dosage, étudia la toxicologie du mercure, découvrit l’alcoolate de chloral. Parmi les quarante-six sujets auxquels il s’intéressa durant sa carrière, notons qu’il fut le premier, en 1850, à pressentir la présence de l’iode dans certaines plantes d’eau douce. Intrigué par l’odeur d’une mousse, la jungermaniale, il avait demandé au service de Chatin d’identifier ce cryptogame qui poussait dans un ruisseau du Morvan, ruisseau dont l’eau était d’une pureté rare. Chatin, qui, à la même époque, décela la présence d’iode dans les plantes d’eau douce, signala avec élégance l’antériorité de la découverte de Personne, qui avait négligé de la notifier. Dans ses dernières années, le pharmacien étudia plus particulièrement la glu du houx, dont on se servait pour piéger les oiseaux. Au cours de sa carrière, Personne reçut deux médailles d’or de la société de Pharmacie. La première, en 1845, pour son travail sur la préparation des teintures. La seconde, en 1857 pour son étude du chanvre et de ses effets hallucinogènes. Cet infatigable chercheur mourut subitement, le 11 décembre 1881
Docteur Es sciences Physiques (1877) Membre de l’Académie de Médecine (1875) Chefs de travaux chimiques et pharmaceutiques à l’Ecole de Pharmacie de Paris Chargé de cours (analyse chimique) (1877) Pharmacien chef des hôpitaux (1849) Hôpital du Midi (1849-1857) Hôpital de la Pitié (1857-1878) Hôpital de la Charité (1878-1880) |
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Texte de Nicole RICHET |