Extrait de l’ouvrage du docteur Dehaut (1902) sur ce sujet1 :
L’emplâtre du pauvre homme est un remède usité en Angleterre depuis un temps immémorial. il y jouit d’une réputation immense et si bien méritée qu’aux yeux des matelots, qui sont nombreux en ce pays, c’est un remède universel pour toutes les douleurs auxquelles ils sont exposés si fréquemment par leur rude métier.
C’est le goudron de Norvège qui forme la base de ce médicament. Malgré sa grande vogue, ce remède était préparé, en Angleterre, d’une manière souvent défectueuse, par les nombreuses personnes qui s’en occupaient, et c’est en vue d’obtenir un produit irréprochable et toujours semblable que M. Béral s’est attaché à en organiser la préparation en grand; ces perfectionnements étaient nécessaires pour faire accepter ce remède par le public français.
L’emplâtre du pauvre homme est un révulsif analogue à l’emplâtre de poix de Bourgogne, mais d’un emploi plus facile. Il amène à la peau une chaleur, une rougeur et une éruption plus ou moins prononcée de très petits boutons qui causent une démangeaison salutaire. Cet emplâtre est souvent employé pour calmer et guérir les douleurs occasionnées par le froid ou par l’humidité, c’est à dire les fraîcheurs, les rhumatismes chroniques. il convient notamment, dans le rhumatisme musculaire et dans celui des articulations, lorsqu’il n’existe pas de fièvre.
Mais, ce n’est pas seulement contre ce genre de douleur que l’emplâtre du pauvre homme est utile ; il peut aussi être employé comme révulsif, sur la poitrine et dans le dos, dans le cas d’irritation des broches, de bronchite commençante, de gros rhumes, de points de côté.
Lorsqu’on veut se servir de cet emplâtre, on en coupe un morceau dont la grandeur doit être appropriée à étendue de la douleur, et on l’applique sur le mal, après l’avoir préalablement chauffé très légèrement devant le feu ; ou mieux, en promenant un instant le côté imprimé sur une bouteille contenant de l’eau chaude.
On doit le laisser en place pendant cinq ou six jours, après quoi on l’enlève et on le remplace par un autre, lorsque la douleur persiste. pour nettoyer la place, on se sert d’un linge imbibé d’huile d’olive…
- Manuel de médecine, d’hygiène, de chirurgie et de pharmacie domestiques par Dehaut…24ème édition, Paris, chez l’auteur, 1902