De quelques termes utilisés par Maître Fournier | |
Tout au long de la découverte de l’ouvrage manuscrit de Maître Fournier, un certain nombre de termes sont apparus, dont la signification mérite quelques explications pour les non-initiés. Certains d’entre eux sont simples, comme par exemple la Gomme Sénégal qui n’est autre que la gomme Arabique, mais d’autres sont plus difficile comme les fromigeons.
1) FROMIGEONS. Ce terme utilisé par Fournier est sans doute l’équivalent de FROMAGEONS. Bien qu’on trouve le terme Fromigeons comme nom de certaines rues de France, ce terme n’est pas défini dans les dictionnaires contrairement à Fromageons qui est une plante médicinale. Cette dernière porte plusieurs noms comme le rapport l’Officine de Dorvault en 1855 : « Mauve sauvage, Grande mauve. Herbe à fromage, Fromageon; Malva sylvestris (Malvacées.). Plante indigène fort commune et dont on emploie journellement les fleurs et les feuilles. Quant aux racines, on leur préfère celles de guimauve : on ne les emploie que dans les pays où il n’y a pas de cette dernière. Les fleurs fraîches sont rouges, mais sèches elles sont bleues et s’emploient en infusé(pp.40 pour 4000) comme béchiques. Le décocté émollient des feuilles sert en lavement, en fomentation, etc. ». C’est l’aspect du fruit constitué d’une couronne rappelant l’aspect d’un fromage qui vaudrait à la mauve son nom de fromageon. 2) Gomme SENEGAL = gomme arabique. On trouve indifféremment les deux termes dans l’ouvrage de Fournier. On peut cependant lire dans l’Officine de Dorvault de 1844 : « La véritable gomme arabique (G. turique ou gedda des anciens ), est fournie par l’acacia vera (Légumineuses). Elle est ordinairement très-blanche, fendillée et très friable. Aujourd’hui elle est complètement déplacée par la gomme du Sénégal, à laquelle, par habitude on donne le nom de gomme arabique. Cette sorte est produite par l’acacia senegalensis qui forme d’immenses forêts en Afrique, où les Maures Trazzhars vont la récolter, puis l’apportent aux escales établies sur les bords de la Gambie, et principalement au comptoir français de Portendic. ». 3) Diaphorétique minéral. Il s’agit de l’Antimoine diaphorétique. Lemery décrit longuement l’antimoine et ses dérivés dans son « Traité de l’Antimoine » paru en 1706. Il signale que l’Antimoine diaphorétique est également connu sous le nom de diaphorétique minéral, ou chaux d’Antimoine, ou céruse d’Antimoine. On pourrait sans doute décrire longuement les préparations faites à l’époque à base d’Antimoine. Dans son édition de 1844 de l’Officine, Dorvault résume les connaissances sur les antimoniates au XXe siècle et décrit : a. L’antimoniate de potasse, également dénommé : antimoine diaphorétique lave, oxyde blanc d’antimoine, bi-antimoniate de potasse, antimonias potassicus, s. super stibias potassicus ; b. Le fondant de Rulhand ou nitre antimonié de Stalk c. La matière perlée de Kerkring d. Le fondant de Rotrou, ou antimoine diaphorétique non lavé e. L’antihectique de Potier ou anti-hecticus Poterii, contenant de l’étain f. L’antimoine diaphorétique martiale, ou diaphorétique de Keup ou encore poudre cachectique de Ludovic. Pour lui, les préparations antimoniales étaient toutes émétiques et purgatives. Associé à l’antimoine, on trouve chez Fournier l’huile glaciale d’antimoine dont on peut lire la description chez Lémery, sous le titre : « Beurre ou huile glaciale d’antimoine : cette préparation est un antimoine rendu caustique par des acides. » C’était la matière première de la poudre d’agaroth (voir plus loin Mercure de vie). Charas en donne également la composition et le mode de préparation. 