Les remèdes d'origine animale dans les thérapeutiques anciennes : les mammifères

Les remèdes d’origine animale dans les thérapeutiques anciennes

Les médicaments préparés à partir des mammifères

(Voir à la fin de l’exposition la définition des termes médicaux au XVIIIe siècle)

Cerf et biche, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Cerf : On a utilisé très longtemps les cornes de cerf, c’est à dire les extrémités des andouillers du bois de cerf, grand mammifère ruminant de nos forêts. La corne de cerf était déjà utilisé de longue date en Extrême Orient et en Europr en raison des vertus attribuées à ce cervidé, symbole de renaissance, de longévité, d’activité génésique. Elle a été inscrite au Codex jusqu’en 1884. Par calcination de la corne, on obtenait « la poudre de corne de cerf calcinée », riche en phosphate de calcium et, par décoction aqueuse, la « gelée de corne de cerf », riche en gélatine et utilisée pour ses propriétés adoucissantes. La corne de cerf soumise à une distillation sèche donnait trois produits encore au Codex de 1886 : un sel volatil, une huile empyreumatique et un « esprit volatil » de corne de cerf. ils étaient préconisés comme anti-hystériques puissants car renfermant du carb onate d’ammonium.

L’os de coeur de cerf, encore appelé croix de cerf, est situé à la partie supérieure de la cloison médiane séparant, au niveau des oreillettes, le coeur droit et le coeur gauche. Profondément enchâssé dans le muscle cardiaque, c’est , chez le jeune cerf, un cartilage qui s’ossifie progressivement avec l’âge. il possède plutôt la forme d’un croissant que d’une croix. Pline en parlait déjà dans son Histoire Naturelle. On lui attribuait de nombreuses qualités :il réconfortait le coeur, facilitait l’accouchement, était bon contre les fièvres malignes et contre les venins. Plus près de nous, il entrait, avec d’autres principes actifs, dans la composition de tablettes cordiales (réconfortant et fortifiant du coeur.

Pomet dans son Histoire générale des drogues (1735) donne aussi des renseignements sur la moelle de Cerf, « qui est fort estimée pour guérir les tumeurs froides, surtout lorsqu’elle a été fondue avec un peu d’Esprit de vin ». Le sang de Cerf était également utile en médecine comme l’indique Pomet : « Le sang de Cerf étant desséché au soleil, peut être gardé : il est sudorifique et résolutif ; on peut s’en servir dans la pleurésie, pour la goutte. » Enfin, le suif de Cerf « a à peu près les mêmes propriétés, mais il n’agit pas avec tant de succès.; il doit être pur et non mélangé de suif de boeuf, ou de mouton. On prétend que ce suif a les mêmes propriétés que la cire blanche. » Pomet termine par l’usage du Priape du Cerf (organes génitaux) qui « passe pour être un bon remède pour faire uriner. Sa vessie appliquée sur la tête d’un teigneux le guérit. Ses larmes desséchées dans le coin de ses yeux , passent pour bézoardiques. »

Voici un exemple de recette de Maitre Fournier : Vin dysentérique. Recette : 2 ou 3 pincées de corne de cerf, et la mettez dans du gros vin rouge environ une tasse pour le donner au malade. On le réitère s’il ne fait pas assez d’effet.

Chèvre du bézoard, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Les bézoards : On entend par bézoard les concrétions calcaires se formant dans l’estomac ou les intestins de certains mammifères. On leur attribuait des vertus merveilleuses et on pouvait les suspendre en amulette pour se protéger de tous les maux. Le bézoard oriental, le plus recherché, provenait de la gazelle des Indes, alors que le bézoard occidental était fourni par les herbivores, chamois, chèvre sauvages de l’Amérique du nord et du Pérou.  Pomet dans son Histoire des drogues a écrit un trop long chapitre sur les bézoards. Pour lui, « c’est un excellent remède, tant pour garantir le coeur du mauvais air, que pour ceux qui ont la petite vérole. On l’estime aussi fort propre contre les vertiges, l’épilepsie et la palpitation de coeur, la jaunisse, la colique, la dysenterie, la gravelle, contre les vers, les fièvres maligne, pour faciliter l’accouchement et contre les poisons… ». Pomet décrit ensuite le Bézoar occidental, « apporté du Pérou ». 

