Adrian et Cie et Louis-Alphonse ADRIAN

Adrian et Cie

Louis-Alphonse ADRIAN (1832-1911), industriel

Né le 13 février 1832 à Guiscard, petit bourg de Picardie, sur les confins de l’Oise et de l’Aisne, Louis-Alphonse ADRIAN entra comme apprenti dans la pharmacie PAGE, successeur de Baumé. En 1855, il fut reçu premier au concours de l’internat des Hôpitaux de Paris. Il devint alors le préparateur de BUSSY à l’Ecole de Pharmacie. Ses études terminées et couronnées par une thèse sur le lait : composition, analyse, falsifications, en 1859, il succéda à son ancien patron, M. Page, dans la pharmacie de la rue Coquillière tout en poursuivant de travaux très divers.

Il fonda par ailleurs à Courbevoie un laboratoire pour la préparation des produits pharmaceutiques titrés et pour la purification de l’éther et du chloroforme, qu’il avait étudiés en collaboration avec le professeur J. Regnauld. Ce laboratoire (où il fut victime d’un grave accident due à l’inflammation des vapeurs d’éther) fut le berceau de la « Société Française de produits pharmaceutiques ». En effet, loin de se laisser abattre par son accident, Adrian résolut de donner à son industrie plus d’extension. Aidé par M. Mayet, il réunit quelques amis, Marquez et Gallois et, en 1872, constitua le premier capital de la Société. Il commercialise donc le chloroforme mais aussi le bromure d’éthyle Bengué, du bismuth, des extraits divers, etc. qui nécessitent de vaste entrepôts, rue de la Perle, dans le Marais. L’Arrhenal va révolutionner la médication arsénique, mais on trouve aussi des capsules de santal, le Terpinol, , des comprimés de carbonate de chaux, d’hydrate de magnésie, la dragée Adrian au chlorure de magnésium, toutes les vitamines alors connues, la Formine.

Le médicament vedette d’Adrian, c’est le bismuth. Seuls trois laboratoires à cette époque sont autorisés à manipuler et commercialiser ce médicament jugé sinon véritablement dangereux, du moins devant être préparé sous surveillance vigilante. Ce sont Adrian, Darrasse, La Cooper; un peu plus tard Pointet-Girard et Rhône-Poulenc. 

Publicité Adrian pour le Bismuth K
Publicité Adrian pour le Bismuth K (verso)

En 1945, Adrian passe aux mains de Monsieur NOUVEL qui va rénover les locaux par trop vétustes : cours mal pavées, peu accessibles aux camions, parfois dévastées par les crues de la Seine toute proche qui obligent à ravitailler le personnel en barque ou à le conduire à la gare en camion de déménagements, seuls véhicules assez hauts sur pattes. On démolit mais on reconstruit au même emplacement des laboratoires modernes, confiés à quatre pharmaciens et pourvus d’un équipement de contrôle à la pointe du progrès. Enfin, pour dégager les produits de la marque Adrian qu’il estime trop marquée par la galénique, Mr Nouvel rebaptise l’entreprise : D.O.M.S. pour Dérivés Organiques et Minéraux. La maison est reprise en 1975 par la fille de Monsieur Nouvel, Madame Colette Nouvel-Rousselot, à sa mort. Elle enrichit l’entreprise de plusieurs spécialités nouvelles.

Publicité Adrian pour le chlorure de magnésium
Publicité Adrian pour le chlorure de magnésium

NB : L.A.

Adrian fut lauréat des hôpitaux et de l’Ecole de Pharmacie, membre de la Société de Pharmacie et de la Société de Thérapeutique, et expert du Ministère du Commerce.Arrivé à l’extrême limite de ses forces, il s’était résigné à la retraite mais mourut en 1911 le matin du jour où il devait cesser ses fonctions.

Complément (A. Frogerais, 2018):

En 1935, le laboratoire est dirigé par André Legier. Les ventes des matières premières destinées à la fabrication des préparations magistrales et des médicaments du Codex diminuent  au profit des spécialités. Ne disposant pas de centre de recherche, le laboratoire se contente de fabriquer des spécialités sans originalité à partir de produits connus. L’entreprise n’investit plus, les locaux sont vétustes.

En 1945, une vingtaine de spécialités  sont inscrites au dictionnaire Vidal dont plusieurs médicaments  à base de bismuth. le laboratoire est cédé à Lucien Nouvel. En 1962 il crée le laboratoire DOM puis DOMS dans les mêmes locaux. Deux ans plus tard, le laboratoire Adrian est vendu à Rhône Poulenc, le siège social et la production déménagent à Commentry (Allier). En 1969, il fusionne avec le laboratoire Marinier qui apporte Diénol, Bi-Citrol, Salgydalet  prend le nom de Laboratoires Adrian-Marinier.

 

En 1977,  les sels de bismuth sont interdits en France ce qui prive l’entreprise d’une partie importante de son chiffre d’affaire. Rhône Poulenc n’apporte aucun nouveau produit.

En 1988, ils sont achetés par les laboratoires DOMS dirigés par la fille de Lucien Nouvel, Colette Nouvel-Rousselot et sont rebaptisés DOMS-Adrian, le siège sociale  réintègre Courbevoie. En 1996 l’usine vétuste de Commentry est abandonnée, la production déménage à Saint Victor (Alllier) dans des locaux neufs. La majorité de l’activité est réalisée avec la gamme ORL Hexapneumine, Hexaspray, l’antalgique Salgydal reformulé sous forme de comprimés et des médicaments génériques vendus sous des noms de fantaisie. En 1999, l’effectif est de 150 personnes, l’entreprise réalise un chiffre d’affaire de 28 millions  d’Euro, elle est absorbée par le groupe italien  Riccordati et change de nouveau de raison sociale, elle devient Riccordati Doms puis en 2001, Bouchara Riccordati.

Produits commercialisés par ADRIAN en 1949-1950 (cf Le livre du praticien) :

Adrialgine, Arrhénal, Bismuth Adrian K, Carbonate de Chaux Adrian, Chlorure de Magnésium Adrian, Ether anesthésique Adrian, Eucalypto-Gaïacol, Hydrate de Magnésie Adrian, Révulsif Adrian, Suppositoires Eucalypto-Gaïacol, Carbobismuth, Io-Salyl, Hépatovichy, Nevralgol.

Bibliographie:

L-A. Adrian, Recherches sur la solution officinale du perchlorure de fer, sa préparation à l’état neutre et exempt d’altération, Paris 1860

L-A. Adrian, Sur la préparation du chloroforme destiné à l’anesthésie chirurgicale, Bulletin général de thérapeutique médicale et chirurgicale, Paris 1864

L-A. Adrian, Etude historique sur les extraits pharmaceutiques, Paris 1889

L-A. Adrian, Du rôle des poudres alimentaires en thérapeutique, Paris, 1991

Nicholas Sueur, Les Spécialités pharmaceutiques au XIX°siècle: statuts et fondements de l’innovation », Le Mouvement Social, 2014/3, n°248, 27-46

Tags: No tags

Comments are closed.