Biographie de Paul Mounier, par Georges Repiton (1972)
Le pharmacien Georges Repiton a écrit une biographie de Paul Mounier qui fut présenté par Henri Bonnemain à la séance du 18 décembre 1972 de la Société d’histoire de la pharmacie. Paul Mounier, pharmacien, était le père du philosophe Emmanuel Mounier.
Georges Repiton raconte :
« Autodidacte, Paul Mounier acquit son diplôme à force de travail et de persévérance. En pharmacie comme en biologie médicale, il fut un précurseur et un chercheur. Je l’ai bien connu puisqu’il fut l’élève de mon père, pharmacien durant 50 ans à Vinay, dans l’Isère, au pays des noix de Grenoble et des fromages de St Marcellin. Je possède deux ouvrages de Paul Mounier qu’il m’a dédicacés en souvenir de mon père. Ces ouvrages : Parvi-analyse des Eaux et Parvi-analyse du sang et des urines, ont eu leur heure de célébrité. ils étaient destinés à vulgariser des méthodes simples de recherches analytiques médicales ou hydrologiques, à la portée du pharmacien d’officine, avec un matériel réduit et miniaturisé. Il fit là œuvre de véritable précurseur en micro-méthodes.
Paul Mounier naquit en 1873 dans une famille modeste. Il entra à la pharmacie de mon père vers l’âge de 16 ans, comme apprenti. Travailleur acharné, mon père nous a souvent raconté que son attention fut attirée par ce tout jeune homme, qui ne perdait jamais une minute dans son travail, et qui ne quittait jamais la lecture d’un ouvrage sur la pharmacie dès qu’il avait un instant de repos. Il dévorait le Codex, le Dorvault et les classiques de chimie, de matère médicale, de botanique ou autres ouvrages qu’il trouvait à l’officine. Cette ardeur, ce travail acharné, décidèrent mon père à orienter Paul Mounier vers les études pharmaceutiques et à l’inciter à préparer « l’examen de grammaire » qui permettait, à cette époque, de postuler le diplôme de pharmacien après trois ans de stages et trois ans dans une école ou une faculté de pharmacie. reçu à cet examen et à son stage, Paul Mounier suivit les cours à l’Ecole de Pharmacie de Grenoble où il obtint son diplôme de pharmacien de 2° classe que ses travaux lui permirent, par la suite, de faire transformer en diplôme de 1er classe. Comme l’avait fait mon père, il s’inscrivit aussi et suivit les cours de Médecine en vue de préparer le diplôme de médecin, comme officier de santé, ce qui correspondait à cette époque au diplôme de 2° classe en pharmacie. Mais la nécessité de gagner rapidement sa vie ne lui permit pas de continuer ses études médicales.
Entré presque aussitôt comme pharmacien-assistant dans une des plus grandes pharmacies de Grenoble, la pharmacie Puy, il y restera jusqu’en 1948. Il y poursuivit de nombreux travaux, tant en pharmacie chimique qu’en pharmacie galénique et en biologie médicale. Il y créa au début du XXe siècle le laboratoire d’analyses médicales spécialisé, à Grenoble, l’un des premiers en France. Il y travaillera jusqu’à sa retraite grenobloise en 1948 ; chercheur infatigable, il collaborera souvent avec le docteur Beytout, professeur de l’Ecole de Médecine.
Ses nombreux travaux lui valent une certaine renommée et des prix à l’époque fort appréciés : Prix Brassac en 1910, Prix Lefrancq en 1927. Il en eut d’autres moins connus et dont je n’ai pu me procurer la liste. Au cours de ses études, il avait aussi moissonné les récompenses : 1er prix de chimie en 1898 et 1899, 1er prix d’Histoire Naturelle en 1899 et quelques autres…. »