Chameau, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Chameau : Goeffroy (1765) évoque les vertus du chameau, dont le lait est « apéritif, diurétique ». Par ailleurs, « extérieurement, la graisse est adoucissante, émolliente, le sang de même. La fiente est vulnéraire, détersive ». Selon Lémery (Traité universel des drogues simples), « toutes les parties du chameau contiennent beaucoup de sel volatil et d’huile. La chair excite l’urine, étant mangée. Sa graisse est émolliente, adoucissante, résolutive, propre pour les hémorroïdes. Son cerveau étant desséché et pris en poudre est bon pour l’épilepsie. Son fiel mêlé avec du miel, est estimé propre pour pour la squinancie. Son lait amollit le ventre, excite l’appétit, soulage les asthmatiques. Son sang est dit propre pour disposer les femmes à la conception, si l’on en fomente la région de la matrice après les menstrues. Son urine est propre pour nettoyer les dents; on en tirait autrefois le sel ammoniac; sa fiente est vulnéraire, détersive, résolutive. »

 

 

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Chamois, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Chamois : le chamois fait partie de la longue liste des animaux utilisés en médecine. On peut lire par exemple chez Pomet que le foie du chamois est « bon pour arrêter le cours de ventre. Si l’on boit de son sang dès qu’il a été tiré, il apaise les vertiges. La graisse est bonne pour les ulcères de poumon, pour la phtisie, il faut faire attention de le prendre avec son lait. Le fiel est un remède spécifique pour ôter les nuages et les cataractes des yeux. »  Lémery ajoute que le bézoard d’Allemagne (tiré du chamois) « est sudorifique, propre pour les fièvres malignes, pour la peste, pour la petite vérole. »

 

Chien, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Chien : On a employé le chien comme remède pour les affections les plus diverses : pour guérir du mal de dents et de l’épilepsie ; pour faciliter les accouchements et calmer les tranchées ; pour faire disparaitre la goutte aussi bien que les rhumatismes. En 1701 deux chirurgiens prescrivirent, pour faire recouvrer l’usage de doigts blessés, des fomentations composées avec des chiots nouveau-nés, bouillis avec des herbes aromatiques. Le crâne du chien, brûlé, pulvérisé, hâtait la dessication des ulcères ; bu dans le vin, il guérissait la jaunisse et les convulsions. La cervelle était un antidote contre la manie. Et l’oeil du chien servait contre l’ophtalmie. Galien prescrivait aux splénétiques la rate de chien nouveau-nés. Le lait de chienne était considéré comme excellent pour la nourriture des enfants. On employait également ce lait dans les accouchements difficiles.

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On trouve enfin chez Lémery l’huile de petits chiens, « qui est fort bonne pour fortifier les nerfs, pour la sciatique, pour la paralysie, pour dissoudre et résoudre les catarres qui viennent de pituite froide et visqueuse : on en frotte les épaules, l’épine du dos, et les autres parties malades. »Et voici sa recette : « On aura deux petits chiens nouveaux nés, on les coupera par morceaux, on les mettra dans un pot de terre vernissé avec une livre de vers de terre vivans bien lavés et dégorgés de leur terre; on versera dessus l’huile, on couvrira le pot exactement, on le placera au bain-marie, on mettra le feu dessous pour faire bouillir l’eau pendant douze heures, ou jusqu’à ce que les petits chiens et les vers soient bien cuits ; on coulera alors l’huile avec forte expression, on la laissera dépurer, on la séparera de ses féces, la versant par inclination dans un autre vaisseau; on y démêlera la térébenthine et l’esprit de vin, et l’on gardera le mélange; c’est l’huile de petits chiens. »(Pharmacopée de Lémery, 1761). Geoffroy (1765) ajoute que la graisse de chien entre dans la composition de l’onguent nervin, dans l’huile de petits chiens et dans l’Onguent Diabotanum.

On retrouve encore cette préparation de l’huile de petits chiens chez Virey, en 1840, mais en la considérant comme inutile et barbare :

On s’en servait encore pour les maux d’yeux et d’oreilles, et pour l’alopécie. Pour guérir la gale, les coliques ou les rhumatismes, on cousait le malade dans des peaux de chiens, fraichement écorchés et encore chauds. On a préconisé la poudre d’os calciné de chien, comme siccatives et on a conseillé de l’appliquer sur les ulcères, les rhagades de l’anus et les tumeurs des testicules. L’urine de chien était efficace contre la carie des dents, les ulcères et les verrues. Quant à la crotte de chien, elle était censée guérir l’hydropisie, les ulcères, l’amygdalite et l’esquinancie, mais également l’entérite chronique et la dysenterie. A défaut de « fiente de chien », on recourait à celle d’autres animaux : Jean de Renou, au début du XVIIe siècle, recommande à l’apothicaire de tenir à disposition de sa clientèle de la « fiente de chèvre, de paon, de pigeon, de musc, de civette. »

