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Pois à cautères de Le Perdriel

Extrait de l’ouvrage du docteur Dehaut (1902) sur ce sujet1 :

Un cautère est une petite plaie artificielle que l’on établit en vue d’entretenir une suppuration active et continue. Le cautère diffère du vésicatoire à demeure, en ce que celui-ci entretient une suppuration superficielle, tandis que le cautère traverse la peau et attire l’humeur d’une certaine profondeur. Dans certains cas, on attache une grande importance à cette disposition.

L’établissement d’un cautère est bien plus difficile que celui d’un vésicatoire, et il exige absolument l’intervention d’un médecin. Ce fait nous dispense de toute explication sur l’opportunité d’établir cet exutoire et sur le lieu où il convient de l’établir ; car, cela est évident, le médecin ne met un cautère que s’il le juge utile, et il connait la place qu’il faut choisir, laquelle varie, suivant les circonstances.

Notre but n’est donc pas de faire connaître ici les circonstances dans lesquelles l’usage du cautère est salutaire. … Les pois sont la base du pansement de cautère.

Les pois faits avec la racine d’iris, avec les petites oranges ou d’autres matières solides, ont l’inconvénient d’être durs, de se dilater inégalement et, à cause de cela, de blesser les surfaces vives de la plaie qu’ils doivent entretenir. Il y a là une cause de souffrance pour les personnes délicates et impressionnables. M.

Le Perdriel, dont l’ingéniosité s’est révélée dans tant d’inventions utiles, a imaginé de faire des pois élastiques, en se servant du caoutchouc. Ces pois sont souples ; ils ne blessent pas, et leur forme fonde se conserve lorsqu’ils se gonflent dans la plaie. Mais ce n’est pas tout. En mélangeant au caoutchouc de la poudre de guimauve, on rend les pois plus émollients ; en y mélangeant de la poudre de garou, on les rend suppuratifs au degré voulu ; en y incorporant d’autres substances, on leur communique les propriétés qu’on désire, selon les circonstances.

Les personnes qui sont obligées de garder leur cautère pendant longtemps sont exposées à voir des modifications se produire dans la marche de leur exutoire, par suite de circonstances diverses et accidentelles. Or, cette variété de composition des pois permet à ces personnes de remplacer l’un par l’autre, et de régler ainsi la marche de leur cautère.

Voilà pour ce qui concerne les pois à cautères, ce qui est la partie la plus importante ; quant aux autres détails du pansement, ils sont également simplifiés. Le diachylon, les feuilles de lierre, les papiers emplastiques, sont remplacés par le taffetas rafraichissant Le Perdriel, qui n’a pas besoin d’être graissé et dont l’emploi est très commode, et des compresses en papier lavé, fabriqué spécialement pour cet usage, remplacent le linge destiné à absorber l’humeur et à protéger le cautère contre les chocs et les froissements.

Il faut être condamné à la sujétion d’un cautère pour bien apprécier le mérite de ses perfectionnements. Aussi, il est sans exemple qu’une personne habituée à se servir de ces moyens les ait abandonnés pour en employer d’autres ; c’est le contraire qui s’observe toujours….

Lorsque, par suite de quelques circonstances passagères, un cautère devient douloureux et s’enflamme à son pourtour, on met des pois à la guimauve, sans taffetas, et on recouvre le mal d’un cataplasme d’amidon, de fécule, ou simplement de farine de blé, jusqu’à ce que l’inflammation soit passée.

Si la suppuration d’un cautère vient à prendre une mauvaise odeur, on pourra empêcher cette odeur de se produire en le saupoudrant d’un peu de la poudre phénique…avant de poser la feuille de taffetas rafraichissante.

  1. Manuel de médecine, d’hygiène, de chirurgie et de pharmacie domestiques par Dehaut…24ème édition, Paris, chez l’auteur, 1902
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