Nom féminin, du latin médiéval mumia, de l’arabe Moûmîya ; a donné momie). A désignéà l’origine la substance bitumineuse utilisée dans l’Egypte antique pour embaumer les cadavres puis, par extension, les cadavres ainsi traités.
En pharmacie, les mumies font partie de la matière médicale. Lémery fournit dans son Traité des drogues (1698), des précisions sur leur origine et leur préparation :
» Les premières mumies ont été tirées des sépulcres des anciens Egyptiens, sous les pyramides dont on voit encore de beaux restes à quelques lieuës du grand Caire : cet embaumement étoit fait avec des baumes, de la résine de Cèdre, du bitume de Judée, de la mirrhe, de l’aloès, et plusieurs autres ingrédients aromatiques, capables d’absorber l’humidité des chairs, de boucher les pores, pour empêcher l’entrée de l’air et pour résister à la corruption. »
Il ne se fait toutefois aucune illusion sur la qualité de la drogue que les apothicaires peuvent se procurer, pour l’incorporer à leurs préparations :
« Il ne faut pas croire que la mumie commune qu’on nous apporte soit la véritable mumie d’Egypte qui ait été tirée des sépulcres anciens : celle-là est trop rare ; et si l’on en a quelque partie, on la garde dans les cabinets comme une grande curiosité. Celle que nous trouvons chez les Droguitses, vient des cadavres de diverses personnes que les Juifs ou même les Chrétiens embaument… ».
Les activités thérapeutiques sont nombreuses :
« Elle est détersive, vulnéraire, résolutive, elle résiste à la gangrène, elle fortifie, elle est propre pour les contusions, et pour empêcher que le sang caille dans le corps. »
Le risque septique n’est absolument pas évoqué.
Au XIXe siècle, on est devenu très critique à l’égard de cette drogue. C’est ainsi qu’à l’article « asphalte », l’Offine de Dorvault (1850) précise : « C’est la substance à laquelle les célèbres momies d’Egypte ont dû leur indestructibilité et à laquelle il faut également rapporté les propriétés médicinales merveilleuses qu’on accordait jadis à ces dernières. La momie est rayée de la matière médicale, et l’asphalte n’entre plus que dans la thériaque.
Auteur : Olivier Lafont. Dictionnaire d’Histoire de la Pharmacie, des origines à la fin du XIX° siècle, Olivier Lafont (sous la direction de), 2° édition, Pharmathèmes, 2007