Voici une recette de Maitre Fournier : Cataplasme de crottes de chien. Recette : Des crottes de chien pulvérisées qu’elles soient blanches, une once; de la pulpe de conserve de Rose rouges, deux onces; du sirop de Diacode ou de Laudanum liquide autant qu’il en faut ; mêlez cela et faites un Cataplasme pour l’appliquer chaudement sous le menton depuis l’oreille jusqu’à l’autre; mais auparavant, il sera bon de saigner le malade. Ce Cataplasme est arrêtant et stupéfiant. on s’en sert dans la Squinancie. »

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Cochon : Lémery décrit longuement les propriétés thérapeutiques du cochon ou porc (Sus, Porcus, Verres). Pour lui, « le bouillon de porc frais est bon pour arrêter les vomissements. Le vieux lard fondu et coulé est propre pour déterger et consolider les plaies, pour les pustules de la petite vérole. Sa graisse appelée Panne est amollissante, anodine, résolutive. Son fiel est bon pour déterger et guérir les ulcères des oreilles, pour faire croître les cheveux. Sa fiente est fort résolutive ; elle guérit la galle, elle arrête le saignement du nez, elle est propre pour la squinancie ; on l’applique sur les parties malades. » Par ailleurs Lémery évoque le vieux oing, qui est de la graisse de porc qu’on a laissé vieillir et qui a une odeur rance et puante ! « Il est émollient et résolutif,  étant appliqué extérieurement. Il est bon pour résoudre les hémorroïdes, étant appliqué dessus. » Geoffroy (1765) ajoute que la graisse de porc entre dans l’Onguent d’Althaéa, la pommade de fleur d’oranger, l’Onguent Rosat, l’Emplâtre de Minium,  de Grenouilles? »

Bouc, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Le bouc : Maurice Bouvet s’était intéressé à la crotte de bouc dans le traitement de la goutte. Il relatait en effet un article de 1775 du Dr Louvel, paru dans la Gazette de Santé. L’auteur de l’article faisait référence à un remède sensationnel découvert à Vendôme : « On conseillait d’attacher un bouc au pied du lit d’un goutteux, de l’y nourrir avec du foin et de l’avoine, de ramasser avec soin les excréments de cet animal, de les faire ensuite infuser dans du vin blanc, et de faire boire au malade cette infusion qui le guérissait par des sueurs abondantes ». Dioscoride consacre un chapitre à un remède voisin à la crotte de chèvre, ou « fumées » de chèvre comme l’écrit le traducteur français des oeuvres de Matthiole : « les fumées des chèvres, nourries és montaignes, et beües en vin, guerissent de la jaunisse : et heuës avec choses aromatiques, elles provoquent les fleurs et font sortir l’enfant du ventre de la mère. Pulvérisées et mises sur de la laine, avec encens, elles arrestes et desseichent les fluxions des femmes, et avec vinaigre, elles arrestent toutes defluxions de sang. Elles sont bonnes pour la pelade, estant bruslées, et oinctes avec vinaigre ou vinaigre miellé : emplastrées et incorporées en graisse, elles servent grandement aux gouttes… ». Dioscoride les recommande aussi contre les ulcères corrosifs, les morsures de serpents, etc.

Jean de Renou, dans sa Pharmacopée, recommande à l’apothicaire d’avoir toujours de la fiente de chèvre pour satisfaire aux besoins urgents de sa clientèle. Lémery écrit de son côté : « La fiente de chèvre est détersive, désiccative, resolutive, digestive; elle contient beaucoup de sel volatil et acre ; elle est propre pour la pierre, pour exciter l’urine et les mois aux femmes, pour les obstructions de la rate, étant prise intérieurement ; on s’en sert aussi extérieurement pour la gale, pour les duretez de la rate et du foye ».

