Pharmacien-colonel Francis Gélebart (1899-1984)
Francis Marie Gélebart est né le 20 janvier 1899 à Plouzané (Finistère), c’est l’ainé d’une famille modeste de 8 enfants. son père Yves-Marie est ouvrier couvreur, sa mère Marie Yvonne Moigne est sans profession. Il est le seul membre de la famille à faire des études supérieures.
II effectue son service militaire en 1920 à Brest puis s’inscrit à l’Ecole de pharmacie de Rennes Il intègre le 30 novembre 1920 l’école du Service de santé des armées de Lyon où il obtient une bourse, il est reçu deuxième au concours d’entrée. Il effectue un stage en Aout 1921 au camp de Mailly. Il termine ses études à Lyon en janvier 1924.
Il épouse le 19 octobre 1922 Suzanne Assier, ils auront deux fils, l’ainé Henri est pharmacien et effectue sa carrière dans l’industrie pharmaceutique, son fils cadet est ouvrier d’état à la Pharmacie centrale de l’armée à Malakoff puis à Orléans.
Sa carrière se déroule en France et au Maroc:
- 1920-1924: Ecole du service de santé des armées de Lyon
- 1924: Hôpital Percy, Clamart (Hauts-de-Seine)
- 1925: Ecole du service de santé du Val de Grace
- 1926-1934: Gestionnaire de la Pharmacie de réserve d’Oujda, (Maroc)
- 1934-1939: Chef de service la Pharmacie régionale de Rennes
- 1940: Direction du Service de santé de la V°Armée, Inspection des Services pharmaceutiques
- 1940-1942: Pharmacie régionale de Montpellier
- 1942-1946: Pharmacie de réserve des troupes du Maroc à Casablanca
- 1946-1956: Gestionnaire de la Pharmacie centrale de l’armée au Fort de Vanves ,Malakoff (Hauts-de-Seine)
Il est Pharmacien aide-major en 1924, puis capitaine en 1927, commandant en 1933, lieutenant-colonel en 1943 et colonel en 1945. Il est rayé des cadres le 22 octobre 1959. Il est chevalier de la Légion d’Honneur en juin 1938 puis officier en 1948.
Dés le début de sa carrière il est remarqué comme un travailleur acharné, possédant de bonnes connaissances techniques, mais manquant parfois de tact et de pondération. Il s’impose comme un organisateur hors pair dominant parfaitement les problèmes techniques.
A partir de 1926 à Oujda au Maroc, Il réorganise de façon parfaite la Pharmacie de réserve qui était proche de l’abandon.
Chef de service de la pharmacie régionale de Rennes , il y est apprécié pour ses compétences et son autorité. Ses états de service sont élogieux « Excellent chimiste, excellent instructeur, esprit méthodique et précis, d’excellente tenue ».
De nouveau au Maroc après l’armistice, ses qualités et ses compétences lui permettent d’obtenir d’excellents résultats malgré les difficultés, l’ approvisionnement par la métropole cesse à partir de novembre 1942 après le débarquement américain en Afrique du nord. Le Service de santé militaire manque d’ampoules et de flacons en verre neutre pour fabriquer des solutés injectables, les services de santé américains n’utilisent pas d’ampoule mais des comprimés hypodermiques. Le commandant Gélebart réussit a en fabriquer localement après de nombreux essais et il peut approvisionner le Service de santé civil. Il fabrique également des catguts selon la technique mise au point par le Pharmacien général Girard et le Pharmacien colonel Raymond. Le service de santé sera toujours en mesure d’assurer les besoins de l’armée d’Afrique et des populations locales.
En 1946, le lieutenant-colonel Gélébart est de retour en France, il a la délicate tache de remettre en route la production de la Pharmacie centrale de l’armée. En 1940, la Wehrmacht a déménagé à Berlin une grande partie des installations de la Pharmacie centrale situées au Fort de Vanves à Malakoff (Hauts-de-Seine), en particulier les ateliers de fabrication de comprimés. Le reste du matériel est pendant les années d’occupation laissé à l’abandon.
A l’initiative du Médecin Général Raymond Debénedetti, il lance un vaste plan d’investissement, la nouvelle usine est équipée de machines neuves. Il demande aux constructeurs de concevoir des machines performantes, prévoyant les futurs besoins il n’hésite pas à choisir du matériel sur dimensionné qui permettra de répondre aux besoins des futurs conflits indochinois et algérien. La société Frogerais fabrique à leur attention les premières machines rotatives françaises à fabriquer les comprimés.
Ateliers de fabrication des comprimés et des ampoules hypodermiques
Grace à ses choix, il est en mesure d’approvisionner dans des délais très courts, ce qui lui vaudra les félicitations de l’Etat Major, le corps expéditionnaire en Extrême Orient.
En 1952, il met au point avec le pharmacien-capitaine Bernard Douhairie la fabrication de syrettes, des dispositifs d’auto injection de chlorhydrate de morphine en polyéthylène stérilisable.
La carrière de Françis Gélébart ne rencontre qu’un problème, son caractère, les appréciations de ses supérieurs sont unanimes: « gagnerait à être plus courtois, caractère un peu difficile , regrette la rudesse d’un caractère un peu abrupte, desservi par un caractère difficile ». C’est un breton du Finistère, mais sans ses défauts aurait il réalisé une telle carrière à une époque aussi difficile?
En 1956, il sait qu’il ne pourra pas accéder au grade de général et prend sa retraite, il se retire dans sa propriété d’Etrechy (Essonne). Il est rayé des cadres de réserve le 22 octobre 1959, malgré sa demande de maintien. Il participe désormais aux travaux de la Société d’histoire de la pharmacie dont il est un membre très actif.
Il est décédé le 13 février 1984 à Paris à l’hôpital du Val de Grace.
Source:
Bernard Douhairie, L’Ampoule auto-injectable du Service de santé militaire, Thèse de Docteur de l’Université de Paris (Pharmacie) 1956
Françis Gélébart, Préparation et conservation des ampoules de procaïne et,de procaïne-adrénaline, Annales Pharmaceutiques Françaises, Tome 6, 1948
Françis Gélébart, Action réciproque des acides iodhydrique et iodique, application au dosage des iodures solubles, Annales Pharmaceutiques Françaises, Tome 6, 1948, 521
Françis Gélébart, Dosage de l’iodure dans les solutions iodo-iodurées, Annales Pharmaceutiques Françaises, Tome 7, 1949, 40
Françis Gélébart, Méthode rapide et précise de dosage volumétrique du manganèse et du chrome dans un mélange de permanganate et de bichromate de chrome, Annales Pharmaceutiques Françaises, Tome 7, 1949, 136
Françis Gélébart, Sur une impureté d’une caféine synthétique, Annales Pharmaceutiques Françaises, Tome 9, 1949, 189
Francis Gélebart, Deux réalisations de guerre au Maroc, Revue du corps de santé militaire, Tome II, n°1, 1946, 1-11
Françis Gélébart, Le Premier pharmacien-chef de la Pharmacie Centrale de l’Armée, Jerome Dizé, Revue d’Histoire de la Pharmacie, 1949, Vol 37, n°123, 422-427
Jacques Nauroy, Les pharmaciens français au Maroc, Revue d’Histoire de la Pharmacie, 1962, Vol 50, n°173, 315-325
André Frogerais
8 décembre 2018