Philippe Désiré Cauvet

Le professeur Cauvet en toge. Bulletin de l’Association des anciens élèves de l’Ecole supérieure de pharmacie de Nancy, 1912, n° 5, p. 16.

Philippe Désiré Cauvet (Agde 1827-Lyon 1890),

pharmacien militaire, naturaliste, agrégé et professeur

Pierre Labrude, février 2020

 

Philippe Emilien Luc Désiré Cauvet, fils de Joseph Marie Cauvet et de Jeanne Françoise Marie Martin, naît à Agde le 16 octobre 1827. A son décès, le professeur Gayet a indiqué que la famille était peu favorisée par la fortune, ce à quoi je ne crois guère car on n’entreprend pas, à cette époque, des études de pharmacie dans ces conditions. On ne sait rien de sa jeunesse. Il est reçu pharmacien (maître en pharmacie selon Rouis et comme on dit encore à l’époque) à l’Ecole de pharmacie de Montpellier le 13 mai 1854. Il entre alors au service de l’Armée avec le grade de pharmacien aide-major stagiaire à l’Ecole impériale et spéciale de médecine et de pharmacie militaires du Val-de-Grâce à Paris, le 11 septembre 1854.

A l’issue de cette formation, Cauvet est d’abord affecté à l’hôpital militaire de Toulouse, le 20 février 1855, dans le grade d’aide-major de 2e classe (sous-lieutenant). C’est sans doute dans cette ville qu’il est reçu bachelier ès sciences en 1857 puis licencié en 1858. Il est ensuite employé aux ambulances de l’armée d’Italie (2e division du 4e corps d’armée) à compter du 1er mai 1859, et promu à la 1e classe (lieutenant) le 28 du même mois. Arrivé en Italie le 17 mai, aux ambulances en juin, il est rapidement de retour en France. En effet, des Cilleuls l’indique à l’hôpital militaire de Marseille, puis à nouveau à Toulouse le 22 septembre 1859.

Les années strasbourgeoises 

Cauvet est reçu au concours d’accès à la fonction de répétiteur de botanique et d’histoire naturelle des médicaments à l’Ecole impériale du Service de santé militaire de Strasbourg, et il y prend ses fonctions le 26 novembre 1860. Elles dureront jusqu’au 10 août 1868. Afin d’optimiser les services des répétiteurs auprès des élèves médecins puis pharmaciens, les fonctions sont confiées à des officiers en service à l’hôpital militaire et sont limitées à une durée de cinq années, sauf pour ceux qui sont en même temps agrégés à la Faculté de médecine ou à l’Ecole supérieure de pharmacie. Cauvet ayant été agrégé pendant son répétitorat, ceci explique qu’il soit resté pendant huit ans. L’emploi étant par ailleurs destiné à des aides-majors ou à des majors de 2e classe (capitaine), il est promu à ce grade le 16 mai 1862. Le 18 mars 1861, il a épousé Elisabeth-Sylvie Canet et, le 12 août de la même année, il a été reçu docteur ès sciences naturelles à Strasbourg avec une thèse de botanique intitulée « Etude sur le rôle des racines dans l’absorption et dans l’excrétion ».

Cauvet peut donc envisager de se présenter au concours d’agrégation de pharmacie. L’Ecole de Strasbourg dispose alors en théorie de trois emplois, et l’arrivée des élèves de l’Ecole impériale du Service de santé à partir de 1864, nécessite d’accroître l’importance du corps enseignant. Comme les pharmaciens de 1e classe susceptibles de se présenter à ce concours sont rares, même dans une ville comme Strasbourg, et que l’agrégation n’est qu’une fonction temporaire et mal rémunérée, les pharmaciens militaires sont autorisés à concourir. Un concours est ouvert par un arrêté d’avril 1864 et les épreuves ont lieu en fin d’année. Cauvet se présente très logiquement dans la section d’histoire naturelle médicale et de pharmacie, qui est celle de son activité de répétiteur, et soumet au jury une thèse d’agrégation intitulée « Des Solanées » dont il a choisi le sujet dans la liste établie par le ministre. Il est reçu et institué agrégé près l’Ecole de Strasbourg le 9 décembre 1864. Son installation à l’Ecole, au cours de laquelle il prête serment d’obéissance à la Constitution et de fidélité à l’Empereur, est relatée dans le registre des délibérations à la date du 19 décembre. Son service prend effet le 1er janvier 1865 et il dure jusqu’au 10 août 1868, date de l’expiration de ses fonctions de répétiteur à l’Ecole militaire et de sa mutation. Il est donc l’agrégé du professeur Kirschleger, titulaire de la chaire d’histoire naturelle médicale, dont il est important de rappeler, pour la bonne compréhension de la suite de cette étude, qu’il décède en 1869 et que la chaire va rester vacante à cause de la Guerre de 1870 et être transférée à Nancy dans cette situation avec l’Ecole le 1er octobre 1872.