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Le bélier, le mouton (voir Fournier) : On en tire la graisse, nous dit Pomet, ou Axonge, « propre pour ramollir, pour résoudre, pour apaiser les douleurs, pour fortifier, on ne s’en sert qu’extérieurement : elle entre aussi dans quelques compositions galéniques. Le suif de mouton est employé dans les pommades et onguents ; il est aussi bon contre la dysenterie . Il est résolutif et adoucissant. Le fiel de mouton est détersif, on s’en sert principalement pour les ulcères des yeux. » Lémery, quant à lui, évoque le suif de bélier et sa moelle qui sont « ramollitifs, résolutifs, anodins ; on s’en sert dans plusieurs onguents et emplâtres ». Pour ce qui concerne le mouton, Lémery indique que le suif de mouton « est propre pour arrêter la dysenterie, étant pris intérieurement ». Enfin, les poumons de l’Agneau sont « forts bons pour les maladies du poumon; son fiel est bon pour l’épilepsie… La caillette qui se trouve au fond de son estomac est propre pour résister au venin. » Geoffroy ajoute que le fiel du bélier « entre dans l’Onguent de la mère, l’Emplâtre de Minium, la toile à Gautier ». Parmi les recettes qu’on peut trouver à la même période chez Maître Fournier, on trouve celle-ci : « Pour les pierres dont l’accès prend en froid. Recette : est de faire des emplâtres avec de la graisse de queue de mouton, de la cannelle, girofle, cardamone. Les mettre dans le paroxime, sur le front, sur l’estomac et sur les pieds. Quand le froid est passé, on lève ces emplâtres et l’on en met d’autres, faits avec des feuilles de chicorée, de plantain et de solatum.
On prend ensuite un cochon de lait. On le coupe en deux et on l’applique aux pieds.
Le malade est pendant toute sa maladie nourri de pain et de crème d’amande, sans rien prendre de cuit. »

Mouton, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Brebis : femelle du bélier et mère de l’agneau, a plusieurs propriétés thérapeutiques, selon Lémery : Sa laine grasse appelée Iana Succida, est résolutive étant appliquée extérieurement.  Sa graisse ou son suif étant pris intérieurement est propre pour les dysenteries et pour les coliques. Sa fiente est incisive, résolutive, apéritive ; on en applique sur les tumeurs de la rate. Voici une recette de Maître Fournier : Pour l’inflammation des yeux : Recette : Il faut appliquer sur les yeux de poumon de brebis tout frais et y faire un Cataplasme de pommes douces cuites sous les cendres avec de la farine d’orge : Lait de femme et Eau (de) Rose. »

Ours, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

L’Ours : Lémery le décrit comme un gros animal à quatre pieds, sauvage, difforme et effroyable… Pour lui, sa graisse « atténue, discute, amollit, résout, fortifie ; elle est propre pour les rhumatismes, pour les hernies, pour la goutte sciatique, pour les contusions ; on en frotte les parties malades. » Par ailleurs « son fiel est propre pour l’épilepsie, pour l’asthme, étant pris intérieurement… On s’en sert extérieurement pour nettoyer les vieux ulcères. » Geoffroy dit que son fiel est incisif, pénétrant, céphalique… Extérieurement, la graisse est émolliente, fortifiant ; elle entre dans l’Onguent Martiatum. »

 

Elan, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

L’Elan : L’Elan fait partie des animaux qui ont été utilisés en médecine. Pomet explique que les Anciens ont été amené à croire que « l’ongle ou la corne du pied gauche de cet animal était un remède spécifique pour se garantir de l’épilepsie, du haut mal, ou mal caduc, que nous appelons ordinairement Mal de Saint, ou de Saint Jean. De tout cet animal, on ne se sert en médecine que du pied gauche de derrière…  Cette corne est quelque peu d’usage chez les apothicaires, tant pour employer dans les remèdes convenables aux patients ci-dessus, que pour les remèdes antiépileptiques, pendu au col, porté en bague, ou pris dans du vin avec une décoction de racine de Pivoine mâle. Geoffroy (1765) ajoute que les cornes de l’Elan sont « céphaliques, antiépileptiques. L’ongle du pied a les mêmes vertus. Il entre dans la poudre de Guettete, antispasmodique ».

