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Les mémentos thérapeutiques : L’exemple du mémento édité par Maurice PONSOT Illustrations de Van Rompaey (1946)

  Les mémentos thérapeutiques :
L’exemple du mémento édité par Maurice PONSOT
Illustrations de Van Rompaey (1946)

 
 

Légende du SALICYLATE ANA hyperactivé (Laboratoires ANA) :
– Rhumatisme articulaire ?
– Non, armure rouillée

Le Salicylate ANA fait partie des très nombreuses médications Salicylées : Alcacyl, Arthrex, Blimal, Campho-Salyl, Dithioral, Entérosalicyl, Glutisalyl, Glutisalyl, Iodaseptine salicylée, Iodéopyrine, Iodoinjectol salicylé, etc.

 

       

Les mémentos thérapeutiques ont eu une grande vogue au cours du XIXe et du XXe siècles, et ce terme est encore largement utilisé pour désigner un ouvrage qui rassemble les informations essentiels d’un domaine de connaissance. Ce type d’ouvrage a été aussi publié par l’inustrie pharmaceutique pour faire connaitre ses produits et en rappeler aux médecins les principales caractéristiques.

L’intérêt du mémento présenté aujourd’hui réside dans le fait qu’il regroupe de très nombreux médicaments de l’époque. Ponsot avait séparé son ouvrage en deux parties : une première partie initulée : « Mémento thérapeutique par maladies et par médications », et un second volet « Mémento thérapeutique par produits ». Nous ne verrons que quelques exemples d’illustrations de Van Rompaey parmi une centaine dans l’ouvrage. 

 
     
 

 L’introduction de l’ouvrage mériterait sans doute d’être reproduite en totalité. Pour l’éditeur, l’esprit du médecin est attiré par l’innovation et que ce dernier va donc accueillir favorablement ce mémento. « Pour expliquer nos intentions, nous ne nous donnerons pas le ridicule de prononcer de grands mots tels que psychophysiologie, mnémotechnie, etc. qui cependant, ne seraient pas pour déconcerter des médecins. Nous dirons simplement que notre but est de seconder, de faciliter l’effort de pensée que le médecin doit faire pour se remémorer la spécialité qui convient exactement au cas qu’il soigne…que d’écoliers, pour se bien fixer dans la tête qu’Arras est le chef lieu du Pas de Calais, se sont répété le vers macaronique : « Ah, race d’avocats, pour vous pas de cas laids ».

Par ailleurs, l’éditeur justifie l’association à des caricatures : « Quelle profession, plus que la profession médicale, est justifiée d’éprouver le besoin de s’accorder de temps à autre, la détente salutaire du rire ? Rire ? Pourquoi pas ? Rire à la française, à la gauloise, comme le veut le tempérament de notre race mais sans jamais franchir la limite de décence que fixe à l’homme honnête le respect de soi-même et des autres. »

Enfin, Maurice Ponsot remercie « les grands laboratoires qui, passant outre à certains préjugés quelque peu périmés, ont compris et soutenu nos intentions aujourd’hui réalisées en partie grâce à leur concours. » 

   

Légende de l’AEROCID (Laboratoire de l’Aerocid):

– Avec son aérophagie, il ne pourra jamais plongé !

Dans l’ouvrage, on voit de nombreux produits pour le traitement de l’aérophagie : Aérophagyl (Beytout), Aérocid (Lab. Aerocid), Ambocurine, Argyseptine, Bellafolline, Broméserine, Bromogastrine (Vergelot), Carbatropine, Citropeptol (Lab. René Faure), Elixir Grez (Lab. Monin). L’Aérocid était une « préparation opothérapique »  dont la formule n’était pas indiquée !
 
       
 

Légende du DIENOL du Laboratoire DEPRUNEAUX:
– On joue aux malades, c’est lui qu’à la rougeole !

Le Dienol était constitué de Fer et Manganèse colloïdaux et était administré par voie hypodermique ou par voie rectale (sous forme de tubes-doses). 
   Qui était Van Rompaey et Maurice Ponsot ?

Ce n’est pas la première fois où les deux personnages ont collaboré. Déjà, en 1945, Ponsot édite « Alcool, flamme de l’esprit », ouvrage de Pierre Andrieu illustré par Von Rompaey. Ce dernier avait d’ailleurs illustré plusieurs livres de Pierre Andrieu dans les années 1940.

