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Curiosités, remèdes secrets & remèdes d’autrefois

Curiosités, remèdes secrets & remèdes d’autrefois

 La lecture des ouvrages anciens de médecine et de pharmacie, les almanachs et certains auteurs spécialisés permettent de rencontrer, le plus souvent par hasard, des anecdotes, curiosités ou recettes de remèdes d’autrefois. La présente rubrique en rapporte quelques unes

 Remèdes secrets :

1 ) les remèdes secrets contre les brûlures au XVII° siècle (DE BLEGNY, 1689)

Mêlez telle quantité que vous jugerez à propos de chaux sept fois éteinte dans l’eau commune, avec suffisamment d’huile resat ou de noix, pour en faire un onguent qui sera appliqué sur la brûlure.

Autre – Prenez le jaune et le blanc d’un oeuf, huile violat et lait de brebis ou de femme, de chacun à discrétion, puis agitez-les fortement ensemble dans un mortier de plomb…

Autre – Le poil de lièvre réduit ben poudre et coupé bien menu est un bon remède…

Autre – Les cendres d’écailles de tortues font le même effet.  suite

2) Elixir qui guérit Louis XV

Le 4 août 1744, Louis XV arrivait à Metz, conduisant une armée contre les Autrichiens qui venaient envahir l’Alsace. Fatigué par le voyage, par la chaleur, les préoccupations de la campagne et plus encore par les réceptions et les fêtes incessantes auxquelles il participat, il tomba malade au bout de hui jours au point d’inquiéter ses médecin et chirurgien orinaires, Chicoyneau et La Peyronie. Ceux-ci se livrèrent sur la personne du roi à une véritabe débauche de saignées, de avements, de purgatifs et de vomitifs qui auraient terrassé les plus valides. En même temps, ils ordonnaient le renvoi immédiat de la duchesse de Chateauroux qu exerçait auprès de Sa Majesté certaines fonctions quasi-officielles. suite

3) L’Eau de la Reine de Hongrie (Bulletin de la SHP, 1918)

L’Eau de la Reine de Hongrie, qui n’est autre que l’esprit ou alcoolat de romarin, fut un médicament en vogue sous le règne de Louis XIV. La formule en a été publiée pour la première fois dans un ouvrage anonyme intitulé Nouveaux secrets rares et curieux, donnés charitablement au public par une personne de condition, contenant divers remèdes eprouvez, utils et profitables pour toutes sortes de maladies, et divers secrets pour la conservation de la beauté des dames, avec une nouvelle manière pour faire toutes sortes de confitures, tant seiches que liquides, lequel fut édité par Jean-Baptiste Loyson, marchand libraire à Paris, et eut deux éditions : l’une en 1660, l’autre en 1669. suite

4) La poudre du sieur Ailhaud. (référence : Remèdes d’autrefois, par le Dr Cabanès)

Parmi les remèdes secrets célèbres, la poudre du sieur Ailhaud eut un succès considérable. Alhaud prétendait, modestement, que sa poudre était « un remède spécifique des tous les maux connus ». Il avait obtenu un privilège de vente qui lui avait été concédé par lettres patentes du Roi, en date du 15 mars 1772, enregistrées au Parlement le 28 août de la même année. Le dépôt général du remède à Paris était chez le sieur de Mestre du Rival, rue et place du Chevalie-du-Guet ; en province, dans les couvents des Carmes déchaussés. La composition ded cette poudre purgative drastique avait été déterminée, pour la première fois, par un alchimiste allemand. Parmentier la fit connaître en France : c’était, selon l’illustre apothicaire, un extrait ou un suc, évaporé jusqu’à siccité, de scammonée ou de quelque autre plante de la même famille, mêlée avec un peu de jus de réglisse ou de gomme arabique. Parmentier ajoutait qu’Ailhaud avait cherché « à tromper les curieux, en faisant varier l’odeur et la couleur de sa poudre, sans cependant changer sa base, et qu’il y avait beaucoup de probabilités pour que cette poudre de fut autre chose qu’un composé de scammonée, de racine d’angélique et de rhubarbe torréfiée ».