En 1865, Cauvet enseigne la physiologie végétale et, en octobre, il sollicite l’autorisation d’ouvrir un cours complémentaire de zoologie moyennant rétribution, ce qui ne manque pas de poser quelques problèmes. C’est dans ce contexte qu’une caricature, parue dans le Bulletin de l’Association des anciens élèves de l’Ecole supérieure de pharmacie de Nancy en 1914, le montre « mesurant les indices céphaliques du crâne de Jacquemin », professeur adjoint de toxicologie et physique. La légende précise : « à l’issue d’un cours d’histoire « plus ou moins naturelle » où (Cauvet) avait étudié le crâne de l’homme et des singes ». Les élèves n’étaient pas tendres à l’époque… Les élèves militaires n’étaient pas toujours sages non plus. C’est ainsi qu’au cours d’une herborisation sous la direction de Cauvet, fin juin 1867, beaucoup l’abandonnèrent malgré ses appels et ses ordres… Plainte fut transmise au médecin inspecteur Sédillot, directeur de l’Ecole du Service de santé ! Cauvet est aussi chargé du cours de botanique en mai et juin 1868 et supplée le professeur de pharmacie Oppermann en juin 1865.

L’Algérie et la Guerre de 1870

Le 10 août 1868, Cauvet, promu pharmacien major de 1e classe (commandant) est nommé aux hôpitaux militaires de la division de Constantine où il restera jusqu’au milieu de l’année 1870. Pharmacien en chef de l’hôpital militaire de Bougie (aujourd’hui Bejaia), il y affirme sa vocation de botaniste. Selon Cosson : « Cauvet mit à profit sa résidence à Bougie pour y former un herbier local de plus de 300 espèces recueillies aux environs immédiats de la ville et au Djebel-Gouraïa (…) ». Dans les notices de cet auteur sur les botanistes qui ont contribué à la connaissance de la flore d’Algérie, on relève le nom de vingt-deux pharmaciens militaires dont celui de Cauvet qui se serait particulièrement intéressé au Thapsia. Cette plante de la famille des Ombellifères, appelée aussi « thapsie, faux fenouil » ou « panacée d’Esculape », est commune dans les pays chauds et particulièrement l’Algérie. Sa racine, âcre et amère, est purgative, et l’écorce de celle-ci contient une résine qui a été utilisée sous différentes formes pharmaceutiques comme rubéfiant.

Rentré en France, Cauvet soutient sa thèse de doctorat en médecine à Montpellier le 31 août 1870, avec un travail intitulé « Du protoplasma ». Je ne sais pas où il a effectué ses études de médecine. Il est sûr que ce n’est pas à Strasbourg avant 1868, car il ne figure pas sur le registre des étudiants. Il a sans doute fréquenté l’Ecole préparatoire de médecine et pharmacie d’Alger, créée par le décret du 4 août 1857 et rattachée à la Faculté de Montpellier. Pendant le conflit contre la Prusse, Cauvet est affecté à Paris dans plusieurs hôpitaux : Saint-Martin (?) le 9 septembre, 1er hôpital temporaire de l’Ecole militaire, Bicêtre, Val-de-Grâce le 3 janvier 1871 ainsi qu’à l’ambulance de la division de cavalerie du 3e corps d’armée. On le trouve ensuite à l’hôpital militaire de Toulouse le 14 juin 1871, puis à nouveau à la division de Constantine le 10 novembre et jusqu’en 1874.

La nomination à Nancy, ses difficultés et son échec

A cette époque, un relevé de ses titres au ministère de la Guerre indique qu’il est « autorisé à accepter les fonctions de professeur à l’Ecole supérieure de pharmacie de Nancy » et qu’il est « mis hors cadre » le 9 mars 1874. D’après ce que j’ai pu reconstituer, la nomination à la chaire d’histoire naturelle à Nancy se serait passée comme suit. Un concours de recrutement à Strasbourg avait (aurait ?) été interrompu par la guerre. Au moment du transfèrement à Nancy, le ministre de l’Instruction publique décide que les professeurs des facultés de médecine et de sciences assureront la suppléance dans les disciplines dépourvues de professeur de pharmacie. Le 11 mars 1873, Heckel est chargé provisoirement des fonctions d’agrégé. En octobre, le doyen de la Faculté de médecine, le professeur Stoltz, administrateur de l’Ecole supérieure de pharmacie, demande au recteur la nomination du professeur d’histoire naturelle et, fin novembre, le ministre écrit à ce dernier pour lui indiquer la candidature de Cauvet.