4) Sel de Seignette, de la Rochelle, d’Epsom. Là encore ; ces sels sont bien connus par les historiens de la pharmacie. Le sel de Seignette était connu aussi sous le nom de sel de la Rochelle ou sel polychreste soluble. Il s’agit d’un tartrate double de sodium et de potassium. Il avait été inventé par le pharmacien Seignette, de La Rochelle, et était utilisé comme purgatif. Le sel d’Epsom est constitué de sulfate de magnésium. On utilisait de multiples autres noms : Sel d’Egra, de Sedlitz, de Seidchutz, anglais, cathartique ou amer, ou encore Sulfas magnesicus. En 1844, Dorvault donne quelques explications sur son origine : « On le trouve en dissolution dans les eaux de la fontaine d’Epsom en Angleterre, et dans celles de Sedlitz et d’Egra en Bohême. On l’en retire par évaporation et par cristallisation ». Ce sel d’Epsom était utilisé comme purgatif. Voici ce qu’en dit le Dictionnaire d’histoire de la pharmacie : « Sel de Seignette : Nom anciennement donné au tartare double de sodium et de potassium (ou crème de tartre rendue soluble par l’alkali de la soude), issu des recherches de l’apothicaire rochelais Jehan Seignette et de ses fils Jehan et Elie. La commercialisation de ce produit date de 1655 environ (1672, date souvent indiquée, correspond à des démarches pour obtenir une autorisation royale d’exercice professionnel, obtenue en 1673). Il reçut le nom de polychreste par allusion aux nombreuses vertus qu’on lui attribuait. Il jouit d’une grande réputation. Gilles-François Boulduc (1675-1742), spécialiste de ces sels purgatifs, précisa sa snature chimique en 1731. Il se présente sous la forme de prismes volumineux d’aspect, leur ayant conféré le nom de sel des tombeaux, inodores, efflorescents, légèrement amers. Diurétique à la dose de 2 à 4 g et purgatif à celle de 15 à 60 g. Syn. : sel de La Rochelle, sel Polychreste. Sel d’Epsom : Syn. : sel anglais, sel d’Egra, sel purgatif amer, sel de Sedlitz. De la ville d’Epsom, station thermale anglaise très célèbre au XVIIe s.. Sulfate de magnésium hydraté (7 H20) naturel, appelé aujourd’hui epsomite (n.f., 1870). Mis en évidence dans l’eau d’Epsom par Henri Wicker, en 1616. Préparé par synthèse à partir de 1710, à l’aide de vitriol de fer et de lessive de sel de mer. Employé per os ou en lavement comme laxatif (à la dose de 6-7g) et comme purgatif (à la dose de 15-60 g) ; un peu plus irritant et un peu moins cholagogue que le sulfate de sodium. Se trouve aussi dans l’eau de Sedlitz (ville de Bohême) et sert à confectionner l’eau de Sedlitz artificielle, qui en contient 30g par litre avec de l’acide tartrique et du bicarbonate de sodium. Baumé le nomme sel cathartique amer dans les Elements de pharmacie, 3e édition, 1773, P. 896. Il ne faut pas confondre le sel d’Epsom et le sel d’Epsom de Paris ou de Lorraine qui était du sulfate de soude extrait des eaux-mères du sel commun. » 5) Térébenthine de Venise. Les térébenthines recouvrent un ensemble de résines fluides, regroupées sous le terme l’oléo-résines. Plusieurs pays ou région avait donc nommé sa propre térébenthine en fonction des végétaux dont elle était issue. Ainsi, Dorvault avait identifié dans l’Officine de 1844 les térébenthines suivantes : – Térébenthine du Canada, fournie à partir de abies balsamea. – Térébenthine de Chio, fournie à partir Pistacia Terebinthus – Térébenthine de la Mecque (ou baume de la Mecque), produit par Amyris opobalsamum. – Térébenthine de Venise, produite par Larix europea. – Térébenthine de Strasbourg, produite par le même arbre, Larix europea. – Térébenthine de Boston, fournie par Pinus Australis Il y avait aussi de nombreux dérivés comme l’essence de térébenthine, la colophane, le galipot, la poix