Van Rompaey et Ponsot vont aussi collaborer à l’ouvrage de Paul de La Borie, le Docteur Rabelais et le vin (1948). Mais on connait peu de chose sur Von Rompaey, un dessinateur belge. Il a en tout cas été à l’origine de nombreux dessins publicitaires pour la pharmacie.

On ne connait pas beaucoup de choses non plus concernant Maurice Ponsot.

       

 
       
 1° partie : le Mémento thérapeutique par maladies et par médications

Cette première partie d’une centaine de page s’intéresse aux maladies classées par ordre alphabétique : « Abcès du foie, Abcès du poumon, Accidents sériques, Accouchements, Acétonémie-Acidose, Acides-aminés, Acné (Médication de l’) », etc.

 

   

Légende pour VIOPHAN (Laboratoires du VIOPHAN) :

– Voilà, Docteur, il ne peut plus se redresser, pendant son numéro, il a eu sa crise de rhumatisme !

Le VIOPHAN était une association du sel de soude de l’acide phenylcinchoninique avec iodure de sodium. 

 
       
 

Légende de l’EVONYL (Laboratoires « Fluxine »)
– Mais Georges, il est bien de toi ! Rappelle-toi que tu es hépatique !

 

L’Evonyl était composé d’extraits biliaires et de glandes intestinales, ferments lactiques, evonyme, fucus, agar-agar, podiphyllin. Ses indications étaient  les affections hépatobiliaires, cholécysites, ictères, angiocholites, constipations aigües ou chronique, mais aussi hypertension !  

 

 

     
       
     

Légende de la Boldolaxine (Laboratoire Charpentier) :
– Alors Docteur, ce sera une fille ou un garçon !
– Hélas, ce n’est que de la constipation.

 

Ce produit était à base « d’extrait spécial de feuilles fraiches de boldo ». C’était l’un des nombreux produits classés dans les cholagogues : Alone Houdé, Amphobyl, Boldine Houdé, Bolde Gmet, Boldoimucyl, Bolène, Grains d’Evian, Grains de Vals, Grains Miraton, Lactobyl, etc. 
 
       
 

Légende TERPINE GRANULEE BARON, voies respiratoires (Laboratoire Flahaut):
– C’est formidable ! J’ai toussé et l’écho a répondu : « Prenez de la Terpine Baron ».

 

La Terpine Baron était constituée de Terpine pure et de benzoate de soude. Elle était fortement concurrencée par la Terpine Gonnon (à base de Terpine et de sirop de Tolu), et par la Terpine Mariani (Terpine + Coca) 

 

     
       
     

Légende de l’Elixir GREZ (Laboratoire MONIN) :
– Elle va en crever ! Elle vient d’avaler ma musette avec son casse-croûte et ma bouteille thermos.
– Pas de danger, elle digère tout : avant-hier, elle a avalé un flacon d’Elixir GREZ

L’Elixir Grez était composé de chlohydropepsine, acide chlorhydrique, pepsine, amers digestifs.

 
       
 

Légende pour la FLUXINE Gouttes, Troubles veineux des deux sexes (Laboratoire Fluxine)  :

MARIVAUDAGE
-On murmure que vous avez les plus jolies varices de la plage !
– Flatteur ! A propos, vos hémorroïdes vous empêchent toujours de vous asseoir ?

La Fluxine était composé d’Intrait de Marron d’Inde, alcoolature d’anémone, noix vomique.

     
       
     

Légende de l’Iodocitrane, Haute tension (Laboratoire des produits Scientia):

– Ici, tout marche à l’électricité ! Même le ghrand-père est à haute tension !

 

Composition : corps iodé original et citrate de soude. On pouvait difficilement être plus vague ! Il y avait à l’époque de très nombreux produits contenant de l’iode : Iodalose Galbrun, Iodargol (iode colloïdal), Iodaseptine, Iodéol, Iodéopirine (à base d’acide acétyl-iodo-salicylique), Iodocyanyl, etc. 

 

 
       
 

Légende de SULFIODE , « la plus haute teneur en iode » (Laboratoire SAREIN) :
 
– Tiens, que fais-tu assis sur les déchets d’ampoules Sulfiode ?
– Mon cher, une idée géniale. Mon médecin m’ordonnant de l’iode, je fais à la fois mon entrainement et la cure.

