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Quinium Labarraque

Extrait de l’ouvrage du docteur Dehaut (1902) sur ce sujet1 :

« Il existe plusieurs espèces d’arbres à quinquina, comme il existe, par exemple, plusieurs espèces de cerisiers, de pommiers, etc… Quand on fait l’analyse des écorces provenant de ces diverses sortes de quinquinas, on voit qu’ils renferment les mêmes principes, mais en proportions et en quantités très différentes. Il résulte de cette particularité que les meilleures préparations, faites avec des écorces de choix, diffèrent pourtant beaucoup entre elles, malgré tout le bon vouloir des préparateurs.

M. Labarraque, chimiste habile, pensa faire une chose très utile en cherchant à remédier à cet état de choses, ce qui, à la vérité, ne semblait guère possible. Voici la marche qu’il suivit pour arriver à la solution du problème : Il prit les quatre meilleures espèces de quinquina qui, malgré leurs qualités, étaient loin d’avoir une valeur égale ; se basant sur de bonnes analyses, il fit un mélange de ces quatre écorces, en proportions inégales, de manière à obtenir une moyenne. Ce mélange, pulvérisé et traité par des moyens chimiques appropriés, fournit un extrait auquel on donna le nom de quinium. C’est avec ce quinium que l’on exécute les diverses préparations, et il est aisé de voir que ces préparations seront toujours identiques et semblables, puisque c’est le même produit qui est employé pour les faire.

Lorsqu’on a besoin de faire une nouvelle fabrication de quinium, on se procure, en grande quantité, les quatre bonnes sortes d’écorces ; on en fait l’analyse, et on en varie les proportions, selon les résultats de ces analyses, de façon à obtenir toujours la moyenne primitivement arrêtée. L’importance de cette uniformité de composition a été si bien comprise que la plupart des médecins de tous les pays ont adopté le Quinium Labarraque, de préférence aux extraits et aux autres préparations des pharmacies.

Le quinium possède toutes les propriétés du bon quinquina et beaucoup de médecins qui exercent dans des contrées à fièvres intermittentes le préfèrent au sulfate de quinine lui-même, dans le traitement des fièvres qui n’ont pas une gravité extrême. On en fait des pilules, des potions, selon les circonstances qui guident le médecin. Ici, nous ne pouvons parler que du vin de quinium, préparation dont l’usage est à la portée de tout le monde.

On ne saurait en douter, d’après ce qui précède, le vin de quinium est bien la meilleure préparation de ce genre, et, d’ailleurs, c’est la seule qui ait reçu l’approbation de l’Académie de médecine. Pour préparer ce bon remède, on se sert du meilleur vin d’Espagne, du vin de Malaga, dans lequel on fait dissoudre du quinium autant qu’il peut en absorber. Ce vin est plus amer que les autres préparations analogues, ce qui tient à la grande proportion des principes fébrifuges qu’il renferme ; mais, cette amertume n’est pas désagréable et n’empêche pas de prendre le remède avec plaisir. Néanmoins, il y a des enfants, et même des adultes, qui ne supportent pas même l’amertume franche du quinium ; dans ce cas, il suffit de mettre le vin dans un verre d’eau ; ainsi étendu, il est très agréable à prendre, et son action bienfaisante n’en souffre pas. La dose du vin de Quinium Labarraque varie de deux à cinq ou six cuillerées à bouche, à la fois, à renouveler de deux à quatre fois par jour, selon que le besoin du remède est plus ou moins marqué.

Comme tonique, on en prend une dose le matin, en s’éveillant ; une dose pareille avant chaque repas, et une dernière en se couchant, soit pure, soit allongée d’eau à volonté. Lorsque l’estomac semble bien fortifié, on ne prend plus que les doses du matin et du soir ; puis, on cesse tout à fait, pour recommencer plus tard, dans le cas où le besoin de tonique se rencontrerait de nouveau. Les cas dans lesquels ce vin est bon, comme tonique,sont nombreux ; il s’emploie surtout dans la dyspepsie, les faiblesses d’estomac, la chlorose, l’anémie, les convalescences paresseuses, les malaises de la grossesse, les suites de couches, les états de langueur causés par les fièvres intermittentes, et, en général, toutes les fois qu’il existe de la faiblesse ne dépendant pas d’une affection aiguë.

Comme préservatif des fièvres d’accès. Lorsqu’on habite un pays malsain et sujet aux fièvres intermittentes, il suffit de prendre, le matin, une dose un peu forte de vin de quinium pour se préserver du mal. Comme fébrifuge. Lorsqu’il existe des accès de fièvre intermittente qui ne sont pas d’une violence inquiétante, il convient de prendre le vin de quinium, exactement comme on prendrait le sulfate de quinine et en suivant les indications données à l’article Fièvres intermittentes. Dans ce cas, il ne faut pas craindre de forcer la dose. La guérison obtenue par le vin de quinium est plus radicale, plus sûre qu’à l’aide du sulfate de quinine seul, à cause des autres principes du quinquina que le quinium renferme… »

 

 

 

1. Manuel de médecine, d’hygiène, de chirurgie et de pharmacie domestiques par Dehaut…24ème édition, Paris, chez l’auteur, 1902

 

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