 Autres remèdes

1) Le charbon : histoire d’un médicament qui remonte à l’Antiquité. Le charbon fut utilisé dès la plus haute Antiquité pour le traitement de nombreuses maladies. On en trouve la trace chez les Egyptiens, les Grecs et chez les Romains. Arnaud de Villeneuve au Moyen-Age l’aurait recommandé dans un goitre. Mais sa place va ensuite se faire très modeste au cours des siècles suivants. Charas en parle dans sa Pharmacopée royale galénique et chimique (1676), de même que Nicolas Lemery dans sa Pharmacopée Universelle, sous la forme du charbon d’éponge et du charbon de corne de cerf. Il faudra cependant attendre la fin du XVIII° siècle et le début du XIX° s. pour que les premières études sérieuses sur l’emploi du charbon fassent leur apparition avec le pharmacien Lowitz et le Docteur Brachet. suite

2) Le chien et ses vertus de médicament (référence Dr Cabanès : Remèdes d’autrefois, 1910)

On ne sera pas étonné qu’on ait songé à utiliser le chien comme remède, quand on saura qu’il eut d’abord l’honneur d’être savouré comme mets. Dès la plus haute antiquité certaines peuplades de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique ont mangé de la chair de chien. On a employé le chien comme remède des affections les plus dissemblables : pour guérir du mal de dents et de l’épilepsie; pour faciliter les accouchements et calmer les tranchées; pour faire disparaitre la goutte, aussi bien que les rhumatismes. Toutes les parties du chien ont été mises à contribution : le crâne de l’animal, brulé, pulvérisé, hâtait la cicatrisation des ulcères; bu dans le vin, il guérissait la jeaunisse et les convulsions, La cervelle de chien était un antidote contre la manie; l’oeil du chien servait contre l’ophtalmie. On a préconisé la poudre d’os calcinés de chien comme sicative, et on a conseillé de l’appliquer sur les ulcères, les rhagades de l’anus et les tumeurs des testicules, etc. Et l’albul groecum, la crotte de chien, était censé guérir l’hydropisie et les ulcères, l’amygdalite et l’esquimancie.

3) Remèdes tirés du chat, du cheval et autres mammifères (référence Dr Cabanès : Remèdes d’autrefois, 1910)

Le chat fut lui aussi largement utilisé en thérapeutique. La graisse de chat, à laquelle Lémery a accordé une place honorable dans sa Pharmacopée, se trouve inscrite dans la plupart des anciens formulaires. La ervelle de chat ou de chatte entrait dans la composition d’un cataplasme, usité pour les ulcérations de la gorge. La tête d’un chat noir, réduite en cendres, était un excellent remède contre les taches, les taies et autres maladies des yeux : on devait en insuffler, trois fois par jour, dans l’oeil atteint. Quant au cheval, on fit appel à ses crins contre la dyssenterie; la cendre de ses dents comme dentifrice; la vapeur de son sabot brûlé contre l’hystérie; ses excréments contre l’hémorragie. L’âne, était aussi fort apprécié, en particulier grâce à son lait d’anesse dont certaines femmes avient l’usage en se lavant avec jusqu’à soixante dix fois par jour ! Enfin, la peau de mouton fut utilisée jusqu’au XIX° siècle pour guérir la fièvre thypoïde. On utilisa aussi des pigeons appliqués, encore chauds, sur la têtes des enfants atteints de méningite.

4) l’Araignée et ses propriétés médicales (référence : Dr Cabanès : Remèdes d’autrefois, 1910)

Les propriétés de l’araignée ont été observées bien avant le XVI° siècle. Les Commentaires de Pierre-André Matthiole (1572) résument en quelques lignes les bénéfices qu’on retire des arachnides : « L’araignée, qu’on appelle Holvos ou Lycos, c’est à dire loup, broyée dans une pièce de lin, mise sur un linge et appliquée aux deux tempes ou au front, guérit la fièvre tierce. Sa toile estanche le sang et garde d’inflammation les playes superficielles. Il y a une autre espèc d’araignée qui fait une toile blanche, fine, épaisse, laquelle liée dans un cuir et attachée au bras, guérit, comme on dit, des fièvres quartes : cuit en huile rosat, est bon aux douleurs d’oreille, si on en met au dedans ». Pour beaucoup de médecins d’autrefois, l’araignée était le spécifique des fièvres intermittentes. La toile d’araignée fut utilisée pour arrêter les hémorragies capillaires, mais aussi, cuite dans du vinaigre, en application sur l’abdomen, dans le cas de flatuosités et d’hémorragies utérines…   

5) La vipère : usage en médecine (référence : Dr Cabanès : Remèdes d’autrefois, 1910)

La vipère occupe dans l’ancienne matière médicale une place autrement considérable que l’araignée.Elle était la base de la péparation la plus populaire d’autrefois, la thériaque. Toutes les vipères n’étaient pas bonnes pour sa confecton et le choix de la saison pour les chasser n’était pas indifférent. Par ailleurs, les anciens utilisaient la vipère contre de multiples maux. La tête de vipère, « liée dedans un linge et pendue au cou » était un excellent remède contre les esquinncies. La vipère guérissait encore les vérolés et les ladres, au dire de Galien. Charas, qui fut pharmacien à Orange, puis à Paris, à l’enseigne des Vipères d’or, a fait connaitre les remèdes fourbis par la vipère. Un des personnages qui mirent le plus à lamode le bouillon de vipères fut Mme de Sévigné ! 

