Synonyme : onguent de la Mère Thècle ou emplâtre brun brûlé.
Cet onguent doit son nom à Cécilia Boisset, en religion soeur de Sainte-Thècle, religieuse à l’Hôtel-Dieu de Paris, à la fin du XVIIe siècle. il semble que la Mère Thècle ait amélioré un onguent brun plus ancien. Lémery, au XVIIe siècle, ne mentionne pas ce remède externe dans sa Pharmacopée. En revanche, au XVIIIe siècle, le Dictionnaire Botanique et Pharmaceutique (1768), attribué à Dom Nicolas Alexandre, lui consacre une longue rubrique. il s’agit d’un ensemble de corps gras d’origine animale, beurre frais, saindoux de porc, suif de mouton, qui sont chauffés avec de l’huile d’olive, de la cire et de la litharge. Baumé, dans ses Éléments de Pharmacie, précise que :
« L’onguent de la Mère n’est donc qu’un composé de graisses qui ont commencé à se décomposer, et qui tiennent en dissolution une chaux de plomb. » Il met en garde contre les difficultés de cette manipulation. En effet, au cours de la cuisson, des gaz s’échappent et la préparation prend la teinte brune caractéristique qui lui a valu son deuxième nom. Il se produit, en particulier, un dégagement d’acroléine, provenant d’une dégradation de la glycérine, issue de la décomposition des graisses, ce qui provoque une odeur âcre et suffocante, ainsi que des risques d’inflammation. La formule a évolué au cours du temps. Au Codex 1837, on trouve ainsi, parmi les constituants, de la poix noire. L’onguent de la Mère figurait encore au Codex de 1902.
Il était réputé se montrer efficace contre les panaris, les furoncles, les abcès, notamment ceux qui apparaissent aux seins des nourrices et des nouvelles accouchées, ainsi que contre les tumeurs. Baumé précise que :
« Cet onguent mûrit : il pousse la suppuration; il ôte l’inflammation des plaies et les ulcères ». Dorvault indique, dans l’Officine qu’il était « employé fréquemment comme naturatif et suppuratif. »
Cet onguent se conservait mal, surtout à l’air, et le Dictionnaire botanique et pharmaceutique ne manque pas d’insister sur ce point :
« Pour le conserver, il le faut bien envelopper et l’enfermer : car si on le laisse à l’air, il devient blanc, et perd sa qualité. il n’en faut pas beaucoup à la fois, à moins que ne se soit pour un hôpital. »
Auteur : Olivier Lafont. Dictionnaire d’Histoire de la Pharmacie, des origines à la fin du XIX° siècle, Olivier Lafont (sous la direction de), 2° édition, Pharmathèmes, 2007