 

La encore Sulfiode, fait partie des nombreux produits iodés utilisés. IL était composé de iodomethylate d’isothiourée et était indiqué pour les rhumatismes chroniques, scléroses, hypertension, infections. 
     
       
     

Légende LENIBAR (Laboratoires Drouet et Plet) :

-Le patron a dit : pansement gastro-intestinal.

 

Il était proposé à cette époque de très nombreux pansements gastriques et intestinaux, dont faisait partie le Lenibar, à base sulfate de baryte précipité et oxyde de titane à propriétés colloïdales. Parmi les dizaines de spécialités de l’époque, on peut citer Alucol, Biomucine, Bis-Ka-Ma, Bismokaol, Bismugastrine, Bismusodine, Bismuth B3, Bismuth Desleaux, Cal-Mag-Na, Cal-Bi-Brom, le Charbon de Belloc, etc. 

 

 
       
 

Légende pour ZYMION (Laboratoire Couturieux) :

-On ne sait plus où donner de la tête, Docteur ! Le mille-pattes a des rhumatismes

 

Zymion était l’un des nombreux produits proposés pour le traitement des rhumatismes. C’était un complexe colloïdal organo-mineral constitué de Levure extractive, source de vitamine B, antalgines, de soufre colloïdal, d’étain colloïdal, la manganèse colloïdal, et de lithium.
     
       
     

Légende pour ASPRO, traitement puissant et sans contre-indication des états douloureux, fébriles et rhumatismaux.  (Laboratoires ASPRO) :

– Oh ! ma tête !… ma pauvre tête !!!

 

L’ASPRO était bien sûr à base d’aspirine. Le laboratoire revendiquait une très granbde pureté et indiquait « toléré même par les estomacs délicats ». Présenté sous forme de comprimés, on pouvait aussi le prendre en gargarisme. 
 
       
 

 

Légende pour BIOSTABYL (Laboratoire Monin) :

– Ca fait 20 minutes qu’il discourt ! Quelle endurance !
– C’est plutôt aux jeunes mariés que l’on aurait dû faire prendre du Biostabyl.

Le produit était composé d’oléosaccharure de marjolaine et de lactate de calcium. Il faisait partie des toniques reconstituants très nombreux à l’époque. On trouvait dans cette catégorie des acides aminés (Aminostyl, Dynavone, Maltozine…), de l’arsenic (Arseniode Buriat, Cacodyl Gonnon, Strychnotonine, Uvotonyl, etc. ), et du calcium : environ 60 spécialités sur ce dernier principe actif : Actine, Actiphos, Biocalcium, Calcium Corbière, Calcium Sandoz, Opocalcium, etc.  
     
       
     

Légende de BUFOX, empirisme du Moyen âge = thérapeutique de demain (Laboratoire du BUFOX) :

– Je voudrais un sol parisis d’onguent de crapaud pour mettre sur le torniole à Papa.

 

Ce produit à base de venin de crapaud, présenté en ampoule et comprimé, était spécifique des hémorragies et de la « médication du terrain ».L’image indique « Reconstitue la force médicatrice naturelle » ! 
 
       
 

Légende de CUROGENE. Supprime toujours la douleur.

SURPISE PARTY
– Vous tombez mal ! J’ai une rage de dents et ma femme a un lumbago.

 

Le Curogène était à base de camphorate de pyramidon, de pyramidon et de méthylacétanilide. Il était classé dans ce Mémento dans les neuro-modérateurs analgésiques-antithermiques avec de très nombreux autres médicaments : Aconitine Houdé, Alcacyl, Aspro, Antigrippine Midy, Dolosal, Optalidon, Kalmine, Pyramidon, Véganine, etc.
     
       
     

Légende du GELOMUTH, traitement des affections du tube digestif (Laboratoires Arnault) :

– Il a beaucoup de mal à digérer depuis quelque temps, le dernier missionnaire lui est resté sur l’estomac.

 

Ce produit GELOMUTH était à base de Charbon activé, de bismuth et de carbonate de chaux. Il faisait partie des produits destinés à traiter les dyspepsies, gastites, diarhhées, ulcères… Comme le LENIBAR, il était classé dans les pansements gastriques et intestinaux, souvent à base de bismuth.
 
       
 

 

http://www.shp-asso.org/albums/35999/1-HEDOPEPTOL.JPG

 

Légende de HEDOPEPTOL, désinfectant gastro-intestinal – Facilite la digestion (Laboratoire Saunier) :

– Ca fait vingt fois que l’on recommence l’orgie romaine ! Néron demande quelque chose pour le faire digérer.

