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Frédéric Rimattei (1881-1961)

Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille   (A.A.P.M.M.)

   Le professeur Frédéric Rimattei (1881-1961) 

Par les Professeurs Robert Aquaron et Jean-Pierre Reynier

Figure 1- entrée du grand lycée de Marseille au cours Julien années 1900.

1881Le 22 avril naissance de Frédéric Rimattei à Bastia – Corse. Il fait ses études au lycée de Bastia où il obtint le certificat d’études primaires tout en travaillant comme coursier à l’agence de la compagnie de navigation Fraissinet, puis les Brevets élémentaire et supérieur et enfin le baccalauréat en Mathématiques en 1900. Sa famille avait des ancêtres en Suisse alémanique et son nom serait la « corsisation » de Rittmeister, capitaine en allemand.

1902-1903il devient instituteur dans l’enseignement primaire à Sainte Lucie de Moriani puis à Rogliano et à Canari.

Figure 2 – Faculté des Sciences – allées de Meihlan

1903Le proviseur du lycée de Bastia, Louis Doux, qui vient d’être nommé Directeur du Grand lycée à Marseille (il deviendra lycée Thiers en 1930) (Fig.1) amène avec lui Rimattei qui sera son secrétaire et répétiteur d’internat. Il lui ouvre également les portes de l’Enseignement Supérieur en devenant l’élève de Charles Fabry (1867-1945), professeur de physique depuis 1894 à la Faculté des Sciences (située alors aux allées de Meihlan), mondialement connu pour la découverte de l’interféromètre de Fabry-Perrot (Fig.2 et 3).

Il devient licencié ès science physique avec 7 certificats puis docteur ès Sciences physiques.                                                                                         

1908Il est nommé professeur de physique au lycée de Gaillac – Tarn.

1919Il obtient l’agrégation de physique de l’Enseignement secondaire et devient professeur de physique au Grand Lycée de Marseille. Puis Il commence ses études de pharmacie à l’Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie de Marseille située au Pharo. Par la suite il obtient son doctorat d’Etat en Pharmacie à la Faculté de Paris.  Enfin Il entreprend ses études de Médecine à Marseille puis va passer sa thèse de Médecine à la Faculté de Médecine de Montpellier.

1923Il est cofondateur de la revue « Les archives de Médecine générale et tropicale »(Fig.4).

Figure 3 – Pr. Charles Fabry

1930l’Ecole de plein exercice de médecine et de pharmacie devient « Faculté mixte de Médecine générale et coloniale et de Pharmacie » de l’Université d’Aix-Marseille. L’enseignement de la pharmacie est transféré au n° 92 de la rue Auguste Blanqui, située près de l’hôpital de la Conception (Fig.5).

Figure 4 – Archives de médecine générale et tropicale – 1924

1933Il devient professeur de physique à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Marseille qui se trouve au Pharo. Il assure son enseignement théorique et pratique à la rue Auguste Blanqui.

1935Il succède au Pr. Alexandre Blanchetière (1875-1934) comme professeur titulaire de la Chaire de Chimie analytique et d’Hydrologie.

Ses principaux travaux sont consacrés à l’étude physico-chimique  (Mesure de la conductivité électrique et de la concentration en cations : sodium, potassium, calcium, magnésium et en anions : chlorure, fluorure, bicarbonate, sulfate) des eaux minérales d’une vingtaine de stations thermales en particulier celles proches de Marseille comme Les Camoins, Aix-en-Provence, Gréoux-les Bains, Digne (Fig.6).

Il a contribué à démocratiser le thermalisme comme le raconte le journaliste J.R Laplayne dans l’article de la Provence Magazine du 16 aout 1961 intitulé « L’incroyable carrière du Professeur Rimattei »

Figure 6 – Le Pr Rimattei lors d’une mission hydrologique à Digne

Son expertise a permis d’obtenir le remboursement des cures thermales par la branche maladie de la Sécurité sociale qui rappelons-le a vu le jour le 9 octobre 1945 par ordonnance du Gouvernement provisoire de la République française, dirigée par le général de Gaulle de septembre 1944 à janvier 1946.

