Auguste FANDRE

Auguste Fandre (1879-1960)[1]

et les Laboratoires Fandre de Nancy

 

Auguste Sébastien Fandre est né le 12 mars 1879 à Colmar, ville qui faisait alors partie du Reichland d’Alsace-Lorraine. Sa famille est venue en France à une date indéterminée, de telle sorte qu’Auguste Fandre a terminé sa scolarité d’étudiant en pharmacie à l’École supérieure de pharmacie de Nancy et qu’il y a soutenu sa thèse de doctorat d’université le 9 juillet 1906 (qui lui valut le premier prix de thèse).

Muni de son diplôme de pharmacien de première classe, il acquit aussitôt la pharmacie Lecuyer, au 4 rue du Faubourg-Stanislas, dans le nouveau quartier de la gare à Nancy. Mais, succédant à un titulaire aux pratiques trop onéreuses, ses débuts furent si modestes qu’il songea rapidement à changer d’activité ! Il réagit toutefois en se diversifiant et en créant un « laboratoire d’analyses et de stérilisation ». À cet effet, il installa un local dédié à son nouvel exercice et s’orienta vers la production industrielle de divers produits stérilisés pour la médecine et la chirurgie (pansements, ampoules, sérums, etc.).

Dès 1907, l’officinal, encouragé par son ancien maître le professeur Félix-Gabriel Guérin, se lança dans l’étude de la stérilisation des catguts et s’aperçu qu’aucune technique alors utilisée n’était satisfaisante. Il mit alors au point un procédé « à l’acétone hydratée » pour stériliser les cordes à boyau (achetées auprès de luthiers) et soumises à un autoclave à surpression. De 1907 à 1914, le « Catgut Fandre » fut reconnu comme satisfaisant par les hospices civils de Nancy, puis adopté par les établissements médicaux locaux. Auguste Fandre avait baptisé son entreprise : « Laboratoire régional de stérilisation et d’analyses ».

Au début de la guerre, le service de santé militaire français dut faire face aux nombreuses et graves blessures des soldats. Le pharmacien-major Albert Goris, de l’Institut Pasteur de Paris, cherchait les moyens d’obtenir des catguts souples, solides, stériles et résistants à la liqueur de Dakin (désinfectant majoritairement employé, qui a l’inconvénient de dissoudre les ligatures de soie). Après avoir testé, en 1915, un échantillon de Catgut Fandre « un des seuls qui ne cultive pas », Goris déclencha une première commande pour l’Armée de 30 000 unités, au début de l’année 1916.

Mais en février 1916, la ville de Nancy fut durement touchée par une attaque aérienne qui détruisit presque intégralement la pharmacie et les laboratoires Fandre. Le pharmacien n’abdiqua pas et créa un deuxième laboratoire en y intégrant une « petite boyauderie » afin de préparer lui-même les catguts chirurgicaux à partir de boyaux frais.

Pendant toute la durée du conflit, l’Armée française commanda de 25 à 30 000 unités de catgut par mois, auxquelles s’ajoutèrent les commandes de l’Armée belge. Cette quantité considérable de matériel médical fit l’objet d’examens rigoureux de la part du Service de contrôle du professeur Goris, et jusqu’à la fin des hostilités, aucun défaut ne fut déclaré. Le matériel des laboratoires Fandre avait donné des gages de qualité et sa notoriété était assurée.

Les locaux nancéiens poursuivirent leur activité après la guerre, en s’agrandissant au fil des années. Ainsi, au début des années 1920, Fandre acquit un terrain derrière son officine pour y aménager de nouvelles installations, qui furent inaugurées en mai 1924. Ces bâtiments, dans un premier temps sans étage, disposés en « U » autour d’une cour centrale, avaient désormais pour adresse : 8 ruelle Saint-Antoine et s’étendaient du 6 au 10 sur une trentaine de mètres. En juin 1924, une extension 8 quai Claude le Lorrain leur donna une nouvelle adresse. S’y pratiquaient successivement : le fendage aseptique des boyaux, puis le « terrinage aseptique », puis la torsion des lanières à l’aide d’un appareil spécifique, puis le séchage prolongé des cordes sur cadre, ensuite le polissage, puis le calibrage. Les cordes étaient ensuite dégraissées, puis bobinées sur des tubes de verre, puis stérilisées par tyndallisation. Enfin, elles étaient soumises au contrôle bactériologique, puis à la mise en tubes. Les laboratoires disposaient aussi d’une flotte de véhicules marqués à son enseigne pour livrer les hôpitaux.

En 1934, Auguste Fandre vendit ses laboratoires au pharmacien Paul Bréard. Sous cette nouvelle direction, les bâtiments furent surélevés d’un étage en 1938. En 1974, une partie de l’établissement fut délocalisée à Ludres, puis l’intégralité fin 1981. Les locaux pharmaceutiques nancéiens fermèrent leurs portes en septembre 1982, puis furent détruits au cours du premier trimestre 1985.

[1]Pierre Labrude, Cécile Raynal, Thierry Lefebvre, « La laboratoires de catgut d’Auguste Fandre, à Nancy », Revue d’histoire de la pharmacie, n° 387, 2015, p. 363-376.

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