6) Les sternutatoires à travers les siècles. (Bulletin SHP, 1917)

Très amusante est la petite étude que M. le docteur Henri Leclerc a publiée naguère dans la revue hollandaise Janus sur les médicaments propres à faire éternuer et que nos ancêtres ont désignés sous les noms pittoresques de caputpurgia, sternutatoires, errhins, ptarmiques et nasipurges ! M. Leclerc nous intéresse tout de suite à ses nasipurges en nous dévoilant…que nous leur devons tous la vie. En effet, suivant la mythologie hellenique, le titan Prométhée voulant créer l’homme, prit du limon et le modela pour lui donner une forme humaine, puis il enferma du soleil dans une tige creuse qu’il déboucha brusquement sous le nez de la statue : l’homme d’argile éternua : il vivait. suite

7) La saphir : un médicament aux usages multiples. (référence : Remèdes d’autrefois, par le Dr Cabanès)

L’usage des pierres précieuses comme médicament remonte à l’Antiquité. Le diamant passait pour un antidote des venins, de la peste, des ensorcellements et enchantements, de la crainte et des vaines terreurs. De toutes les pierres précieuses, le saphir est peut être celle qui a reçu le plus d’applications. Il a été mis en usage en collyre, contre l’inflammation des yeux ; en poudre, contre les hémorroïdes, les flux de foie, la dysenterie ; approché au front, il arrête l’hémorragie ; en petits globules de la grosseur d’un pois et appliqué sur les yeux, il attire la poussière, les moucherons et tout ce qui tombe dans l’œil, etc. Anselme Boece de Boot, médecin de l’empereur Rodolphe II, recommande le saphir aux prêtres et personnes ecclésiastiques qui ont voué leur chasteté à Dieu, car « Le saphir porté par une personne impure, intempérante et adonnée aux choses de Vénus, se salit et perd son éclat, comme presque toutes les pierres précieuses, qui, par la perte de leur beauté, trahissent facilement l’adultère et le fornicateur…On dict qu’estant porté il réprime l’appétit de Vénus ». Selon M. Aignan, « le pieux Van Helmont assure que si les Evêques portent un saphir dans leur anneau pastoral, c’est parce que cette pierre précieuse, qui a la vertu d’empêcher le charbon de la peste de faire progrez, lorsqu’on en fait un cercle en le touchant tout autour, est un avertissement toujours présent, pour les faire souvenir que leur devoir et leur état les obligent d’assister, comme Pasteur du corps et de l’âme, leur troupeau affligé de la peste ».

8) Le chocolat : médicament ou aliment ? (référence : Remèdes d’autrefois, par le Dr Cabanès)

A en croire Bonaventure d’Argonne, le cardinal de Lyon, Alphonse de Richelieu est le premier en France qui ait usé du chocolat. Il s’en servait pour dissiper les vapeurs de sa rate. Il en tenait le secret de quelques religieux espagnols, qui l’avaient apporté en France. Dès 1661, la Facuolté avait donné son approbation officielle au chocolat. Mais les uns le considéraient comme une panacée, d’autres comme un poison lent, propre à engendrer la fièvre, l’échauffement, la dyspepsie et autres calamités.

9) L’homme, source de médicaments (référence : Remèdes d’autrefois, par le Dr Cabanès)

Dans les temps anciens, on considérait que les cheveux étaient propres à calmer les vaporeux : on les brûlait et le malade en respirait la vapeur. De même, « la cendre de cheveux, infusée dans un verre de vin, est un bon remède contre la jaunisse : on prend cette infusion à jeun, après l’avoir passée dans un linge, on la continue pendant quelques jours ». De la rapures d’ongles, administrée intérieurement sous cette forme ou infusée dans du vin « est un remède d’armée, qui ne convient qu’à des gens robustes comme des soldats ». Les épileptiques s’en trouveront bien, néanmoins, à la dose « d’un scrupule en substance ou de deux scrupules, infusés pendant la nuit dans un verre de vin ». Un médicament qui devait avoir son prix c’est le cérumen (cire d’oreille). Il jouissait, paraît-il de propriétés « détersives et abstergentes » qui le faisaient fort rechercher. Outre que c’était un spécifique pour les plaies et les écorchures, pour les gonflements et les coliques, il servait encore à éclaircir les yeux de ceux qui avaient la vue faible. La salive était, quant à elle, recommandée contre les dartres, les démangeaisons et les hémorroïdes. La salive d’un homme à jeun, avait prétendu Lémery, est bonne pour les morsures des serpents et des chiens enragés. Chez les romains, déjà, la salive d’une femme à jeun était employée pour les yeux sanguinolents, et elle en guérissait aussi les fluxions. Il fallait simplement en mouiller le coin des yeux ; le remède était plus efficace si la femme qui le fournissait avait fait abstinence, le veille, de nourriture et de vin.

