Eugène Tassilly (1867-1940)
Eugène Tassilly est né à Paris, rue Neuve-des-Petits-Champs où ses parents exerçaient la profession de couteliers. Il commence ses études à l’Institution Paulhiet, devenue Institution Dorlin, les poursuit à partir de 11 ans, à l’Ecole RocroySain-Léon. Il est bachelier en 1884 et, la même année, est admis au concours d’entrée de l’Ecole de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris, fondée en 1882. Il en sort trois ans plus tard, en 1887, avec le diplôme d’ingénieur et devient préparateur de Riban à la faculté des Sciences. En 1888, il obtient sa licence ès-sciences physiques et en 1889, il effectue son année de service militaire. Il est alors nommé préparateur de la chaire de chimie organique au Collège de France sous les ordres de Marcellin Berthelot de 1890 à 1895 et entreprend ses études de pharmacie. De 1895 à 1897, il est boursier d’études chez Troost. Le 6 mai 1897, il est reçu pharmacien de 1ère classe et est nommé préparateur aux travaux pratiques de chimie pour le P.C.N/ puis attaché au service médical dans ces sous les ordres de Marcellin Berthelot de 1890 à 1895 et entreprend ses études de pharmacie.
Il soutient sa thèse de doctorat ès-sciences physiques en juin 1898 et est nommé aussitôt chef de travaux pratiques de chimie organique de l’Ecole de physique et de chimie puis, en 1899, chargé de conférences à la même école, fonctions qu’il conserva trente ans.
En 1903, il est nommé chef de travaux pratiques de physique à l’Ecole supérieure de pharmacie de Paris puis, après son succès au concours d’agrégation en mars 1904, institué agrégé de physique pour dix ans près de la même Ecole à partir du 1er novembre 1904. Mobilisé en 1914 comme capitaine d’infanterie territoriale, il est d’abord affecté comme commandant du fort de Montlignon puis de celui d’Ecouen. En juin 1915, il est dirigé sur le front belge, sa compagnie étant incorporée dans le 74e régiment d’infanterie territoriale pour combler les pertes de ce régiment. Il demeure sur les bords de l’Yser jusqu’en mai 1916 puis son état de santé le fait évacuer en juillet 1916 sur l’hôpital de Compiègne puis sur l’hôpital du Val de Grâce. Il est ensuite affecté au service chimique de guerre et nommé chef de bataillon. Titulaire de la croix de guerre avec étoile, il devait être fait chevalier de la légion d’honneur à titre militaire en 1918.
Démobilisé, il reprenait ses fonctions d’agrégé qui auraient dû se terminer le 1er novembre 1914 mais qui avaient été prorogées jusqu’au 1er puis jusqu’au 31 octobre 1919 et enfin pour une durée indéterminée. Finalement, il fut « pérennisé » en 1925 puis, cette même année, chargé du cours de physique en remplacement de Daniel Berthelot en congé pour raison de santé et nommé au décès de ce dernier professeur dans la chaire de physique à compter du 1er novembre 1927. Dix ans plus tard, le 31 octobre 1937, il était mis à la retraite, mais son état de santé déficient ne lui permis pas d’en profiter et il décédait à Paris, le 12 novembre 1940.
Recherches
Les recherches de Tassilly ont été consacrées surtout à des problèmes de chimie physique appliquée à la chimie, plus qu’à la physique proprement dite. Après une étude sur le dosage de la caféine qu’il présenta comme thèse de pharmacien de 1ère classe, il s’initia aux méthodes thermo-chimiques dans le laboratoire de Berthelot et les appliqua aux combinaisons halogénées basiques ou ammoniacales de divers métaux, objet de sa thèse de doctorat ès-sciences. Il put obtenir ces produits parfaitement cristallisés pour la plupart et déterminer leurs constantes thermiques. Il s’occupa ensuite du problème du nickelage de l’aluminium et des applications du spectrophotomètre au dosage du fer et à celui du cuivre dans les conserves alimentaires ainsi qu’à l’étude des facteurs de la diazotation. Il s’intéressa également à l’analyse de la cire du Japon, de la résine dite de Bornéo mort et de l’essence de Ylang-ylang de la Réunion. En chimie organique, il effectua des travaux sur la saponification de certains esters difficilement saponifiables.
Distinctions honorifiques
Lauréat de l’Ecole supérieure de pharmacie. Prix Laroze 1897. Lauréat de l’Académie des sciences. Prix Cahours 1897 et Prix Montyon des Arts insalubres et Médaille Berthelot 1923. Officier de la Légion d’honneur septembre 1932. Croix de guerre avec étoile de bronze 1916. Officier de l’Instruction publique 1905. Officier du Mérite agricole 1912. Officier de l’Etoile de Roumanie 1908. Officier du Nicham-Iftikhar de Tunisie 1908.
Bibliographie
Le Caoutchouc de la Gutta percha. Doin et fds, Paris, 1911, 400 p.
L’atmosphère terrestre, Paris, 1899, 112 p.
Étude des propriétés physiques des alliages métalliques. Paris, 1904, 200 p.
Biographie
Eugène Tassily (1867-1940). Nota biographique par Marcel Délépine avec photographie et liste des publications. Bull. Sc. pharmacol. 1941, 48, p. 39-51.
Référence : G. Dillemann. Historique des facultés de pharmacie et de leurs chaires magistrales. Le Pharmacien Biologiste, Tome XII, n°121, 1978 ?