Extrait de l’ouvrage du docteur Dehaut (1902) sur ce sujet1 :
Toutes les fois qu’à l’aide de moyens énergiques, comme les vésicatoires, la moutarde, l’essence de térébenthine, le thapsia, l’huile de croton, le papier Wlinsi on provoque à la peau une souffrance volontaire, pour apaiser une souffrance interne, on fait de la révulsion, et les moyens employés sont des révulsifs…
Le papier Wlinsi agit avec une énergie moyenne,d’une façon régulière, et, à cause de cela, il convient plus spécialement dans les cas d’une intensité moyenne aussi, et surtout chez les sujets jeunes et délicats. C’est principalement dans les affections aiguës des voies respiratoires, dans les bronchites commençantes, que ce révulsif est employé. Voici comment on procède, pour obtenir le meilleur résultat possible dès qu’on commence à ressentir, dans le haut de la poitrine et dans la gorge, une sensation de chaleur et d’irritation qui annonce le commencement d’un rhume, et, à plus forte raison, si une toux douloureuse et sèche existe déjà, on place une feuille de papier Wlinsi en travers, sur le devant delà poitrine, le bord supérieur arrivant au niveau des clavicules. Il suffit de presser avec la main sur la feuille de papier, pour qu’elle se fixe à la peau et y reste adhérente, sans aucun bandage. Au bout de quelques heures, on commence à ressentir une chaleur qui va en augmentant et finit par être une cuisson assez forte, mais tolérable: puis, peu à peu, il se produit une éruption de petites vésicules remplies d’une sérosité incolore. Cette éruption s’étend quelquefois bien au delà du papier; elle est accompagnée d’une démangeaison que l’on calme, en frottant avec un linge un peu ferme, ou bien avec de l’huile à manger.
Si, après deux jours, on ne constate pas une amélioration évidente, on applique une seconde feuille de papier Wlinsi entre les épaules. On peut même en appliquer successivement sur toutes les parties de la poitrine où le mal semble le plus intense, et revenir à un même endroit, lorsque l’éruption est passée.
Bien entendu, l’application du papier Wlinsi n’empêche pas d’employer en même temps les autres moyens …La combinaison de ce moyen externe avec les remèdes internes rend la guérison bien plus rapide. Un grand nombre de personnes sujettes à des rhumes ou à des bronchites fréquents sont devenues très habiles dans l’emploi du papier Wlinsi, qu’elles s’appliquent sans aucune crainte. Les médecins aiment ce remède, qui suffit fréquemment, et qui, en tout cas, n’empêche pas l’emploi des moyens internes réclamés par les circonstances.
Nous pensons qu’il ne convient pas de se servir de ce révulsif pour les enfants très jeunes, à cause de la démangeaison qui est trop pénible pour eux; mais,
à partir de cinq ou six ans, cet inconvénient n’existe plus. Ce n’est pas seulement dans les irritations de la poitrine que le papier Wlinsi rend des services; on
l’emploie avec avantage contre les douleurs persistantes causées par le froid ou l’humidité, contre les rhumatismes musculaires et les névralgies, pourvu que les parties douloureuses ne soient pas le siège d’inflammation.
- Manuel de médecine, d’hygiène, de chirurgie et de pharmacie domestiques par Dehaut…24ème édition, Paris, chez l’auteur, 1902