Curiosités en histoire de la pharmacie

1) Un crime de l’onguent Canet (Bulletin de la SHP, juin 1914, p.152bis)

Nous lisons dans le Journal des règnes de Louis XIV et de Louis XV (1701-1744), par Pierre Narbonne, premier commissaire de police de la ville de Versailles : « Un charlatan, nommé Canet, natif de Lyon, composa un onguent avec lequel il entreprit de guérir le Prince  (le duc du Maine, fils légitime de Louis XIV). Il commença à le panser au mois de novembre 1735. Le duc du Maine vécut plus longtemps que la Faculté ne l’avait pensé. Mais on ne peut l’attribuer qu’à son tempérament et à sa bonne constitution, et non aux remèdes de Canet. Les remèdes ont en effet peu à peu pourri la bouche et le visage du duc à tel point que l’on fut obligé de faire une incision sur le côté du col afin de pouvoir lui administrer quelques bouillons. Le vendredi 11 mai 1736, le prince perdit un oeil qui tomba en pourriture. Il était dans un si triste état que c’était affreux à voir. Pendant sa maladie, le duc du Maine mit ordre à ses affaires. Il fut obligé de cesser tout travail, quelques jours avant la perte de son oeil. Le prince fit alors congédier Canet et vécut encore jusqu’u 14 mai, qu’il succomba ».

L’onguent Canet était bien innocent du crime que lui imputait Narbonne. Le duc du Maine était victime d’une diathèse cancéreuse. A la suite de l’ablation d’une dent qu’il s’était pratiquée lui-même en octobre 1735, le maxillaire s’était gangrené, et les médecins, comme les chirurgiens du Roi, avaient bientôt reconnu que le mal était incurable.

2) Les « berlingoles » de Châtellerault.

C’était en l’an 1727 la population Châtelleraudaise se plaignait de ce que Paul Beaupoil et Guillon Pierre, les seuls apothicaires de la ville, vendaient fort cher « drogues et médicaments ». Sur leur refus de recevoir dans leur communauté un troisième confrère les chirurgiens demandèrent au Lieutenant du Roy de faire subir eux-mêmes les chefs-d’oeuvre à un aspirant, attendu « que la ville avait besoin d’un autre apothicaire , habile, soigneux, en qui l’on put se fier pour la confection des médicaments ».  Cet aspirant à la maîtrise était François-Xavier Seuilly qui avait été apprenti chez Beaupoil, de la inscrit à l’Université de Montpellier, puis compagnon chez un apothicaire d’Agen et chez un autre dans l’ile de Candie. Il passa ses connaissances et lectures les 18, 25 septembre et 2 octobre devant Joseph Calvin, Alexandre Bobin, et Charles Rasseteau, et son chef-d’oeuvre pour être admis définitivement au corps et communauté des Maîtres Apothicaires le 9 octobre 1728.  suite

3) Histoire des biscuits purgatifs (Dorveaux, Bulletin de la SHP, 1915, p. IV)

Les biscuits purgatifs sont mentionnés dans l’Histoire Générale des drogues (1694), par « le sieur Pierre Pomet, marchand épicier et droguiste », qui en parle dans les termes suivants : »C’est avec cette poudre (de jalep) qu’un patisier (sic) de Paris fait ces biscuits purgatifs, dont on fait une selle à tous chevaux (= remède que l’on applique à toutes sortes de maladies); et il en fait un débit assez considérable, soit par les bons effets que l’on y a pu remarquer, ou par le bon marché qu’il en fait; ce que je n’ay pas jugé  propos de décider, estant plutôt l’affaire des médecins et des appoticaires (sic) que la mienne ». Malheureusement il n’est fait aucune mention de ces biscuits dans le Livre commode des adresses de Paris pour 1692 par Abraham du Pradel (pseudonyme de Nicolas de Blegny); c’est pourquoi, nous ignorons le nom du pâtissier qui les fabriquait à cette époque. Les archives de la Compagnie des marchands apothicaires de Paris contiennent plusieurs sentences de 1761 contre les pâtissiers pour les biscuits purgatifs, avec une procédure contre Nicolas Bodier, pâtissier, pour saisie exécutée en 1765.

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