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Charles GERHARDT

Charles GERHARDT

La Pharmacie revendique comme l’un des siens ce grand chimiste du XIX° siècle, dont les travaux ouvrirent la voie à de nombreux remèdes. Et ce n’est que justice pour ce Strasbourgeois qui est à l’origine du plus familier, plus populaire, plus usité des médicaments : l’aspirine. Né le 21 août 1816, d’un père suisse et d’une mère alsacienne, Charles Gerhardt, ses humanités achevées, fut envoyé à Karlsruhe et à Leipzig afin de recevoir une formation technique lui permettant de diriger plus tard la petite usine familiale de Céruse. Mais le jeune Gerhardt, attiré par la recherche, n’avait nulle envie de continuer dans l’industrie.  

Echappant à la tutelle paternelle, il s’engagea dans la cavalerie française (1835). Puis, l’année suivante, il poursuivit ses études à Giessen, en Allemagne, auprès du célèbre chimiste Liebig, dont il traduira les œuvres à son retour en France, en 1838. Trois ans après, docteur es-sciences, Gerhardt occupait la chaire de chimie à la faculté de Montpellier. Là il entreprit la classification des substances organiques et, en collaboration avec A. Laurent, alors professeur à Bordeaux, proposa un nouveau système de notations, édifia la théorie atomique. Mais ces réformes suscitèrent l’hostilité de quelques chimistes influents.

Revenu à Paris en 1848, Gerhardt espéra occuper une chaire à l’Université. Mais ses adversaires, toujours vigilants, surent l’en écarter. Pour vivre, le chercheur créa, rue Monsieur-le-Prince, une école de chimie pratique qui lui permit tout juste de vivoter. Enfin, en 1855, la Faculté de Strasbourg lui offrit une chaire de chimie à la Faculté des Sciences et à l’Ecole de Pharmacie. Libre de tout souci, Gerhardt entrevoyait de nouveaux travaux lorsque, épuisé par une vie difficile, il succomba brutalement, le 19 août 1856, à une péritonite aigue. Deux jours plus tard, il aurait fêté son quarantième anniversaire.

Il avait à peine eu le temps de terminer son Grand Traité de Chimie Organique, commencé en 1853. C’est cette même année qu’il réalisa la synthèse de l’acide acétylsalicylique, qui devait s’appeler plus tard l’aspirine. Personne – pas même l’inventeur – n’imagina sur le moment les heureuses conséquences de cette découverte de laboratoire. C’est en effet en 1899 qu’un chimiste allemand, Hoffmann, eut l’idée de recourir à la poudre blanche du savant français pour soulager les rhumatismes de son vieux père. Compagne salutaire des migraineux, des arthritiques, des fiévreux, l’aspirine commençait sa brillante carrière.

 Texte de Nicole RICHET

 

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