A la fin du XIXe siècle, le pharmacien Vincent, de Grenoble, édite le « Traité des maladies ».
Celui que nous allons examiné est la 52e édition, non datée. Le titre complet de l’ouvrage est « Traité pour la guérison prompte et radicale des maladies de la peau et des vices du sang ».
Le pharmacien Auguste Vincent commercialisait divers produits pharmaceutiques dont le Sirop dépuratif Vincent qui aura droit à une affiche publicitaire de Cheret. Il sera toujours actif jusque dans les années 1940. On voit en effet encore dans le dictionnaire Vidal de 1946 ce fameux sirop dépuratif des laboratoires Auguste Vincent, 8, place Victor Hugo à Grenoble.
Comme l’indique le créateur du produit, « mon sirop a pour effet d’éliminer du sang toutes les matières âcres qu’il contient et qui sont la source d’un grand nombre d’affections qui se manifestent avec plus ou moins d’intensité selon le degré plus ou moins grand d’impureté du sang : dartres, boutons, démangeaisons, eczéma, etc., etc. »
Vincent signale qu’il a reçu des « milliards de lettre d’attestations » qui prouve l’efficacité du produit. Il indique également que ses produits sont à base de plantes « toutes fraiches » car provenant des montagnes proches de Grenoble. Les indications du sirop sont extrêmement larges : affections de la peau, mais aussi « maladies chroniques de la poitrine » : toux, crachements persistants, bronchite chronique, catarrhe et phtisie, « propriétés que je ne lui connaissais pas quand je l’ai composé, et qui m’ont été signalées par des centaines de personnes qui en ont fait usage ». Selon le pharmacien, la production annuelle est de 50.000 bouteilles !
Dans un chapitre consacré aux maladies dartreuses ou herpétiques, Vincent examine un grand nombre de pathologies qui peuvent bénéficier du sirop seul ou associé à d’autres produits Vincent. Pour la surdité, par exemple, « il faut un litre de sirop dépuratif n°1, deux boites de pilules antiglaireuses et trois boites de pilules toniques ferrugineuses », pour un total de 32 francs. Pour la « mauvaise haleine », il faut un litre de sirop dépuratif n°1, une boite de poudre alcaline et trois boites de pilules toniques ferrugineuses », pour un total de 36 francs.
Dans un nouveau chapitre intitulé « Scrofule, Vices du sang et la Syphilis constitutionnelle, Vincent examine à nouveau toutes sortes d’affections aussi diverses que goître, cancer, tumeurs, maux d’yeux, etc. Pour guérir ces derniers, « il faut un litre de sirop dépuratif n°1, quatre boites de pilules toniques ferrugineuses et un collyre pour laver les yeux trois fois par jour », pour un total de 31 francs.
D’autres chapitres sont consacrés à la syphilis ou maladies vénériennes, aux maladies de la moelle épinière (pour lequel on applique le même traitement que pour la « mauvaise haleine » ! ), aux maladies des voies urinaires, à la maladie du testicule, à la phtisie, etc.
Parmi les médicaments préparés par le pharmacien Vincent, on trouve aussi un élixir de Quinquina composé, « un réparateur des forces, le plus fortifiant, qui excite le plus l’appétit, qui facilite le plus la digestion de tous les médicaments » et qui est préparé « avec des appareils à vapeur spéciaux ». Un page de l’ouvrage est consacré au mode de paiement des produits : par mandat-poste, avec la commande.
Le reste du document est consacré aux témoignages des patients quant à l’efficacité des traitements. En voici quelques exemples :
– « Je vous dois la vie ; grâce à votre traitement dépuratif, je travaille et me porte très bien. J’ai bien vu des médecins, et c’est à vous que je dois la reconnaissance d’être en bonne santé après quatre ans d’une maladie de peau qui me tenait les deux jambes. (F.B. Rozay-en-Brie, Seine et Marne, le 30 juillet 1883). »
– « J’ai commencé votre traitement dépuratif il y a un mois, et ma surdité est entièrement passée : j’ai le bonheur de pouvoir jouir du plaisir de la conversation. les bourdonnements de deux oreilles sont aussi guéris. (B. A. V., Corte (Corse), le 26 septembre 1882) ».
– « Monsieur, Souffrant depuis plusieurs années de maux d’estomac, insomnie, mauvaise digestion et surtout faiblesse nerveuse, après avoir pris votre traitement suivant votre brochure, tous ces maux ont disparu sans laisser aucun malaise ; je vous dois la vie. (P.F. Mulhouse (Alsace), le 26 décembre1883). »
– « Il est de mon devoir de venir, par la présente, vous remercier de m’avoir guéri du mal de reins et d’estomac que j’avais depuis vingt ans, et qu’aucun médecin n’avait pu me guérir, grâce à votre sirop dépuratif et aux pilules toniques que vous m’avez envoyés il y a passé un an ; car depuis que je les ai pris, je ne sens plus aucun mal. (François Guillaume, à Morvillars, canton de Delle, Haut-Rhin, le 3 mars 1889) ».
– « Monsieur Vincent, Vous m’avez sauvé la vie, mille fois merci, vous m’avez guéri d’un chancre dans la bouche que j’avais depuis vingt-quatre ans et que nos médecins ne pouvaient pas guérir, pensez ce que j’ai souffert. J’ai continué cinquante jours avec vos médicaments. les boutons dans le visage ont aussi disparu. Je vous prie de publier ma lettre parce que je n’ai jamais entendu parler d’une pareille guérison, c’est comme un miracle. Encore une fois mille remerciements pour vos bienfaits. (A.H., à Scherwiller, près Schlestad (Alsace), le 3 février 1892) ».
Le Vidal de 1946, indique la composition de ces produits :
– Sirop dépuratif Vincent : Sirop de Salsepareille composé, mile d’abeille.
– Poudre digestive et rafraîchissante : Sel de Vichy, lactose, pepsine, citrate de lithine.
– Poudre alcaline rafraîchissante : Sel de Vichy, nitrate de potassium, citrate de lithine. On peut également voir sur Gallica ce document et la 67e édition.