Le 23 février 1874, Cauvet écrit au ministre depuis Constantine pour « regretter son labeur perdu pour devenir professeur », ce qui peut indiquer qu’il pensait depuis longtemps au professorat et qu’il envisageait de succéder à Kirschleger, pour demander la déclaration de vacance de l’emploi et demander d’y être présenté comme candidat. Le doyen Stoltz ayant agi dans le même sens le 2 mars, la chaire est aussitôt déclarée vacante et, le 9, Cauvet est autorisé par le ministre de la Guerre à se présenter, mais en étant placé en position « hors cadre ». Le 13 mars, il pose sa candidature et le professeur Oberlin fait le rapport de ses titres et travaux le 24 avril. Le 1er juin 1874, il est donc nommé professeur d’histoire naturelle à Nancy, mais il n’accepte pas d’être mis hors cadre et sans solde car les seuls émoluments universitaires ne permettent pas de vivre décemment, ce que le recteur confirme, et, de ce fait, il souhaite soit une autorisation de cumul pour un an et une affectation à Nancy, après quoi il demandera sa mise à la retraite de l’Armée, soit une mise en congé de ses fonctions professorales pour un an de manière à rester en Algérie jusqu’à cette retraite. Un congé d’inactivité sans traitement lui est accordé pour l’année 1874-1875. Mais le ministre de la Guerre, le général Courtot de Cissey, reste intraitable : « on est militaire ou professeur et hors cadre, sans solde et avec perte du tour d’avancement ». Le 20 septembre 1874, Cauvet est nommé pharmacien en chef de l’hôpital militaire de Nancy qui n’est qu’à quelques centaines de mètres du bâtiment de l’Ecole supérieure de pharmacie, ce qui devrait faciliter l’exercice simultané des deux fonctions.

Début décembre, il n’a cependant toujours pas rejoint l’Ecole et, comme on l’attend à l’hôpital pour le 4, on n’a pas nommé de suppléant. Le 28 décembre, la situation n’a pas évolué mais Cauvet s’est installé à Nancy, et, d’un voyage qu’il fait à Paris, il ressort que, si le ministre de l’Instruction publique intervenait auprès de son collègue de la Guerre en acceptant que l’intéressé puisse être à tout moment mis à la disposition de l’autorité militaire, les choses pourraient s’arranger. Mais le ministre de la Guerre ne change pas d’avis et demande la démission de Cauvet de ses fonctions professorales. C’est ce qu’il fait début mars 1875 puisque le 9, le ministre écrit l’avoir reçue. D’après le compte-rendu de la séance solennelle de rentrée de l’université de Nancy du 16 novembre, Cauvet n’a pas été effectivement présent à l’Ecole et a démissionné sans être entré en exercice, ce qui a fait écrire à Balland dans Les Pharmaciens militaires français, « non acceptant pour rester au service militaire », ce qui n’est pas faux, mais conduit à une interprétation qui ne correspond pas à la vérité. Il serait intéressant de savoir si cet auteur connaissait ou non la situation réelle.

La nomination à la Faculté mixte de Lyon 

Cauvet poursuit sa carrière militaire et reste affecté à Nancy jusqu’au 15 octobre 1875, puis il rejoint l’hôpital militaire de Vincennes où il est promu pharmacien principal de 2e classe (lieutenant-colonel) le 20 mars 1876, ensuite l’hôpital militaire des Colinettes à Lyon le 11 juin 1877. Quelques semaines auparavant, le 24 avril 1877, jour de la création de la Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Lyon, il y avait été nommé professeur de matière médicale « autorisé à conserver des fonctions militaires », ce qui explique sans doute sa mutation dans cette ville. Le ministre de la Guerre ayant succédé au général Courtot de Cissey, le général Berthaud, n’a donc pas interdit le cumul d’emploi.

