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Découvertes faites par les pharmaciens (suite 4)

Découvertes faites par les pharmaciens (suite)

LITTERATURE , THEATRE , HISTOIRE,

MUSIQUE ET PHARMACIE

 La divinisation de l’art de guérir entraîna depuis la plus haute Antiquité une floraison d’œuvres lyriques et poétiques au sujet des médicaments. Œuvre de piété, bien sûr, mais également moyens mnémotechniques pour les formules et les compositions salutaires, ces monuments littéraires devinrent un passe-temps ou un sujet fertile pour exercer la muse.

Paul Contant, apothicaire de Poitiers, né en 1585, était fils de jacques, apothicaire, collectionneur et poète. Suivant les traces paternelles, il s’essaya à la poésie et l’on connaît de lui le charmant « Jardin et Cabinet poétique », publié d’abord en 1609, puis en 1628, où il fut accompagné des œuvres de son père Jacques Contant. Il écrivit aussi « Le Second Eden », véritable histoire en vers de la pharmacie. L’art d’apothicairerie exerçait sa verve littéraire et c’est à lui que l’on doit un magnifique chant allégorique en l’honneur de la profession :

            « Assez vraiment on ne te prise
            O Pharmacie qui transmise
            Fut du ciel éthéré çà bas
            Quand Jupin, le haut tonnant père,
            Ayant digéré sa colère, 
            Voulut retarder nos trépas ».

S’il est un pharmacien qui garde une renommée littéraire de nos jours, c’est bien Demachy (1728-1803). Il était le fondateur et le premier directeur de la Pharmacie Centrale des Hôpitaux civils à Paris. Mais son esprit mordant, son caractère irascible et surtout son génie de polémiste le firent démolir par des épigrammes fort bien tournées tous ceux qu’il trouvait en travers de son chemin et, entre autres, ses confrères qu’il considérait comme des obstacles à ses ambitions scientifiques. D’un trait de plume, il campait son personnage, mettait en évidence ses défauts ou ses travers et le cataloguait irrémédiablement. La littérature classique le passionna un moment ; il écrivit entre autres poèmes, « L’Almanach des Muses » et le « Nouveau Dialogue des Morts ». A force de combattre ses contemporains, sa renommée le fit élire à l’Assemblée du 24 février 1753et, pendant la Révolution, il fit partie, de juillet 1789 à septembre 1790, de l’Assemblée des Représentants. Ses « Contes Galants » font encore les délices de beaucoup de confrères depuis que L.G.Toraude les a retrouvés et édités en 1907. Le « Mercure » contient lui aussi beaucoup de ses œuvres ; l’on connaît encore de lui le « Jambon de Westminster », critique assez vive du mariage. Il fut, au dire de Toraude, le « type lamentable de l’éternel mécontent ».

Mais c’est surtout Louis Figuier (1789-1894) qui est resté célèbre comme vulgarisateur scientifique. Le feuilleton qu’il publia dans « La Presse » pendant un quart de siècle passionna ses lecteurs. Ses drames scientifiques ont été joués, sans succès d’ailleurs, à La Gaîté et au Théâtre Cluny, ainsi les « Merveilles de la Science », les « Merveilles de l’Industrie », les « Cinq Parties du Monde », « Denis Papin », « Gutenberg », etc…. Son ambition de devenir dramaturge, influencé par sa femme qui écrivait des romans sous le nom de Claire Sénart, ne lui valut pas grande popularité. Il crut à la fin de sa vie avoir découvert la vérité métaphysique et enseigna une religion dont la divinité principale était le soleil où doivent retourner les âmes selon un itinéraire assez séduisant de tourisme interplanétaire.
Alphonse Allais (1854-1905), fils de pharmacien, commença ses études pharmaceutiques, interrompues en deuxième année par son service militaire. Le célèbre humoriste à l’esprit gaulois donna deux contes par semaine, pendant une vingtaine d’années, l’un au « Journal », l’autre au « Sourire », donc plus de deux mille contes. Il fit les joyeuses soirées du « Chat Noir » à la Belle Epoque. Mais une chose que l’on oublie souvent, c’est qu’Allais garda de ses études une passion pour la Chimie et s’intéressa à beaucoup de problèmes : photographie en couleurs, pierres précieuses, synthèse du caoutchouc. Il prédit en 1905 la guerre bactériologique.
Parmi les écrivains du début de ce siècle, il faut faire une place spéciale à Toraude (1868-1945) : les « Contes d’un fileur de verre », « Voyage autour de mon berceau », « Les Galéniennes » sont très agréables à lire, et ses comédies « Le Gant », « L’Equilibre » et beaucoup d’autres œuvres de ce littérateur intarissable eurent beaucoup de succès..
François Prevet, Docteur en Pharmacie, en Droit, en Lettres et en Sciences Physiques, président de la Chambre Nationale des Fabricants, a consacré huit volumes à l’étude de la morale professionnelle à travers les âges. Son ouvrage « Morale et Métier » nous donne les opinions les plus autorisées sur ce problème.