Il va également étudier les eaux ferrugineuses de son ile natale la Corse en particulier celle d’Orezza en Haute-Corse, située au Nord-Ouest de Rapaggio en Castagniccia, décrites dès 1856 par le Pr. Marchand de Paris qui proclamait » Il n’existe pas dans le monde une eau de cette nature qui offre autant d’avantages que celle d’Orezza ».  

Figure 7 L’eau d’Orezza

 

La consommation de l’eau de source est autorisée par décret ministériel et elle est vendue dans les officines pharmaceutiques jusqu’à la seconde guerre mondiale.

En 1943 lors de l’occupation allemande, l’eau d’Orezza est mise en bouteilles et envoyée en Afrique aux soldats de l’Afrika Korps.                

Actuellement l’exploitation de la source est active et on la trouve en Corse, en France métropolitaine et en Europe (Fig.7).

En hygiène urbaine, les eaux d’alimentation de la ville de Marseille ont fait l’objet d’études physico-chimiques et bactériologiques.

Il va également collaborer avec un autre corse de Bastia, le Pr. Charles Mattei, professeur de Clinique médicale à l’hôpital de la Conception, dans le service des tuberculeux du pavillon Tivolier.

Il étudie la conductivité électrique du sérum humain à l’état normal et pathologique. Le sérum est caractérisé par une concentration normale en protéines voisine de 70g/l qui se trouvent sous forme d’anions.  Rappelons que la conductivité électrique est la mesure de la capacité d’un milieu aqueux à conduire l’électricité et qu’elle dépend de la concentration totale et de la nature des cations et anions dissous. Cette technique globale peut être considérée comme l’ancêtre de l’ionogramme qui a vu le jour dans les années 1950 et qui permet de doser individuellement les cations et les anions. Chez les tuberculeux, il constate une élévation de la conductivité.

L’eau d’Orezza fait partie du traitement.   

Figure 8 Le Professeur Rimattei

Le Pr. Charles Mattei lui rendra hommage, lui qui n’est pas clinicien, dans son livre qui retrace la biographie de 26 professeurs de l’Ecole de Médecine.

1950Le doyen de la faculté de Médecine et de Pharmacie, le Pr. Lucien Cornil le propose comme professeur à la Classe exceptionnelle en raison des services rendus depuis 45 ans à l’Université (Fig.8).

1951A son départ à la retraite, il est remplacé dans la chaire de chimie analytique et d’hydrologie par son élève, le Pr Marcel Arnoux (1899-1964) puis quelques années plus tard, par le Pr. Jean Pastor (1926-2001).

1961Le 8 juin il décède à l’âge de 80 ans à son domicile de la rue Sainte Victoire. Son éloge funéraire sera écrit par le Pr. Charles Mattei dans le bulletin du syndicat des médecins de Marseille dans le numéro d’août 1961.

Sources :

  • Pieri J, Panzani R. Manuel d’hydro-climatologie clinique et thérapeutique. Ed. M. Leconte, Marseille, 1949, 339 pages
  • Rimattei F. Bref historique de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Marseille, Revue d’histoire de la pharmacie, 1953, vol 41, N°137, pp. 66-67
  • Laplayne J.R. L’extraordinaire carrière du professeur Rimattei.  Provence -Magazine aout 1961, N°107, pp.23-27
  • Mattéi C. Savoir et humilité. L’école de Médecine de Marseille. Masson Paris, 1968, Frederic Rimattei, pp. 227-233
  • Vautravers C. Les sources des Camoins et du Roucas-blanc in « Vingt-six siècles de médecine à Marseille » dirigé par Serratrice.G, Ed. Jeanne Laffitte, Marseille, 1990, pp.239-246.
  • Delaage M. Les thermes de Camoins-les-bains, inscrits à l’Association des villes thermales, in « La santé à Marseille », , Editions du comité du Vieux-Marseille, 2020, pp. 233-234

 

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