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Vache et taureau, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Le boeuf, le veau : On utilisait de très nombreuses parties du boeuf, de la vache ou du taureau, en médecine. On pouvait d’abord utiliser le bézoard de boeuf ou Pierre de Fiel qu’on trouvait dans la vessie de l’animal. « Cette pierre, donnée en breuvage, est souveraine contre la pierre et la jaunisse; appliquée aux narines, elle rend la vue plus nette et empêche les fluxions sur les yeux. Elle est apéritive, sudorifique, et propre à résister au venin, pour les flux de ventre et l’épilepsie…. Le Fiel est propre contre les bourdonnements et tintements d’oreille, en le seringuant avec du suc de poireaux. Le suif du boeuf mêlé dans les lavements est émollient et résolutif ; il est propre pour le flux de sang, et pour arrêter l’âcreté des intestins. »(Pomet). Le même auteur propose aussi d’utiliser la moelle « pour fortifier les nerfs », la poudre de corne « contre l’épilepsie », l’os de boeuf, la fiente … Lémery distingue le boeuf et le boeuf sauvage (URUS). Ce dernier « très féroce et dangereux » est utilisé pour ses cornes « bonnes pour l’épilepsie, pour résister au venin, pour arrêter les cours de ventre ». Le boeuf a par contre de nombreux autres usages médicaux. Sont utilisés sa graisse, sa moelle, son fiel, sa corne et ses ongles, ses os, la fiente de boeuf, le bézoard de sa vessie, et la balle grosse comme une petite pomme qu’on trouve parfois dans l’estomac du boeuf, nous dit Lémery. Cette balle « est propre pour arrêter les hémorragies et les cours de ventre ; on peut aussi s’en servir extérieurement comme de l’éponge pour déterger les plaies et pour les dessécher.

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Le veau est également évoqué par Lémery dans son traité des drogues simples. Sa chair est « humectante, rafraichissante, restaurante, amollissante, excitant une liberté de ventre à ceux qui en mangent. La tête et les poumons du veau sont pectoraux, humectants, anodins, propres pour la phtisie, pour les âcretés de la gorge, du poumon. » L’auteur évoque ensuite les usages thérapeutiques des pieds, de la moelle et de la graisse, et d’une sorte de lait caillé qu’on trouve dans l’estomac. Enfin, il dit un mot du taureau dont la graisse et la moelle sont propres « pour ramollir, pour résoudre et pour fortifier les nerfs ». Ses cornes et ses ongles, son priasme sont utilisés en médecine, ce dernier étant « bon pour la dysenterie ». Voici une recette de Fournier : »Bouillon pour purifier le sang ; Recette : Faites un bouillon avec rouëlle de veau, une demi-livre; la faire bouillir une demi-heure pour y mettre cerfeuil, fumeterre, une dem-manipule de chaque. Les laisser une ou deux bouillons, après y avoir ajouté bourrache, buglosse et chicorée sauvage, puis le passer sans expression. En prendre tous les matins à jeun pendant un mois. » Et en voici une autre pour le boeuf : « Pour la pierre ; Recettes :  2 ou 3 Rognons de boeuf. Les faire sécher au four pour les mettre en poudre et en prendre 2 onces dans du vin blanc à jeun et ne (pas) manger (pendant)  deux heures »

Veau marin, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Veau marin : les propriétés thérapeutiques du veau marin sont évoquées brièvement par Lémery : « On prétend que les nageoires, principalement celles du côté droit, étant appliquées sur la tête, excitent le sommeil. Sa graisse est émolliente et estimée propre pour provoquer les mois aux femmes, pour abattre les vapeurs, si l’on en frotte la région de la matrice. On fait avec sa peau des souliers qu’on croit être bons pour préserver de la goutte. »

Renard, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Renard : Comme souvent, c’est Lémery qui donne le plus de détail dans son « Traité Universel des drogue simple ». Pour lui, la chair de renard (Vulpes) est nervale et fortifiante. « Sa graisse est propre pour les convulsions, pour les tremblements de membres, pour fortifier les nerfs, pour résoudre : on en frotte les parties malades. Son poumon est détersif, pectoral, propre pour l’asthme. Son foie et sa rate sont estimés propres pour les duretés du foie et de la rate. Son sang desséché est apéritif, et propre pour la pierre, pour la gravelle. » Geoffroy en donne aussi les vertus (1765) : « Extérieurement, l’huile de Renard, qui est une décoction de l’animal, dans l’huile d’olive, est adoucissante, nervine; la graisse a les mêmes vertus… Le Renard entre dans l’huile de Renard de la pharmacopée de Paris ; le poumon dans le Looc de poumon de Renard. »

Loup, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Loup : Le loup fait partie des animaux qui était utilisé en médecine. Après avoir décrit l’animal et ses méfaits pour l’homme, Lémery indique que la dent de loup « est employée pour aider à faire sortir les premières dents des enfants. On l’enchasse dans de l’argent et on la leur fait mâcher, afin que les gencives s’ouvrant par ce frottement, les dents sortent. » Pour ce qui concerne les organes, « le coeur de loup étant pris en poudre, est propre pour l’épilepsie…. Le foie du loup séché et pulvérisé est propre pour l’hydropisie, pour la phtisie… La graisse du loup est résolutive et nervale… Les intestins de loup étant desséchés et pulvérisés, sont propres pour la colique ventreuse. » Enfin les os de loup en poudre « sont propres pour la pleurésie, pour la sciatique, pour les douleurs de côté, pour les meurtrissures. »

