Charles-Antoine-Théodore VILLIERS-MORIAME (1854-1932)
Antoine Villiers-Moramé est né à Carcassonne où son père était professeur. On ignore si c’est dans cette ville qu’il fait ses études secondaires. En 1870, il est bachelier ès-lettres et, l’année suivantes, bachelier ès-sciences. On ne sait ni quand ni où il a accompli ses trois années de stage, mais licencié ès-sciences physiques en 1873, il entre dans le laboratoire de Marcelin Berthelot en 1875 et est nommé préparateur à l’Ecole pratique des Hautes Etudes.
En 1880, il soutient deux thèses : l’une, le 29 octobre, sur l’ « étude de plusieurs matières sucrées » en vue du diplôme de pharmacien de 1ère classe, l’autre « De l’éthérification des acides minéraux » pour le doctorat ès-sciences physiques. En 1881, il est nommé chef des travaux pratiques de chimie à l’Ecole supérieure de pharmacie de Paris et, le 1er janvier 1883, après son succès au concours d’agrégation, il est nommé agrégé de toxicologie et d’analyse dans la même Ecole où il effectuera toute sa carrière. En 1886, il est chargé du cours complémentaire d’analyse chimique. Enfin, le 17 avril 1895, il est nommé professeur dans la Chaire nouvellement créée de Chimie analytique, dont il fut ainsi le premier titulaire. Ayant atteint la limite d’âge, il fut mis à la retraite le 1er novembre 1924.
Travaux scientifiques
L’œuvre scientifique d’Antoine Villiers-Moriamé est consignée dans deux thèses et quatre-vingt-neuf notes ou mémoires. Comme c’était la règle à l’époque, ses recherches ont eu lieu dans plusieurs domaines de la Chimie :
– en Chimie extractive, il a effectué des recherches sur le mélézitose d’Alhagi Maurorum, puis, avec Tanret, une étude de l’inosite animale et des glucides de même structure du règne végétal, dont il a présenté une partie comme thèse de pharmacien en 1880. On peut citer également des recherches sur la curarine du Strychnos toxifera.
– En Chimie minérale, il a étudié certains phosphates de métaux et l’action de l’acide sulfureux sur les hyposulfites.
– En Chimie organique et Chimie-Physique, il a d’abord étudié l’éthérification des acides minéraux, sujet de sa thèse de doctorat ès-sciences, soutenue en 1880. Il a étudié ensuite la transformation moléculaire des précipités et montré qu’en règle générale ceux fraîchement obtenus avaient des propriétés différentes de celles qu’ils acquièrent plus tard. Il étudia plus tard la variation des tensions de vapeur du mercure suivant les températures.
– En Chimie analytique enfin, et surtout, il mit au point des méthodes pour la recherche et le dosage de nombreuses substances:recherche des sulfites en présence des hyposulfites et des sulfates, de l’acide chlorhydrique en présence des acides bromhydrique et iodhydrique, réaction des aldéhydes pour les différencier des cétones, distinction du nickel et du cobalt, recherche de l’acide borique. Dans tous ces travaux, il fit preuve d’une remarquable habileté opératoire, étant particulièrement adroit dans l’art de travailler le verre.
Distinctions honorifiques
Président en 1896 de la Société de Pharmacie de Paris. Chevalier de la Légion d’honneur.
Référence : G. Dillemann. Historique des Facultés de pharmacie et de leurs chaires magistrales. Le Pharmacien Biologiste, Tome XIII, n°124, 1978 ?