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Ipecacuanha

Ipecacuanha, n.m. (Cephaelis acuminata Karsten et C. ipecacuanha (Brot.) A. Rich, Rubiaceae).

L’ipécacuanha (« écorce de plante odorante rayée ») est encore nommé Radix brasiliensis, Beguquelle, Specacuanha, Hypoucanna, Cagosanga, Beculo, Beloculo ou Mine d’or. Petite racine que les Hollandais et les Portugais nous rapportent d’un endroit du Brésil, appelé aujourd’hui Rio de Janeiro, et qu’on ne trouve que sur les Mines d’or. Ils lui ont donné le nom réputé contra la dysenterie (d’après Pomet).

La première description de la plante et de ses vertues est due à Guillaume Pison, médecin hollandais et Georges Marcgravius, médecin allemand (1648). En 1672, le médecin français Le Gras rapporte de l’ipéca d’Amérique du Sud et en fait part à Lémery (Selon Lémery, il existe plusieurs espèces : brune, grise-rougeâtre, grise-cendrée et blanche. L’ipéca est alors utilisé comme purgatif et astringent, contre la dysenterie et comme vomitif). Mais on dit aussi que c’est un autre médecin, Pierre Blazy, qui aurait introduit le premier l’ipéca en France en 1664. Il semble acquis qu’à cette époque, Jean-Adrien Helvétius fut le premier à utiliser l’ipéca en thérapeutique. Il soigne notamment le dauphin atteint de « flux de ventre et dissenteries » avec succès, ce qui lui valut honneurs et récompenses.

Il est confirmé émétique en 1790 (Mac Cullen). Au début du XIXe siècle, l’ipéca est bien connu (Mérat et de Lens); les Anglais en font commerce et trois variétés sont mentionnées : gris-annelé, gris-rouge, et gris-blanc.

Le 25 février 1817, Pelletier communique à l’Académie des sciences, l’isolement d’une matière vomitive, l’émétine. L’ipéca est alors préconisé comme vomitif, secondairement comme purgatif et astringent mais apparait aussi son emploi contre les dysenteries. Les formes d’administration sont la poudre, le sirop, dont le sirop de Dessessartz contre la coqueluche. Il figure dans la poudre de Dover, employée en Angleterre contre le rhumatisme. 

A la fin du siècle, l’ipéca officinal correspond à l’ipeca annelé mineur ; l’ipéca gris-blanc est l’ipeca annelé majeur.

Au début du XXe siècle, l’ipéca fait partie des drogues à alcaloïdes émétiques ; on fait alors état dans les racines de la présence de plusieurs alcaloïdes : émétine, céphéline, psychotrine ; il est toujours considéré comme un excellent vomitif et est reconnu comme antidysentérique (usage au Brésil), l’émétine étant donnée par injection dans le cas de dysenterie amibienne.

Au milieu du XXe siècle, on distingue l’ipéca du Brésil ou de Rio (Uragoga ipecacuanha), anciennement dénommé ipéca annelé mineur et l’ipéca de Carthagène, ancien ipéca annelé majeur, Uragoga granalensis ; la chimie es alcaloïdes est précisée, les applications thérapeutiques sont : expectorant, vomitif, dans les hémoptysies, comme antidiarrhéique. L’émétine est considérée comme le médicament spécifique de l’amibiase.

A la fin du XXe siècle, les formes galéniques tendent à disparaitre au profit de l’émétine administrée dans la dysenterie amibienne, l’ulcère hépatique amibien et les diarrhées infectieuses. 

Aujourd’hui, l’émétine n’est plus utilisée mais l’emploi de la poudre et des sirops subsiste1 ; le sirop d’ipéca est employé notamment comme vomitif dans le traitement des intoxications.

Auteur : Michel Paris. Dictionnaire d’Histoire de la Pharmacie, des origines à la fin du XIX° siècle, Olivier Lafont (sous la direction de), 2° édition, Pharmathèmes, 2007

  1. En 2020, l’ipéca n’apparait plus dans les spécialités pharmaceutiques, à l’exception des produits homéopathiques.
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