 

L’Hedopeptol a été classé dans la catégorie très fournie  des antiseptiques intestinaux. Ce produit était à base de charbon animal et de citrate monosodique. On trouve dans cette catégorie les sels de bismuth, les charbons, l’iodure d’amidon Lumière et beaucoup d’autres produits divers.

 

     
       
     

Légende pour l’Hyposulfene (Laboratoire Toraude) :

HERCULE ET LA TUNIQUE DE NESSUS

– Ca a l’air de la gratter ! Il faudrait peut-être lui donner quelque chose contre les démangeaisons.

 

Ce produit, présenté sous forme de dragées ou ampoules, était constitué d’hyposulfite de sodium « chimiquement pur ». Il était classé dans les désensibilisants – modificateur du terrain, avec de nombreux autres produits (une quarantaine) : Allergantyl, Anaphyl, Asthmapepton, Fluokol, Hypothirorine, Sulfothiorine, etc. )
 
       
 

Légende de HELGUEROL (Laboratoires H. YVRARD)

MAUVAISE CIRCULATION

Ce produit était composé d’ail, oignon, romarin, raifort, cannelle, capillaire, badiane et safran.

     

 

 

 
       
     

Légende pour le Neurocalcium (Laboratoires Biologiques de l’Ile de France)

– Ne t’occupe pas, elle a sa crise de nerfs, papa dit que toutes les femmes sont pareilles.

Le sirop était à base de gluconate de calcium, de chlorure de calcium et de bromure de calcium ; les granulés étaient composés de gluconate de calcium, de chlorure de calcium et de phénylméthylmalonylurée. Le médicament était indiqué pour les insomnies, convulsions, irritabilité, troubles de la dentition, spasmophilie, tics, etc…, chez l’enfant et l’adulte. Il faisait partie d’un groupe très large (plus de 130 produits) : les neuro-modérateurs : sédatifs, hyptoniques, anticonvulsivants ou anti-spasmodiques. Il était donc voisin avec Gardenal, Chloral iodé, Intrait de valériane, Véronal, Vin Raci-Bel (pour la maladie de Parkinson), etc.

 
       
 

Légende pour le Rectocalcium (Laboratoire Roger Bellon)

– Vous n’auriez pas un pal en pierre de Paris ? Mon médecin m’a recommandé le calcium.

Bien qu’un dessin de Van Rompaey lui soit consacré, ce médicament n’est pas décrit dans l’ouvrage !

                
       
 

Légende (Laboratoire JATEL):

Vous serez quatre jours exempts de service :
– Piquier ! Il vous faut remonter avec Phytamine.
– Archer ! Encore vos reins ! Prenez Canol, cela vous fera pisser.
– Arbalétrier : L’enrhumé chronique ! Utilisez Rhino-Sulforgan.

Ces trois médicaments n’ont entre eux aucun point commun sauf le laboratoire qui en faisait la promotion : JATEL. La Phytamine était à base de germe de blé « stabilisé sans traitement chimique » et était indiqué pour le surmenage, croissance, convalescence, etc. ; le Canol contenait des poudres végétales (Lawsonia, Chimaphila, Aphloïa, Lawsotanine) « sans aucune addition de corps d’origine chimique ». Ses indications étaient très larges et allaient de la lthiase biliaire à l’arthritisme en passant par « l’asthme hépatique » ; enfin, le Rhino-Sulforgan était du soufre organique naturel « à l’état sulfinique (c’est à dire entièrement neutre, non oxydé) » et traitait « tous les états infectieux », mais était aussi utilisé en ORL pour la « prophylaxie de la grippe, sinusites, coriza, ozène ».  
   

Légende pour les Instruments de précision pour la médecine et la chirurgie (Etablissements E. SPENGLER :

– le docteur a une panne, ou la force de l’habitude.

Cette publicité dénote par rapport à toutes les autres car il ne s’agit pas de médicament mais de ce que nous appellerions aujourd’hui des dispostifs médicaux. il s’agit en effet d’appareils pour la mesure de la tension artérielle (méthode oscultatoire et oscillométrique), sphygmotensiophone Vaquez-Laubry, Oscillomètres perfectionnés, Shygmo-oscillomètre du Dr YACOEL, appareils pour le Pneumothorax artificiel du Dr J. Lagaillarde.
 
       
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