Cauvet est promu pharmacien principal de 1e classe (colonel) le 26 avril 1879 et muté comme directeur à la « Pharmacie centrale des hôpitaux militaires » à Paris, puis il est employé le 14 janvier 1881 à la « Réserve des médicaments » de Marseille. Il demande alors sa mise à la retraite qui est effective le 10 juillet 1881. Compte tenu de son affectation hors de Lyon, un arrêté du 28 novembre 1879 l’a autorisé à se mettre en congé pour un an et à se faire suppléer dans son emploi de professeur pour l’année scolaire 1879-1880. Plusieurs raisons expliquent son départ de l’Armée, sans doute son âge, 54 ans, et les difficultés et fatigues de ces affectations distantes de Lyon, mais aussi, selon Balland, parce qu’il était « péniblement affecté par les luttes qui précédèrent la loi de 1882 sur l’administration militaire qui fut néfaste à la pharmacie militaire et qui entraîna la demande de mise en retraite anticipée de nombre d’entre eux ». A ce moment, Cauvet a donc une ancienneté militaire de 27 ans avec les campagnes d’Italie de mai à août 1859 pour laquelle il a reçu la médaille commémorative, de France de septembre 1870 à mars 1871, et d’Afrique de septembre 1868 à septembre 1870 puis de décembre 1871 à novembre 1874. Il est affecté dans le Service de santé de l’Armée territoriale à Lyon, le 28 juillet 1881.

La direction de la pharmacie de l’Hôtel-Dieu et la fin de la carrière hospitalo-universitaire

 Cauvet ne demeure cependant pas uniquement universitaire puisque dès l’année suivante, 1882, il devient pharmacien de l’Hôtel-Dieu de Lyon, emploi qu’il conserve jusqu’à sa mort. C’est à la demande de M. Mulaton, administrateur chargé de la surveillance, que la responsabilité de la pharmacie est attribuée à un pharmacien diplômé. Auparavant, il s’agissait de sœurs hospitalières et de « pharmaciens gradés ». Cauvet est nommé par délibération du conseil d’administration des Hospices civils en date du 2 février 1882, et il prend son service le 14 juin, avec un traitement annuel de 2.400 francs, « plus le déjeuner ». La pharmacie de l’hôpital est aussi la Pharmacie centrale des Hospices. Cauvet reçoit pour mission de l’installer et il prend naturellement modèle sur les établissements militaires.

A la Faculté, Cauvet est professeur pendant treize ans, de 1877 à sa mort en 1890. En botanique, en dehors de ses thèses, il rédige de nombreuses publications qui paraissent dans le Bulletin de la Société botanique de France dont il est vice-président en 1880 après avoir reçu une médaille d’argent en 1873. Il rédige un « Cours élémentaire de botanique » en 2 volumes qui a deux éditions (1879 et 1885). On n’oubliera pas son herbier algérien. En matière médicale, son ouvrage intitulé « Nouveaux éléments de matière médicale » en deux volumes, paraît en 1886-1887. Par ailleurs, ses « Nouveaux éléments d’histoire naturelle médicale, comprenant des notions générales sur la minéralogie, la zoologie et la botanique, l’histoire et les propriétés des animaux et des végétaux utiles ou nuisibles à l’homme, soit par eux-mêmes, soit par leurs produits » ont sans doute été conçus à partir de son cours d’agrégé et de ses répétitions aux élèves civils et militaires de Strasbourg puisque la 1e édition est de 1869. Deux autres éditions suivent en 1877 et 1885. A sa mort, survenue le 23 janvier 1890 à la suite d’une double pneumonie après quelques jours de maladie seulement, il travaillait à un « Dictionnaire universel d’histoire naturelle » dont le premier volume était paru en 1879 et le second était en cours de publication. Il convient aussi de citer les « Procédés pratiques pour l’essai des farines, caractères, altérations, falsifications, moyens de découvrir les fraudes » parus en 1886, et qui correspondent bien aux préoccupations du pharmacien militaire que Cauvet était. La publication de ces ouvrages est confiée au grand éditeur Baillière.

A côté de ses activités hospitalo-universitaires, Cauvet est membre de la « Commission d’inspection des pharmacies du Rhône », comme cela est alors l’habitude pour les professeurs, et des Sociétés « de médecine » et « des sciences médicales » de Lyon. Il a reçu des encouragements dans le prix Barbier de l’Académie des sciences. Officier de l’Instruction publique depuis le 30 décembre 1886, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur le 29 décembre 1887.

