Les débuts… |
par Henri Bonnemain 5/7 |
Notre société était donc mise sur les rails, sous les meilleurs auspices ; la meilleure preuve en est que, 75 ans plus tard, elle est encore bien vivante et répond toujours aux vœux de ses fondateurs. Quelques jours après cette séance, le soir du 13 février 1913, un grand banquet fut donné en l’honneur de l’Union pharmaceutique pour son cinquantenaire et de notre Société pour sa fondation. Ce banquet, offert par la Pharmacie Centrale, fut présidé par le PR Cazeneuve, sénateur, en présence du ministre des Colonies. Il eut lieu au Palais d’Orsay. Si j’en parle, c’est pour indiquer que dans son important discours, Ch. Buchet évoqua la contribution de Guitard au livre rédigé sur la presse et les cinquante ans de l’Union pharmaceutique, en indiquant que Guitard était le fils du plus ancien collaborateur de la Pharmacie Centrale. Et il ajoutait : « Une curiosité en éveille une autre, un labeur nous conduit vers un autre labeur. Rendre hommage aux publicistes de la pharmacie est bien, mais il serait mieux encore d’honorer, en les tirant de l’oubli, tous ceux qui par le moyen de la presse ou en dehors d’elle, ont travaillé avant nous pour le progrès et la gloire de la pharmacie. Beaucoup d’entre nous s’intéresseraient au passé de leur profession s’ils étaient encouragés, secondés, unis. Eh bien ! Il est temps de leur fournir ces encouragements et cette aide ; il est temps qu’une union sur cet objet désintéressé et aimable se réalise : Messieurs, nous vous invitons à acclamer ce soir la création de la Société d’Histoire de la Pharmacie, fondée il y a dix jours à peine. Nous vous engageons à vous inscrire sur la liste de ses membres, à lui adresser vos communications et vos travaux. Vous contribuerez ainsi au succès d’une entreprise qui n’a à l’heure actuelle d’équivalent dans aucun pays du monde mais qui aura sans doute de nouveaux émules. » Dans ce même banquet, le président de la S.H.P., Henri Gautier, prenant à son tour la parole, montra tout ce qu’on pouvait attendre des travaux de Paul Dorveaux, surtout en matière de pots pharmaceutiques. Passant en revue les différentes formes de récipients : cruches à sirop, chevrettes, bouteilles, pots canons, piluliers, vases à thériaque, il ajoutait : « Une simple anecdote me permettra de vous montrer quelle place le pot à médicament prenait dans la vie professionnelle de nos prédécesseurs : le 16 septembre 1709, un cortège imposant de gens à robe, flanqués de massiers, suivait la rue Saint-Jacques, salué par une foule curieuse et respectueuse d’écoliers et de bourgeois. C’était une délégation de la noble Faculté de Médecine, présidée par le doyen en personne et accompagnée de trois maîtres apothicaires, qui procédait, selon les règlements, à une visite des officines. Soudain, la boutique d’un simple épicier frappa l’attention des inspecteurs et, contre leur habitude, retint leurs pas. A la devanture brillaient huit pots de faïence appelés chevrette « que tous savaient être à l’usage de l’apothicairerie seulement ». |
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