noire, etc. 6) Pilules de Francfort. Les pilules de Francfort sont évoquées dans les pharmacopées de Charas (1676) et dans le Cours de chimie de Lémery, et plus proche de nous, dans de nombreux ouvrages de référence dont l’Officine de Dorvault. On peut lire dans le Dictionnaire du Commerce de Savary (1751) que l’aloès entre dans la composition des pilules « qu’on nomme pilules de Francfort, ou pilules gourmandes ; Il (l’aloès) fait aussi la base de celles qu’on appelle Pilules Angéliques. » Dans la Pharmacopée Royale, Charas consacre un chapitre à l’aloès et indique que les deux extraits d’aloès les plus communs sont faits l’un avec le suc de roses pâles ou rouges, l’autre avec celui de violettes, sous le nom d’Aloë Rosata & d’Aloë Violata. Ces deux extraits, dit-il, ont presque les mêmes vertus et les mêmes usages. Pour celui avec le Suc de violettes, Charas donne la composition des Pilules Angéliques, « que les Apothicaires de Francfort débitent depuis longtemps sous le nom de Pilules de Francfort, et tiennent pour un grand secret, de peur que d’autres n’en profitent. » Leur principal intérêt, conclut Charas, est le fait que le Suc de violettes adoucit l’âcreté de l’Aloès. Lemery reprend, en beaucoup plus court, ces informations mais donne des informations sur les noms qui sont donnés à ces pilules. « On prend ordinairement les pilules d’Aloès avec les aliments, ou immédiatement avant : c’est pourquoi on les a appelées pilules gourmandes, ou pilules ante cibum. » Dorvault, en 1844, donne la composition suivante pour les Pilules de Francfort (synonyme : Pilules aloétiques rhéoagaricées ) : Aloès (30), Suc dep. De Roses p. (30), Suc dep. De Chicorée (15), Suc dep. De Bourrache (15). Evaporez un extrait et ajoutez Rhubarbe (2), Agaric blanc (1). Faites des pilules argentées de 0.1 (Guibourt). 7) Sédatif de Homberg. Il s’agit de l’acide borique. Guillaume Homberg (1652-1715) était un chimiste hollandais, né à Batavia. Avocat de formation, il s’intéressa aux sciences et voyagea en France, Italie et Angleterre et fut reçu comme docteur en médecine. Venu en France en 1682, à la demande de Colbert, il se convertit au catholicisme et devint membre de l’Académie des Sciences et premier médecin du duc d’Orléans. On a donné son nom à l’acide borique qu’il avait découvert. 8) Esprit de tête humaine. On trouve la description détaillée de ce produit chez Lémery (Cours de chimie, 1757) dans un chapitre intitulé « Distillation du Crâne et du Cerveau de l’Homme ». Il s’agit de distiller le crâne et son contenu provenant « d’un jeune homme mort en bonne santé et en vigueur, de mort violente ». En distillant, « on fera l’esprit de tête humaine rectifié, on la gardera dans une bouteille bien bouchée. Il est très bon pour l’épilepsie, pour l’apoplexie, pour la paralysie… » 9) Tablettes Diacarthami Dorvault, en 1844, donne la description de tablettes purgatives, à base de Scammonée et de Séné, mais contenant aussi de la Rhubarbe, de la Girofle,etc. « Ces pastilles, dont la formule est tirée du Codex de 1818, sont destinées à remplacer les tablettes de citro et diacarthami des anciennes pharmacopées. » Chez Lemery, ces tablettes font parties d’un chapitre intitulé « Tablettes ou électuaires solides » où l’auteur explique que les tablettes ont été inventées « pour quatre raisons principales : la première pour donner bon goût aux remèdes, car on y met plus de sucre que dans les autres compositions ; la seconde, afin qu’elle demeurent longtemps à fondre et à se dissoudre dans la bouche, et que leur vertu se communique mieux à la gorge et à la poitrine ; la troisième, afin qu’elles se gardent longtemps, car la consistance solide