Connu est Léonard Guindre, polytechnicien et pharmacien, extraordinaire fanatique du trombone qu’il appelait « l’ange de l’orchestre ». Le sel de Guindre inventé vers 1740 par un de ses ancêtres et sa pharmacie de la rue Sainte-Anne à Paris lui apportaient une aisance suffisante. Après une jeunesse tapageuse, il se mit à faire rire les parisiens par l’originalité de sa tenue et de son comportement. Il était trombone à la 10° Légion de la Garde Nationale de Paris. Il composait également des œuvres, dont un recueil de 150 airs précédés d’une préface humoristique, en 1849. Mais tout était pour lui axé sur le trombone, dont il jouait même dans l’eau, ce qui, disait-il, enflait les sons et doublait l’effet produit ; il l’aurait fait goûter aux Parisiens sans les interdictions administratives. 

Henri Sibourg (1857-1900), pharmacien dans la Drôme, composa un certain nombre de chansons, paroles et musique, et de poésies humoristiques, les unes en français, les autres en provençal, ainsi que des vaudevilles. Le recueil de ses œuvres, musique, piano et chant, a pour titre « Mes Loisirs ».
Edouard Fournier (1865-1959) écrivit un opéra à sujet pharmaceutique où les livres et les bocaux chantent, sur des airs connus, la « Tessaralogie » ou les quatre âges de la pharmacie : stagiaire, étudiant, pharmacien, membre du syndicat.

Il ne faut pas oublier Louis Jouvet, pharmacien de 1° classe, qui consacrera sa vie au théâtre !

Les pharmaciens et les sports.
Sports aériens
Pilâtre de Rozier « qui, dit Girardin, ne calculait jamais le danger toutes les fois qu’une expérience pouvait ajouter quelques lumières de plus à la masse des connaissances humaines », fut l’un des premiers à répéter les expériences de Scheele sur l’hydrogène. Il respira à l’aide d’une vessie de gaz hydrogène à six ou sept reprises différentes, sans en être incommodé ; pour convaincre les spectateurs que c’était véritablement de l’hydrogène, il en fit sortir de ses poumons à travers un long tube qu’il enflamma à l’autre extrémité. Au cours d’une autre expérience, il manqua d’avoir un accident par l’explosion qui se produisit. C’est lui qui devint le plus grand aéronaute de son temps.
En 1783, la découverte des frères Montgolfier commença à être connue et on lança au Champs de Mars le premier aérostat. C’est alors que le jeune apothicaire proposa dans le « Journal de Paris » de s’élever lui-même dans les airs, en combinant les procédés des frères Montgolfier, c’est à dire en se servant de deux ballons, l’un gonflé d’hydrogène, l’autre d’air chaud. Beaucoup le traitèrent de fou, mais avec l’aide d’un des deux frères, le 15 octobre 1783, il tenta l’expérience devant le « Tout-Paris ».  L’aéronaute fut élevé à 25 mètres de haut. Le 17, il s’éleva à cent huit mètres, et, un mois plus tard, ce fut l’ascension en ballon libre durant vingt minutes. Un voyage triomphal fut organisé à Lyon le 19 janvier 1784. Mais les Anglais prétendirent traverser la Manche en ballon et Pilâtre de Rozier voulut les devancer. En attendant il s’entraînait à Versailles avec ses confrères L.J.Proust et le fameux Quinquet. Il mit au point une « aéromontgolfière » pour la traversée prévue et après un retard dû aux vents, il réussit à s’envoler le 15 juin avec Romain, un des constructeurs de l’appareil. Mais au bout de vingt sept minutes de vol, l’aérostat prit feu et ils s’écrasèrent à cinq kilomètres de Boulogne.
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