Les nouveaux remèdes en 1893

Publicité. Les nouveaux remèdes, juillet 1893

A la fin du XIXe siècle, de nouveaux médicaments prennent progressivement une place grandissante dans l’arsenal thérapeutique, malgré l’absence d’une législation adaptée sur la spécialité pharmaceutique. Plusieurs ouvrages essayent d’informer les pharmaciens et les médecins sur les nouveaux produits qui sortent chaque mois. L’un d’entre eux a pour titre « les nouveaux remèdes ».

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C’est un journal bi-mensuel « de pharmacologie, de thérapeutique, de chimie médicale et d’hydrologie ». Les rédacteurs en chef sont le docteur Bardet, chef du laboratoire de thérapeutique à l’hôpital Cochin, et le pharmacien Delpech, pharmacien de première classe, ex-externe des hôpitaux de Paris, et ancien président de la Société de Thérapeutique.

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On trouve plusieurs autres pharmaciens dans le Comité de rédaction : Schlagdenhauffen, directeur de l’Ecole de pharmacie de Nancy, Portes, pharmacien à l’hôpital Saint-Louis, Vicario, etc. De nombreuses annonces publicitaires ont sans doute permis de réduire les coûts d’édition mais il y a malgré tout un abonnement annuel de 10 francs pour recevoir le journal en France et 12 francs pour l’étranger.

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Nous avons examiné ici les éditions de 1893. Il est indiqué que c’est la 9ème année de parution de la revue. On peut en effet trouver sur Gallica les numéros de 1885 à 1914. C’est une période très riche en nouveautés, surtout pour les produits issus de la chimie organique.

 

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On peut lire dans le premier numéro de 1885 les intentions de la rédaction et son souci de se démarquer des spécialités pharmaceutiques : « Notre journal n’a pas d’autre but que de centraliser les renseignements, de manière à mettre rapidement le médecin et le pharmacien français à même de connaître, de se procurer et d’étudier les nouvelles drogues.

 

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Sous cette désignation, il est bien entendu que nous entendons seulement les produits et nullement les remèdes spécialisés dont l’industrie a fait tant de tort à la médecine et à la pharmacie, considérées comme art et comme science. Nous tenons donc à être complètement en dehors de toute affaire purement commerciale. Les noms des deux rédacteurs en chefs de ce journal et leurs attaches à la Société de Thérapeutique, d’une part, au laboratoire de l’un des promoteurs les plus estimés du mouvement thérapeutique d’autre part, sont d’ailleurs une garantie du caractère exclusivement scientifique de notre journal ».

 

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Mais les choses semblent avoir évoluer rapidement. Alors qu’on ne trouve aucune publicité pharmaceutique les deux premières années, elles commencent à apparaître à partir de 1888, sous forme d’un supplément. L’indépendance n’a sans doute pas résisté au besoin financier de la revue !

 

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Le numéro de janvier 1893, après un article sur « les traitements de la fièvre paludéenne dans l’enfance », la revue analyse les nouveaux remèdes : l’extrait fluide de cactus grandiflorus dans les affections cardiaques, l’action pharmacologique du bromure d’éthyle, l’action vermifuge de l’embélate d’ammonium, l’action diurétique du copahu, l’effet antiseptique du sozol, etc. Si l’on regarde l’ensemble de l’année 1893, les nouveaux remèdes occupent la majeure partie du journal, soit 586 pages. Vient ensuite, une deuxième partie consacrée aux « informations utiles ». Enfin, les dernières pages incluent le sommaire mais surtout les publicités très abondantes !

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Que peut-on retenir de ces trois parties ?

Pour les nouveaux remèdes, on peut relevé tout d’abord un très grand nombre de produits : plus de 90 sur l’année 1893. En réalité, ce ne sont pas toujours des nouveaux produits mais plutôt des nouvelles indications de produits connus alors depuis quelques années. L’antipyrine, par exemple, dont on connaît le succès à la fin du XIXe siècle avait été découvert dix ans plus tôt en 1883 par Ludwig Knorr.

