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Histoire des Laboratoires Chanteaud

Laboratoires Charles Chanteaud

 

Charles Chanteaud (1835-1905), pharmacien est installé à Paris, rue de Grenelle puis place des Termes. En 1868 il fabrique un granulé effervescent de sulfate de magnésie: les Sels de Sedlitz du nom de la station thermale de Bohème. Ils sont utilisés comme purgatif, c’est un succès en France et en Espagne. Il déménage 188 rue du Faubourg Saint Martin à Paris.

En 1868, il s’associe avec le médecin belge Pierre Burggraeve. (1806-1902) à l’origine de la médecine dosimétrique, elle consiste à utiliser les alcaloïdes en les incorporant à doses faibles dans des granules qui permettent aux malades de recevoir des doses précises et progressives de principes actifs.

Charles Chanteaud  met au point la fabrication des granules en turbine. Les plus vendus sont les granules d’Emétine, Codéine et Hydrastine. Les deux associés créent en 1872 l’Institut de médecine dosimétrique et la Pharmacie Dosimétrique. Le succès de l’entreprise le conduit à emménager en Aout 1874, dans des locaux plus spacieux de 1.500m2, l’hôtel de Jaucourt, 54 rue des Francs Bourgeois à Paris. La production est réalisée dans trois ateliers avec 9 turbines dont une argentée pour les produits délicats, l’entreprise emploie une cinquantaine de personnes.

                           

 

 

 

 

 

 

En 1900 ils organisent le Congrès d’alcaloïdothérapie dosimétrique à Paris. La médecine dosimétrique est également adoptée en Espagne où Charles Chanteaud exporte ses granules.

En 1894 les deux associés se séparent, Pierre Burggraeve fait fabriquer ses granules par le laboratoire Numa Chanteaud et Compagnie, 21 place des Vosges à Paris (il cesse son activité en 1920). Charles Chanteaud est également concurrencé par son cousin Gustave Chanteaud (de Vendôme) qui fabrique  à son tour du Sel de Sédlitz et des granules.

 

Charles Chanteaud décède en 1905. En 1910 l’entreprise est reprise par G.Garsonnin, ancien directeur de la Pharmacie centrale de France qui apporte le Pepto-Fer, une peptone mélange de viande et de fer, la raison sociale devient Société des Laboratoires Charles Chanteaud, G.Garsonnin et Cie. De nouvelles spécialités sont mises sur le marché: le Sténol, un complexe de caféine et de théobromine, l’Uréol, une association d’hexaméthylénetétramine et benzoate de soude et de lithium, le Sulfhydal, des granules de sulfate de  calcium, le Kenarol des granules antinauséiques, une association de sulfate de strychnine et d’hyoscyamine, proposée  contre le mal de mer, l’Hypagol. En 1927, le catalogue comprend 24 formules de granulés composés et 11 simples; le laboratoire absorbe son concurrent et homonyme Gustave Chanteaud.

Les prescriptions de granules diminuent, le laboratoire abandonne ses locaux parisiens devenus trop grands en 1935 et s’installe 3 et 5 rue Alexandre Dumas à Saint Ouen, de nouvelles spécialités sont mises au point dont le Sulfhydril.  En 1941 le laboratoire est dirigé par J.Laurin et déménage à Chambourcy (Yvelines). En 1943, la raison sociale devient Tillot Chanteaud, il est domicilié au 80 bis avenue de Paris à Versailles puis en 1954, au numéro 94.

Au Vidal de 1954 figurent l’Eusédyl  des cachets et suppositoires analgésiques, la Thricicaïne un antiseptique ORL sous forme de tablette et collutoire, le Lipochol des comprimés dragéifiés pour les affections hépato-biliaires et toujours les Sels de Seditz.

En 1957, le laboratoire reprend le nom de Laboratoires Chanteaud, ils sont installés 5 avenue de Villars, Paris. L’année suivante, ils absorbent les laboratoires  Reboul  qui apportent quelques spécialités dont les suppositoires  Creo-Suppo-Camphre puis en 1963, les laboratoires Bouty fabricants des  comprimés  effervescents de Vitamine C, de l’Hesperidine Vitamine C et de  la Thyroïdine Bouty.  De nouvelles spécialités sont régulièrement mises sur le marché:  Nergitone (1958)  Frangucyl (1960), Gaïarsol (1963),  Cortisal (1966). En 1969, ils déménagent de nouveau, 2 rue Verrieres à Bagneux (Hauts-de-Seine).

En 1976, ils sont achetés par la Pharmacie centrale de France et sont transférés 379 avenue du Président Wilson, La Plaine Saint Denis (Seine-Saint-Denis) puis en 1983: Quai Jean Jaurès à La Voulte-sur-Rhône (Ardèche).

En 1995, ils sont absorbés par les laboratoires Monin la nouvelle société prend le nom de Laboratoires Monin-Chanteaud, rue Valsiere à Montpellier (Hérault). Monin est également un laboratoire très ancien, c’est le successeur de la société Collin fabricant depuis 1920 de l’Elixir Gréz. En 1998 le Pepto-Fer est retiré du marché.  L’entreprise déménage une dernière fois en 2010, Parc 2 000, rue Marius Petipa à Montpellier. Elle ne fabrique plus de médicaments, elle produit des compléments alimentaires.

Bibliographie

Ad. Burggrieve, Etudes sur Hyppocrate au point de vue de la méthode dosimétrique, Institut dosimétrique Charles Chanteaud, 1881

Francés Causapé, López González, The sale of CHANTEAUD ́S SEDLITZ salt in Spain during XIX° and XX° centuries, disponible sur Internet

Thierry Lefebvre, Le Pepto-Fer contrefait, Revue d’Histoire de la pharmacie, 2008, Vol 95, n°357, 127-130

 

André Frogerais

30 juillet 2018

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