est moins sujette à la corruption que les autres ; la quatrième pour rendre la composition portative ». Pour lui l’efficacité des tablettes Diacarthami provient du Turbith, des Hemodactes, du Diagrede et de la Manne qui les composent. Voici ce qu’en dit le Dictionnaire d’histoire de la pharmacie : « Diacarthame (Electuaire de) ou Carthame (Electuaire de). La formule initiale de cet électuaire serait dûe à Arnaud de Villeneuve (XVIe s.). Elle associe aux semences de carthame (Carthamus tinctorius), dit encore « safran batard », de l’hermodacte (« doigt d’Hermès), sorte de colchique dont on utilise le bulbe. Ces deux ingrédients sont inscrits au Codex 1818. Entrent aussi dans la composition de cet électuaire à propriétés purgatives, du turbith, gingembre, manne, gomme adragante, coing, miel rosat, etc.. » 10) Vitriol de Chypre. Le terme Vitriol recouvre toute une série de composés à base d’anions sulfate. Le Dictionnaire du Commerce de 1762 précise qu’il y a deux sortes de Vitriol de Chypre, l’un en morceaux qu’on appelle Vitriol de la Compagnie, « parce que la Compagnie Française des Grandes Indes en a la première apporte », et l’autre le Vitriol taillé, « parce qu’effectivement il est taillé en pointe de diamant ». Le Vitriol de Chypre, qui est du sulfate de cuivre, a reçu d’autres noms au cours d son histoire : sulfate de deutoxyde de cuivre, couperose bleue, cuivre vitriolé, vitriol bleu, vitriol de cuivre, vitriol de Vénus (qu’on trouve dans les recettes de Fournier), etc. Lemery lui donne aussi le nom de Vitriol de Hongrie. Il considère que le Vitriol en général est l’une des drogues les plus utiles en médecine. Quant au vitriol vert décrit par Lémery dont parle aussi FOURNIER, il s’agit de sulfate de fer dont Dorvault en donne toute une série de synonymes : couperose verte, vitriol martial, vitriol chalybé ou de fer, Calcanthum, Sulfate de protoxyde de fer, Sulas ferrosus. Parmi les hypothèses pour expliquer le nom du Vitriol (Vitriolum en Latin), Lémery rapporte que c’est peut-être l’abréviation de « Visitabis Interiora Terra Rectificando Invenies Occultum Lapidem Veram Medicinam ». Le terme Vitriol a donné lieu à une définition dans le Dictionnaire d’histoire de la pharmacie : « n.m. (du lat. vitrum : verre et vitreolus : vitreux). Nom chimique donné autrefois aux sels appelés aujourd’hui sulfates. C’est ainsi que l’huile de vitriol, ou esprit de vitriol, ou acide vitriolique ou simplement vitriol, correspond à l’acide sulfurique ; que le vitriol blanc ou vitriol de Goslar est le sulfate de zinc, le vitriol bleu ou vitriol de Vénus ou vitriol de Chypre est le sulfate de cuivre, et le vitriol vert est le sulfate de fer, appelé également sel de Mars vitriolé. Le sulfate de potassium est aussi appelé vitriol de potasse ou sel polychreste de Glaser. L’acide sulfurique est caustique mais il peut être utilisé à faible dose comme astringent, calmant et hémostatique. Il entre dans la composition de l’eau de Rabel (une partie acide pour 4 d’alcool et quelques pétales de coquelicot) ou esprit de vitriol dulcifié ou alcoolé d’acide sulfurique qui s’emploie comme astringent, antiseptique et hémostatique, àç la dose de quelques gouttes à quelques grammes dans une potion, quelquefois pur pour arrêter le saignement dû aux sangsues. On le trouve aussi dans la limonade sulfurique (acide dilué, sirop simple, eau), l’eau d’arquebuse de Théden, le caustique safrané de Rust et de Velpeau. Il a été prescrit en gargarisme, lavement, potion, tisane. Destructeur des tissus, il a été utilisé mélangé à du charbon pour détruire les verrues. Syn. : couperose. »