Ses funérailles, le 26 janvier 1890, en l’église Sainte-Claire puis au cimetière de la Guillotière, au cours desquelles les honneurs militaires sont rendus, donnent lieu à plusieurs discours qui permettent de connaître quelques traits de sa carrière et de sa manière, bien qu’il faille toujours considérer ces propos avec prudence. Le professeur Gayet, au nom de la Faculté, en indique d’abord les traits généraux : « amour du travail, entrain méridional, énergie faite de bonne humeur et d’un certain laisser-aller, esprit scientifique et militaire aventureux et discipliné, coeur droit et honnête, rapports faciles et sûrs, aménité et vivacité » ; puis il aborde le domaine de l’enseignement : « justice, bonté, dévouement, prolongation des leçons et multiplication des explications (…) sous une apparence de brusquerie militaire se cachait une affection solide et désintéressée (…), conseiller et ami toujours prêt à aplanir les difficultés ». Ensuite le pharmacien principal Parant souligne ses traits dominants : « passion du travail, brillante intelligence, étendue des connaissances ». Beaucoup plus tard, Fromont, président de l’Association des anciens internes de Lyon, a confirmé ces propos en disant : « Cet homme était la bonté même. Il avait gardé une allure et des dehors très militaires (…). C’était un bourru bienfaisant dont la grandeur d’âme et l’inépuisable bonté agissaient ouvertement et sans arrière-pensée (…). Le souvenir de cette loyale figure persiste dans le coeur de ceux qui l’ont connu ».

L’œuvre scientifique du professeur Cauvet

La liste des travaux et publications compte quatre-vingt-onze numéros pour une carrière de trente-six ans, de 1854 à 1890, dont vingt-sept années de services militaires, vingt d’enseignement et huit de services hospitaliers. Sa première publication date de 1861 à Strasbourg, ce qui, pour vingt-neuf ans (1861-1890), représente environ trois notes par année, signées de son seul nom comme cela est presque toujours le cas à l’époque. En dehors de sa thèse de doctorat ès sciences, de sa thèse d’agrégation et de la première édition de l’ouvrage « Nouveaux éléments d’histoire naturelle… », la période strasbourgeoise comporte treize travaux de botanique et biologie végétale publiés ou ayant été présentés aux séances de la Société botanique, principalement en 1864 et 1865 (huit communications pour ces deux années). Les sujets en sont divers : organographie des Cactées, comparaison du bassin lombard et du pays toulousain du point de vue géologique et botanique, exposé sur les expériences de génération spontanée, vrille des Ampélidées et des Cucurbitacées, excrétion des matières non assimilables par les végétaux, mode d’ascension de la sève, morphologie des Solanées, stipules dans les monocotylédones, morphologie de Tamus et Smilax, lettre sur le Dianthus, mémoire sur la racine du Veratrum et ses substitutions, Salsepareilles. On trouve aussi un travail de parasitologie humaine sur le Botriocéphale. Quatre de ces travaux ont fait l’objet d’analyses dans le Bulletin de la Société botanique. Aucune de ces recherches ne se rapporte cependant à la flore d’Alsace bien que Cauvet y ait herborisé avec les élèves de l’Ecole comme on l’a vu. Les « Nouveaux éléments d’histoire naturelle… » apparaissent comme ayant été destinés d’abord aux élèves en pharmacie de Cauvet. L’analyse qu’en fit le Bulletin de la Société botanique de France souligne la relation faite par l’auteur entre le développement d’une question et l’intérêt qu’elle présente pour la médecine, le caractère nouveau de l’attention qu’il porte aux falsifications des drogues et à l’instruction des élèves sur ce point, enfin la vulgarisation qui est faite de procédés peu connus employés par Eugène Hepp, le pharmacien en chef des Hospices civils de Strasbourg, et de conseils prodigués par le professeur Oberlin, titulaire de la chaire de matière médicale de l’Ecole supérieure de pharmacie.

Conclusion

 Philippe Désiré Cauvet représente bien l’universitaire du XIXe siècle très titré et dont la carrière riche et variée a fréquemment été successivement militaire et civile. C’est à Lyon qu’il a eu les activités les plus diversifiées. Il y a très certainement été heureux d’apprendre la création, par le décret du 25 décembre 1888, de l’Ecole du Service de santé militaire, qui était l’héritière de celle de Strasbourg, et dont Nancy et Montpellier, parmi d’autres villes, avaient aussi sollicité la création en leur sein. Très renommé comme botaniste, auteur d’une oeuvre importante, il a donné une impulsion vigoureuse aux enseignements qui lui ont été confiés et s’est adonné avec ardeur et autorité à la micrographie et à la physiologie végétale. Il est regrettable pour Nancy que l’intransigeance du ministre de la Guerre ait privé son Ecole de pharmacie d’un professeur de cette qualité. On comprend bien sûr ses raisons à un moment, 1874, où le gouvernement craignait une nouvelle guerre contre l’Empire allemand et où les forces de notre pays n’étaient pas encore correctement reconstituées. 

 

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