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Blaireau (L) : Lémery le décrit comme un animal à quatre pieds, grand comme un renard, qui tient du chien, du cochon et du renard. « Leur graisse étant mêlée dans les lavements adoucit les douleurs de la néphrétique; on s’en sert aussi extérieurement pour les crevasses des mamelles, pour fortifier les nerfs, pour la goutte sciatique. Leur sang séché et pris en poudre est propre pour guérir la lèpre, et pour chasser les mauvaises humeurs par transpiration. »

Rat, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Rat (L) : Le rat donne l’occasion d’un long développement dans l’ouvrage de Lémery qui estime que le rat est « propre pour remédier à l’incontinence d’urine »… Il est par ailleurs « résolutif étant appliqué extérieurement »…. « Son excrément est apéritif  et propre pour la pierre, étant pris desséché et réduit en poudre… On s’en sert extérieurement pour la gravelle, étant dissous dans du vinaigre ; pour faire croitre et revenir les cheveux, étant pulvérisé et délayé dans de l’esprit de miel et du suc d’oignon. » 

 

Rhinocéros, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Rhinoceros : Cet animal était également utilisé en médecine comme le montre l’ouvrage de Pomet qui dit qu’on se sert de ses cornes, de ses ongles et de son sang. « On les emploie pour résister au venin, pour fortifier le coeur, pour exciter la sueur, pour arrêter le cours de ventre, pour toutes les maladies contagieuses… Les griffes et le sang du Rhoniceros sont si estimés des Indiens, qu’ils n’ont presque point de remèdes plus convenables, pour la guérison des maladies contagieuses, et s’en servent comme nous faisons ici de la Thériaque ou autres antidotes. » Geoffroy précise que le sang en poudre, ainsi que les ongles et surtout la corne du Rhinocéros sont sudorifiques, alexitaires, depuis un scrupule jusqu’à deux. » 

Souris, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

Souris (L) : Contrairement au rat, Lémery ne s’étend pas sur la souris qu’il estime « propre pour l’incontinence d’urine, étant mangé.  » Geoffroy indique, de son côté, que la souris et le rat ont les mêmes vertus : « la fiente en poudre est purgative, diurétique… Extérieurement, l’animal réduit en cendres est détersif ; le sang est discussif, résolutif. Les crottes de rat sont détersives. »

Castor, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765.

Castor (L): Le castor et le castoréum étaient très utilisés par les Anciens et Lémery y consacre plusieurs page du « Traité universel des drogues simples ». Il décrit très longuement les bourses de castoréum et la façon de les choisir dans le commerce, les meilleures provenant de Dantzig. Le castoréum, pour Lémery, « atténue les humeurs visqueuses ; il fortifie le cerveau ; il excite les mois aux femmes ; il abaisse les vapeurs : il résiste à la corruption ; il chasse par transpiration les mauvaises humeurs. Il est propre pour l’épilepsie, pour la paralysie, pour l’apoplexie ; il remédie à la surdité. La liqueur contenue dans les bourses intérieures du Castor est fort résolutive ; elle fortifie les nerfs étant appliquée extérieurement. Geoffroy (1765) ajoute que le castoréum « entre dans l’Eau générale, épileptique, hystérique, le Philonium Romain, les deux Thériaques, le Mithridate, les Pilules de Cynoglosse, fétides, hystériques. » Voici l’une des recettes de Fournier pour le castoréum : « De la surdité ; Recette : Oignons, 4, et mettez dans chacun une dragme de bonne thériaque et 5 grains de castoréum, ensuite faites les cuire sous les cendres chaudes; ensuite, les passer et en exprimer le jus, et y ajouter 10 grains de castoréum. Il est très souverain. On trempe un peu de coton dans la liqueur. »

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Cheval (Charas) : Le cheval, selon Lémery, est utile en médecine à plus d’un titre : « le lait de cavale (jument) est estimé propre pour l’épilepsie, pour la phtisie, pour l’asthme, pour la toux. » Par ailleurs, il décrit les verrues et duretés caleuses « des genoux, jambes et pieds des chevaux, étant coupées au printemps, sont employées pour l’épilepsie, pour abattre les vapeurs hystériques, pour exciter les menstrues, pour résoudre les duretés de la matrice, pour la pierre du rein et de la vessie étant prises en poudre… L’excrément de cheval est bon pour la squinancie, pour la pleurésie, étant donné intérieurement ; il excite la crise. On l’applique aussi extérieurement pour résoudre. »

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Renne : Pour Geoffroy, le Renne a les mêmes vertus que le Cerf, mais plus faibles.