11) Mercure de vie On trouve sur le site de la Société Chimique de France que le mercure de vie (ou agaroth) est une poudre blanche d’oxychlorure d’antimoine. Pour Lémery, dans son Cours de Chimie, cette poudre d’agaroth est un précipité d’Antimoine, ou beurre d’Antimoine lavé. « Faites fondre sur les cendres chaudes le premier beurre d’antimoine que j’ai décrit avec le régule, et le versez dans une terrine où il y aura deux ou trois pintes d’eau tiède, il se précipitera en une poudre blanche qu’il faut adoucir par plusieurs lotions, puis la garder ; c’est ce qu’on appelle improprement Mercure de vie ». Dorvault ajoute dans les noms donnés à ce composé le Mercure de vie ou de mort, et le sous-muriate d’antimoine précipité. Il précise aussi « le liquide au milieu duquel se fait ce précipité se nommait « esprit de vitriol philosophique ». Ce remède se trouve également dans les recettes de Fournier et dans le Cours de chimie de Lémery. Enfin, Dorvault donne comme synonyme du Mercure de vie la « Panacée mercurielle ». Lémery le décrit dans son Cours de chimie comme « le sublimé de mercure dulcifié par beaucoup de sublimation et par l’esprit de vin ».
12) Mercure dulcifié ou Mercure sublimé doux. Il est bien décrit dans le Cours de Lémery qui le définit comme « un mercure réduit en masse blanche par quelques pointes acides rompues » et donne le moyen de le préparer. Il s’agit du calomel ou chlorure mercureux ou chlorure de mercure que Lémery nomme également Aquila Alba. Il est aussi décrit dans la Pharmacopée Royale de Charas. Dorvault dans l’Offine de 1844 lui donne encore d’autres noms : mercure doux, calomelas, panacée mercurielle, antiquartium, panchymagogue de Quercelas, manne de métaux, calomel, muriate de mercure sous-oxygéné, sous-muriate de mercure, Chloruretum hydragyrosum. 13) Pilules de Starkey. Il existe peu de document qui donne le détail des pilules de Starkey. On trouve la composition dans l’Encyclopédie des Sciences Médicales (1844) : Ellébore blanc, Ellébore noir, Réglisse, Opium, 30 grammes de chaque, savon de Starkey, 90 grammes, d’après le dispensaire pharmaceutique de Brunswick, sous le nom de « pilules polychrestes de Starkey ». La formule est également présente dans les Elements théoriques et pratiques de Baumé. Quant au savon de Starkey, il s’agit du savon de Thérébenthine du Codex de 1818 (Carbonate de potasse, Terébenthine fine, Essence de Térébenthine). 14) Pierre médicamenteuse. La pierre médicamenteuse est bien décrite dans le Cours de chimie de Lémery qui signale que ce nom de « médicamenteuse » est dû au fait que ce médicament produit de bons effets. On y trouve de la litharge, du colcothar, du vinaigre, de l’alun, etc. On retrouve cette formule chez Dorvault en 1844 : Alun, Céruse, Bol d’Arménie, Sulfate de zinc, Sel d’ammoniac, Vinaigre, le tout devant être desséché au feu. L’auteur ajoute : « Préparation jadis célèbre, qu’on faisait dissoudre dans l’eau, après quoi on fomentait les ulcères sordides. On injectait aussi dans les fistules rebelles ». On trouve chez Fournier d’autres pierres médicamenteuses, qui sont présentes dans le Cours de chimie de Lémery : la pierre de philosophie, la pierre admirable. La pierre des philosophes est d’une composition complexe avec de nombreux constituants : céruse, alun, vitriol, bol blanc, sel de tartre, camphre, encens…Quant à la pierre admirable, on y trouve à nouveau alun, vitriol, sucre, salpêtre, camphre… On y trouve également la pierre médicamenteuse de Crolius. Contenant vitriol vert, vitriol blanc, alun, absinthe, armoise, chicorée, etc. Le Dictionnaire d’histoire de la pharmacie consacre un paragraphe aux pierres : »Nom générique donné autrefois à diverses substances solides utilisées en