 

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Mais il reste encore beaucoup à découvrir sur son utilisation thérapeutique en 1893. De même, de très nombreux colorants sont étudiés comme le bleu de méthylène ou les pyoktanines que Dorvault définit dans l’Officine en 1898 comme « des matières colorantes dérivées de l’aniline et dont on a proposé l’application à la chirurgie et à l’occultisme, à cause de leur action antibactérienne et parce qu’elles détruisaient surtout les micro-organismes de la suppuration. Il y a la pyoktanine bleu (violet de méthyle), destinée à l’usage chirurgical, et la pyoktanine jaune (auramine) destinée à l’oculistique. »

 

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Dans le journal des nouveaux remèdes de 1893, on peut lire un tableau récapitulatif des « nouveaux remèdes les plus importants » réalisé par H. Erdmann. Ce dernier était le directeur de l’Institut de chimie minérale de la « Technischen Hochschule » de Berlin, créé en 1879.

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On peut voir dans ce tableau plusieurs médicaments chimiques d’origine allemande : le pental, le salol, les colorants déjà cités, la pipérazine de Schering, des préparations iodées comme le Sozoiodol, et des médicaments contenants des métaux lourds comme le Dormatol, un gallate de bismuth.

Il faut noter aussi qu’était paru, l’année précédente, en 1892, le troisième édition du formulaire des médicaments nouveaux de Bocquillon-Limousin. Plusieurs médicaments apparaissent dans les deux ouvrages mais ce n’est pas la majorité.

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Parmi les médicaments communs aux deux, on peut citer l’Ichtyol qui va connaitre par la suite une grande vogue jusqu’aux années 1920, mais aussi le Pichi, plante d’Amérique latine dont le rameau entier était prescrit en décoction dans les maladies de l’appareil urinaire et du foie (selon Dorvault). On trouve aussi dans la liste commune le bromure d’éthyle, l’embelate d’ammonium, la piperazine, le dermatol, le salicylate de mercure, la gaïacol, le thymol, etc.

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Pour la seconde partie du journal consacrée aux « informations utiles », on constate que ce sont des informations très diverses. On y traite aussi bien de photographie que la production de pétrole en Italie ou encore de la parution d’ouvrage de référence. On peut lire également un article sur les exécutions aux États-Unis par l’électricité. De façon générale, l’électricité prend une place grandissante dans les journaux médico-scientifiques de cette période.

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Dans le journal des nouveaux remèdes de 1893, il y a par exemple un article sur l’utilisation de « l’effluve électrique employée comme moyen de traitement des prurits cutanés rebelles ». Il y a également le résumé du Manuel d’électrologie médicale de Trouvé. Un autre article est consacré à la production artificielle du diamant par Moissan a avait communiqué ses recherches à l’Académie des sciences. « M. Moissan y est parvenu en se servant du four électrique et des hautes pressions. En chauffant soit du fer, soit de l’argent sous une forte pression, et, en accroissant progressivement la chaleur et la pression, il a obtenu dans le culot forme, d’abord le graphite, puis du diamant noir, absolument semblable au diamant naturel.

 

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Mais que les bijoutiers se rassurent; cette découverte ne fera pas encore baisser le prix du diamant. Les cristaux obtenus par M. Moissan ne sont visibles qu’au microscope et le poids de diamant fabriqué ne dépasse pas quelque fractions de milligramme ».

 

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On peut aussi lire dans ces « informations utiles » un projet de réforme des études de médecine, la réception de Pasteur en Chine, l’élevage et le consommation des huîtres en France, etc. L’article suivant intitulé « Les avantages de la revaccination » est également intéressant : « Ils ressortent des chiffres que M. Créquy, médecin de la Compagnie de l’Est, a présenté à l’Académie :
Sur 30,000 agents de cette Compagnie, 2,000 seulement ont refusé d’être revaccinés. Ils ont donné 6 cas de variole. Sur les 28,000 revaccines, il n’y a eu que 3 varioleux, c’est-à-dire environ 20 fois moins. Les résultats sont surtout remarquables quand on compare l’état sanitaire des agents et celui des milieux où ils vivent. Depuis quatre ans, la mortalité par variole est nulle à la Compagnie de l’Est. »

 

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Enfin, la publicité est devenue particulièrement riche en 1893. C’est l’objet d’un troisième type d’information sur cette période. On trouve des informations sur les médicaments à la fois dans les « informations utiles » et sous forme d’encarts publicitaires à la fin de chaque numéro. Vous en avez quelques exemples qui accompagnent cette exposition.

 

 

 

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Tableau de M. Erdmann, 1893

 

 

 

 

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