Extrait de l’ouvrage du docteur Dehaut (1925) sur ce sujet1 :
Le chloral, dont l’emploi se généralise de plus en plus, est un médicament qui rend les plus grands services à l’humanité, car, en supprimant la douleur, il procure un sommeil calme et réparateur, sans laisser, au réveil, aucun des inconvénients qui surviennent le plus souvent après l’emploi des préparations opiacées. Beaucoup d’autres avantages recommandent l’usage de ce médicament ; on peut, en effet, l’administrer sans danger aux enfants et aux malades déjà dans un état de grande faiblesse et, chose remarquable, il n’est pas nécessaire d’élever progressivement les doses pour obtenir les mêmes effets, comme cela arrive pour les autres médicaments. Aucune douleur n’échappe à l’action du chloral ; ce n’est pas qu’il possède un effet curatif immédiat de la maladie, mais il relève les forces, le courage des malades par le soulagement que procure le sommeil, et favorise ainsi la guérison. C’est ainsi que son action peut rendre de grands services dans la Goutte.
Comme l’usage de ce médicament se répandait de plus en plus, un éminent pharmacien-chimiste de Paris, M. Follet, s’est préoccupé d’en rendre l’emploi facile et sans danger pour le public, et il a composé un sirop connu dans le monde entier sous le nom de sirop de Follet. Le chloral qu’il emploie pour faire son sirop, il en garantit la pureté absolue, car il le fabrique lui-même ; dès lors, plus de divergences dans les résultats obtenus, comme cela arrivait avec certains produits livrés à la consommation. Le sirop de Follet est, en outre, dosé de telle façon que chaque cuillerée à bouche de sirop contient un gramme de chloral, et chaque cuillerée à café vingt-cinq centigrammes.
Avec le sirop de Follet, les médecins peuvent facilement contrôler les effets du médicament et le graduer à volonté, les personnes qui désirent calmer leurs douleurs ou faire cesser leurs insomnies, savent qu’en prenant une cuillerée à bouche de sirop de Follet, elles prennent un gramme de chloral. Le sirop de Follet est généralement employé à la dose de une à trois cuillerées à bouche pour les grandes personnes, et de une à deux cuillerées à café pour les enfants.
Nous recommandons aux malades de laisser toujours un certain intervalle (trente à quarante minutes) entre la première et la seconde cuillerée, de même que pour la troisième, et de ne les administrer que s’il leur est bien démontré que la première ne suffit pas à produire l’effet attendu.
Le sirop de Follet peut se prendre pur ou dans un demi-verre d’eau fraîche. Il faut, si on le prend pur, boire un peu d’eau fraîche après ; on atténue, de cette manière, la saveur assez marquée du chloral. Dans le cas où il serait impossible ou très difficile de le faire prendre par la bouche, on obtiendrait le même résultat, en mettant la dose de sirop dans un petit lavement d’eau pure.
- Manuel de médecine, d’hygiène, de chirurgie et de pharmacie domestiques par Dehaut…29ème édition, Paris, chez l’auteur, 1925