thérapeutique : Pierre à cautère : pastille de potasse employée comme caustique ; Pierre infernale : crayon de nitrate d’argent fondu ; Pierre divine : collyre composé de sulfate de cuivre, d’alun, de nitrate de potassium et de camphre fondus ; Pierre admirable : poudre composée de sulfate d’alumine, muriate d’ammoniaque, muriate de soude, sulfate de zinc, nitrate de potasse, sucre et camphre. Dissoute dans l’eau, cette solution servait comme collyre astringent ou aux injections dans les gonorrhées ; Pierre médicamenteuse : sulfate d’alumine, bol d’Arménie préparé, litharge en poudre, colcothar ou sulfate de fer calciné. Après macération dans du vinaigre fort durant quelques jours, on ajoutait du nitrate de potasse et du muriate d’ammoniaque. On faisait dessécher, puis on calcinait ce mélange et on le pulvérisait. C’était un astringent et un mondificatif dont on saupoudrait les anciens ulcères. On peut également citer les pierres de Goa (ou faux bézoards), composés de serres d’écrevisses de mer, de coquilles d’huîtres broyées, de musc, d’ambre gris, dont on faisait une pâte avec laquelle on confectionnait des boulettes de la grosseur des bézoards ordinaires, parfois roulées dans des feuilles d’or, séchées, puis polies. » 15) Eau phagédénique. Cette eau est décrite par Dorvault (1844) sous ce nom mais aussi sous le nom d’hydrolé mercuriel calcaire, et eau divine de Fernel. Elle est constituée de sublimé corrosif et d’eau de chaux. Mais la formule est également la même chez Lémery (Cours de chimie). 16) Eau styptique de Lémery On trouve ce remède dans la Pharmacopée Royale de Charas sous le nom d’eau styptique du sieur Matte La Faveur, distillateur de Montpellier. Elle est également décrite par Lémery et plus tard par de nombreux auteurs dont Dorvault qui en donne la composition : sulfate de cuivre, sulfate d’alumine, eau, acide sulfurique. 17) Huile de papier. Lémery, dans son Cours de chimie, donne une description détaillée de l’huile et esprit de papier. Il s’agit de plier du papier blanc en petits bouchons que Lémery distille et qu’il considère comme efficace pour la surdité. 18) Magister de Jupiter, de Bismuth et de Saturne On trouve chez Fournier plusieurs Magister : magister de Jupiter, magister de Bismuth, magister de Saturne. Lémery définit le magister de la façon suivante : « C’est un nom que les anciens chimistes ont donné à certains précipités blancs et très légers : ils ont voulu faire entendre par ce terme une préparation bien subtile et bien exquise. » Dans la liste des magisters, Lémery décrit le magister de Jupiter ou d’étain : « Cette opération n’est autre chose qu’un étain dissous par un acide, et précipité par un sel alcali ». Quant au magister de bismuth, on dit qu’il fit la fortune de Lémery. Ce dernier le décrit dans son Cours de chimie : « le magister de bismuth est de l’étain de glace dissous et précipité en une poudre blanche ». Il ajoute : « C’est un cosmétique appelé Blanc d’Espagne qui blanchit le visage. On s’en sert mêlé dans une pommade, ou délayé dans de l’eau de lys ; les perruquiers s’en servent aussi pour embellir les cheveux ». Enfin, le magister de Saturne « est un plomb dissous et précipité » nous dit Lémery qu’il proposait d’utiliser pour le fard, comme le magister de Bismuth. Ce magistère est également décrit par Charas dans sa pharmacopée royale. Lemery, dans le même chapitre, décrit le beurre de Saturne : « Le vinaigre empreint de quelque préparation de plomb que ce soit est appelé Vinaigre de Saturne. Si on nourrit avec l’huile de rose, ou avec une autre huile, les agitant ensemble dans un mortier, il se fait un onguent Nutritum qu’on appelle Beurre de Saturne. Il est propre pour les dartres et pour les autres démangeaisons de la peau. » 19) Sel de Jupiter Lemery en donne une description dans son Cours de chimie, sous le nom de Sel de Jupiter ou d’étain : « cette opération est un étain pénétré par des acides et réduit en forme de sel. » Il précise qu’il ne faut utiliser que de l’étain pur de Cornouaille ou d’Angleterre car l’étain ordinaire contient du cuivre. Charas le décrit également dans sa Pharmacopée Royale. 