Lièvre (L) : Pour Lémery, toutes les parties du lièvre « contiennent beaucoup de sel volatil et d’huile ». Il est donc utilisable en médecine sous de nombreuses formes. Ainsi « le poil du lièvre est propre pour arrêter le sang, étant appliqué sur la plaie. la chair du lièvre tendre ou celle du levreau est fort nourrissante et de bon suc. Son sang, son coeur, son poumon son foie, étant préparés ou desséchés et mis en poudre, sont propres pour arrêter la dysenterie et les autres cours de ventre, pour atténuer la pierre dans le rein, pour exciter l’urine et les mois aux femmes, pour l’épilepsie, pour la fièvre quarte…

Lapin, Garsault, d’après l’ouvrage de Matière médicale de Geoffroy, 1765

 On se sert aussi du sang de lièvre nouvellement tiré, pour effacer les lentilles et les autres taches de la peau. Le caillé du lièvre, appelé en latin coagulum leporis, est une manière caséeuse qui se trouve adhérente au fond de l’estomac du levreau ; elle est propre pour résister au venin, pour exciter la semence, pour l’épilepsie, pour la dysenterie, pour hâter l’accouchement ; on l’emploie intérieurement et extérieurement… La cervelle du lièvre est propre pour fortifier les nerfs. » Voici une recette de Fournier : Pour la dysenterie ; Recette :on donne une infusion des feuilles et des fruits de myrrhe ou bien du sang de lièvre rôti, infusé dans du vin. »

Lion : Selon Lémery, le coeur de lion,étant desséché et mis en poudre, est « propre pour l’épilepsie et pour la fièvre quarte.. Sa graisse est propre pour ramollir, pour résoudre, pour fortifier les nerfs, pour dissiper les douleurs et les bruissements des oreilles. Sa chair fortifie le cerveau et dissipe les vapeurs… Son sang étant desséché et réduit en poudre est sudorifique, il résiste au venin. On prétend que la dent de lion étant pendue au cou, empêche les maux de dents. Ses is pulvérisés sont sudorifiques et fébrifuges; on leur attribue aussi la qualité de soulager la goutte. Sa fiente mêlée dans de l’onguent rosat enlève les taches du visage. »

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Eléphant : Là encore Pomet décrit dans le détail l’éléphant et surtout l’ivoire qu’on utilisait dans certains remèdes. « On tire de l’ivoire par la cornue, un Esprit et un sel volatil qui est estimé dans les maladies du cœur et celles de cerveau. La râpure d’Ivoire est fort usitée avec celle de corne de cerf pour faire des tisanes, elle est dessiccative, rafraichissante et astringente. » Il signale que l’on utilise aussi le « noir d’ivoire », c’est à dire l’ivoire calciné, comme remède.  Geoffroy indique par ailleurs que la râpure d’ivoire « entre dans la décoction astringente, la Confection d’Hyacinthe, la Poudre d’Hali, le Diamagaritum frigidum, astringente contre l’avortement, les Trochisques de Gordon. Le spode ou ivoire calciné entre dans la poudre Diarrhodon des trois Santaux, le Looc sec, les Trochisques de Camphre, l’électuaire Psyllium. »

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La Chauve-Souris : Là encore, c’est Lémery qui évoque cet « oiseau nocturne… ». Elle est « résolutive et propre pour les douleurs de la goutte, étant écrasée et appliquée dessus ».

Termes médicaux au XVIIIe siècle (Geoffroy)

Acerbe : c’est un goût qui tient de l’aigre et de l’amer.

Adoucissants : remèdes qui corrigent l’âcreté des humeurs.

Agglutinatifs : Remèdes qui réunissent et recollent les plaies.

Alexipharmaques ou alexitères : remèdes qui résistent aux venins, fièvres malignes, peste, etc. Il y a en a pour l’intérieur et pour l’extérieur.

Anodins : remèdes qui calment les douleurs.

Antiépileptiques : remèdes contre l’épilepsie ou mal caduc.

Antihystériques : remèdes contre les vapeurs de matrice.

Antiscorbutiques : remèdes contre le scorbut.

