Madeleine et Maurice Girard, par Frédéric Bonté

Madeleine et Maurice Girard, deux pharmaciens au service de la santé publique

La découverte d’archives privées nous incite à retracer les carrières de deux pharmaciens. Il s’agit de Madeleine et Maurice Girard. Si ce dernier fut professeur à la faculté de pharmacie de Paris, sa sœur Madeleine a joué un rôle majeur dans l’édition de la première pharmacopée internationale.

Maurice Girard est né dans la Nièvre et après un premier stage dans une officine de Nevers, il entre à l’école de pharmacie de Paris où il obtient son diplôme de pharmacien en 1934. Puis il entre à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu comme interne dans le service du professeur Marc Tiffeneau chez qui il prépare la plus grande partie de sa thèse de pharmacie. Lauréat des hôpitaux en 1939, il devient, à Paris, Docteur d’Etat en Pharmacie en 1941. Il obtient la médaille d’or de la Société de pharmacie en 1941 et est lauréat de la Faculté la même année. Il devient pharmacien des hôpitaux le 1er juin 1942 et pharmacien-chef à l’hôpital Lariboisière en 1946 et y restera 30 ans. Ses recherches entre 1949 et 1958 se déclinent selon trois axes : La Chimie des complexes, la chimie organique et la biochimie. Au 1er décembre 1959, il créé à l’université une chaire de chimie appliquée à l’expertise. C’est en 1960 qu’il fonde avec l’aide de Claude Dreux, François Rousselet et Jacques Canal les «dimanches biologiques de Lariboisière ». Au départ cette manifestation est très orientée sur l’enseignement des tours de main indispensables en enzymologie. Après 1970, des méthodes clé en main (premiers kits) sont proposées par diverses sociétés. Les « dimanches » évoluent avec de plus en plus d’exposés scientifiques et cliniques, afin d’aider les participants à choisir parmi l’offre des méthodes et des réactifs. Le suivi de ses nombreuses publications permet de suivre la progression des techniques d’analyse en biologie (immunoelectrophorèse). Ses travaux le conduisent à s’intéresser à la structure des membranes et en particulier celle des membranes artificielles phospholipides-cholestérol ouvrant ainsi la voie des recherches en dynamique des membranes. Il se lance dans l’utilisation de la spectrométrie d’absorption atomique pour étudier les éléments minéraux biologiques (oligo-éléments) après digestion acide des tissus. Il applique cette méthode au dosage du calcium biologique clinique évitant ainsi l’emploi d’isotopes radioactifs. Il appliquera également les méthodes électrochimiques dans l’analyse pharmaceutique du dosage de sulfamides et d’anesthésiques locaux. Maurice Gérard a été membre de l’Académie de pharmacie en 1960, membre de l’Académie de médecine (section pharmacie) et décède en aout 1987.

Madeleine Girard est la sœur de Maurice Girard. Elle est née en 1921 à Garchizy dans la Nièvre. Après avoir démarré des études à l’école de médecine et de pharmacie de Dijon, elle est reçue pharmacien à la faculté de pharmacie de Paris le 30 juin 1943. Elle réussit l’internat en pharmacie qu’elle effectue à la pharmacie de l’Hôtel-Dieu à Paris. Le directeur, depuis 1937, est Paul Couroux auquel René Hazard professeur de pharmacologie succédera en 1945. En 1947, le professeur René Hazard est nommé expert à l’OMS (organisation mondiale de la santé) pour la création de la pharmacopée internationale. Dans son entreprise, il est secondé par Jean René Desvaux qui est pharmacien de Paris, ancien interne et licencié en sciences physiques. Le travail s’étend à la nomenclature des drogues et à celle des médicaments d’origine biologique. Le travail est colossal et nécessite des compétences scientifiques et linguistiques. Au début des années 50, pharmacien et ayant obtenu une licence d’anglais à la faculté des lettres de Grenoble, Madeleine Girard rejoint l’équipe du Pr Hazard. De nombreuses sessions d’experts, à l’OMS, sont nécessaires pour aboutir à la version finale. Elle est une collaboratrice clé dans la traduction des monographies initialement rédigées en anglais. Cela permet la sortie en novembre 1951 de la version française (tirée à 2500 exemplaires) simultanément à la version anglaise (6000 exemplaires). Puis Madeleine Girard continue à travailler au comité international d’experts en charge de la pharmacopée internationale au sein de la sous-commission des dénominations communes (« non proprietary names ») des principes actifs. Le second volume de la pharmacopée paraît en 1955 et le supplément en 1959. Elle sera d’ailleurs remerciée dans la version japonaise (parue en 1961) de la première édition de la pharmacopée internationale. En septembre 1966, elle participe à la signature de la finalisation de la deuxième édition de la pharmacopée internationale. En tant que membre de la commission de nomenclature de la commission permanente de la pharmacopée française, elle participe à la rédaction du rapport technique 581 de l’OMS sur les dénominations communes pour les substances pharmaceutiques qui sera publié en 1975. En 1970, dans le cadre d’une politique de régulation du médicament la Chambre syndicale
nationale des fabricants de produits pharmaceutiques ou elle travaille prend le nom de « Syndicat National de l’Industrie Pharmaceutique » (SNIP). Membre correspondant de la Commission nationale de la pharmacopée elle continue à travailler avec le Pr Robert Moreau jusqu’à ce que celui-ci devienne en 1983 Président de la Commission européenne de Pharmacopée. Elle décède brutalement en novembre 1984 en pleine activité.

Voir le document complet pdf   Maurice Girard (1910-1987)

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