20) Plomb brûlé Ce produit est mentionné par Lémery dans son Cours de chimie dans le chapitre consacré au plomb calciné. En face de ce terme, on peut lire : « On fait fondre dans un pot, ou dans un creuset, deux parties de plomb et l’on y ajoute une partie de soufre, on y met le feu ; quand le soufre est brûlé, on trouve la matière en poudre noire, c’est ce qu’on appelle Plumbum ustum. » Il est également décrit par Dorvault (1844) dans la section « protoxyde de plomb » avec différents synonymes : « Massicot, Céruse jaune, Plomb brûlé. Cendre de plomb, Oxyde plombeux. On l’obtient soit en çhauffant du plomb et recueillant la pellicule qui se forme à la surface, soit en calcinant au rouge le minium. » 21) Philonium Romain Le Dictionnaire Universel de Giffart (1732) nous en donne la définition suivante : « Terme de pharmacie qui se dit d’un opiate dont il y a deux sortes, le philonium Romain et le philonium Persique. Le philonium Romain, qu’on appelle aussi grand philonium, a pris son nom de Philon Médecin, son auteur ; il est composé des semences de Jusquiame et de Pavot, d’opium et de plusieurs autres ingrédients. On s’en sert pour calmer les douleurs, pour exciter le sommeil, pour les rhumes, pour les coliques. ». Dorvault considérait que c’était une variante de la Thériaque. On trouve également la description de ce produit dans la Pharmacopée de Lémery. On trouve également dans le dictionnaire d’histoire de la pharmacie, sous la plume de C. Warolin, le texte suivant sur l’Opiat Philonium : « Syn : opiat de Philon. Cet opiat porte le nom d’un médecin grec, établi à Rome (IIe-Ier s. av. J.-C.). il existe diverses formules : philonium magnum, philonium persicum. Le philonium magnum était préparé avec extrait d’opium, semences de pavot et de jusquiame, euphorbe, poivre blanc, casse, cannelle, ache, costus, persil, fenouil, daucus, spinacard, pyrèthre, zédoaire, safran, miel. En raison de la violente action purgative de l’euphorbe, Moyse Charas a décrit une formule sans euphorbe, voisine de la précédente, sous le nom « grand Philonion ». une autre formule très simplifiée due à Mésué est inscrite à la Pharmacopée de Bordeaux en 1643. Cet opiat narcotique était prescrit en bols mais surtout en clystères. » 22) Huile d’Antimoine caustique Ce produit est décrit par Lémery dans son Cours de chimie comme « une portion d’antimoine dissoute dans les esprits acides de sel et de vitriol ». 23) Huile de miel Lémery en décrit la préparation qui résulte de la distillation du miel. Charas en donne également la description et les indications : « mondifier les ulcères et ôter la carie des os ». 24) Huile de brique Il s’agit d’huile d’olive « dont on empreint les briques, et qu’on fait ensuite distiller » nous dit Lémery qui en donne la préparation détaillée. 25) Remède du Chevalier Chardin Jean Chardin, né en 1643, publie une partie de ses voyages en 1686, puis une édition complète en 1711. Fournier donne la recette de plusieurs médicaments issus d’une conversation entre le chevalier Chardin et une vieille femme qui exerçait la médecine en Perse. 26) Tripe madame. Il s’agit de l’Orpin blanc (petite joubarbe comestible).
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