Antispasmodiques : remèdes contre les convulsions ;

Apéritifs : remèdes qui rendent les humeurs moins épaisses et plus coulantes.

Astringents : remèdes qui resserrent les pores et s’opposent au cours immodéré des humeurs.

Béchiques : remèdes qui conviennent aux maladies de poitrine.

Calmants : c’est la même chose qu’anodins : voyez ce mot.

Carminatifs : remèdes qui dissipent les vents.

Caustiques : remèdes qui brûlent les chairs

Céphaliques : remèdes bons pour les maladies de la tête.

Cicatrisants : remèdes qui affermissent et dessèchent les nouvelles chairs des plaies.

Consolidants : remèdes qui servent à la réunion des plaies.

Cordials : remèdes qui rétablissent les forces abattues

Décoction : préparation de drogues médicinales qu’on fait bouillir dans quelque liqueur pour en tirer les vertus.

Dentifrices : drogues pour nettoyer les dents.

Dépilatoires : drogues qui font tomber le poil.

Désobstruants : remèdes qui enlèvent les obstructions ou embarras, causés par l’épaississement des humeurs.

Dessicatifs : remèdes qui consomment les humidités superflues, intérieurement et extérieurement.

Détersifs : remèdes qui nettoient les plaies, en dissolvant les humeurs visqueuses qui s’y attachent.

Diaphorétiques : remèdes qui font dissiper les humeurs, par la transpiration.

Digestifs : remèdes qui disposent à la suppuration.

Discussifs : remèdes qui dissolvent et dissipent les humeurs.

Diurétiques : Remèdes qui adoucissent l’acrimonie des humeurs et les poussent par les urines.

Emétiques : remèdes qui excitent le vomissement

Emollients : remèdes qui ramollissent les tumeurs, en relâchant les fibres.

Errhines : c’est la même chose que sternutatoires : voyez ce mot.

Hépatiques : remèdes capables d’enlever les obstructions.

Hydragogues : remèdes purgatifs qui évacuent les eaux et les sérosités.

Hystériques : remèdes qui excitent les règles.

Incisifs : remèdes qui divisent les humeurs grossières

Incrassants : remèdes qui épaississent les liquides, et leur donnent de la consistance.

Infusion : médicaments qu’on fait seulement tremper dans quelque liqueur chaude et non bouillante, pour en tirer les vertus.

Laxatifs : remèdes qui lâchent le ventre, et purgent doucement par bas.

Masticatoires : drogues qui se mâchent, et attirent par la bouche les eaux et les sérosités.

Maturatifs : remèdes qui disposent les plaies à suppuration.

Narcotiques : remèdes qui calment les douleurs et procurent l’assoupissement.

Nervins : remèdes qui fortifient les nerfs.

Ophtalmiques : remèdes propres aux maladies des yeux.

Otalgiques : remèdes bons pour les maux d’oreilles.

Pectoraux : c’est la même chose que béchique. Voyez ce mot.

Pénétrants : remèdes actifs qui divisent les humeurs.

Purgatifs : remèdes qui purgent par bas seulement.

Rafraichissants : remèdes qui tempèrent la trop grande agitation des humeurs.

Répercutifs : remèdes extérieurs qui repoussent les humeurs en dedans.

Résolutifs : remèdes extérieurs qui dont dissiper par la transpiration les humeurs arrêtées dans quelque partie du corps.

Spléniques : remèdes propres aux maladies de la rate

Sternutatoires : drogues qui excitent l’éternuement

Stiptiques : c’est la même chose qu’astringents : voyez ce mot.

Stomachiques, stomacales : remèdes propres à faciliter la digestion.

Sudorifiques : remèdes qui excitent la sueur

Suppuratifs : Remèdes extérieurs qui facilitent la suppuration

Tempérants : remèdes qui apaisent la trop grande fermentation.

Vomitifs : c’est la même chose qu’émétiques : voyez ce mot à la lettre.

Utérins : c’est la même chose qu’antihystériques.

Vulnéraires : remèdes propres à la guérison des plaies.

Vermifuges : remèdes qui font mourir les vers ou les chassent du corps.

Vésicatoires : remèdes caustiques, qui attirent les sérosités vers la superficie de la peau

   

 

1. Fournier 1753. Le Manuel ou formules de différentes espèces de médicaments faciles à préparer, utiles à toutes sortes de personnes, avec dix remarques pour faciliter la juste application des remèdes qui sont contenus dans ce traité, ensemble leurs vertus et les doses de chaque remède

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