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Charles Tanret

Charles TANRET (1847-1917)

Charles-Joseph TANRET est né à Joinville en Vallage (Haute-Marne) en 1847 et se distingua dès son entrée à l’Ecole de Pharmacie par ses remarquables qualités d’observateur et de chercheur. Reçu second à l’Internat en pharmacie en 1870, il s’engagea aux chasseurs à pied dès le début de la guerre. Il reprit ensuite sa place dans les Hôpitaux et fut distingué par Berthelot. Après avoir obtenu une thèse très remarquée sur l’albumine en 1872, Tanret vint s’établir à Troyes. En octobre 1879, il s’installe à Paris, 18 rue Denfert-Rochereau, actuellement rue Henri Barbusse (5°) et il se spécialise dans l’extraction des alcaloïdes. En 1880, il acquière une officine, sise à l’angle du boulevard de la Madeleine et de la rue de Sèze. Après 13 ans de pratique, Tanret cesse toute activité officinale et va étendre son laboratoire de chimie végétale qu’il installe 14 rue d’Alger.

Les travaux de Tanret ont porté sur diverses questions de chimie végétale encore en balbutiement et il a largement contribué à établir de façon solide les bases de la chimie moderne. On doit citer en premier lieu les recherches approfondies sur la composition de l’écorce de racine de Grenadier utilisée pour ses propriétés vermifuges avec l’isolement de la pelletiérine et de l’isopelletiérine, tous les deux toenifuges. Puis, c’est l’exploration particulièrement délicate des constituants de l’ergot de seigle, avec l’isolement de l’ergostérol (1887) et de plusieurs alcaloïdes dont nous savons la grande fragilité qui gène l’obtention à l’état pur. Ces alcaloïdes ont pu être délivrées à des fins thérapeutiques, en particulier pour des applications obstétricales, dès la fin du XIXè siècle.

En 1882, Tanret découvre un moyen de solubiliser la cafeïne. Puis en 1895, c’est un ensemble de travaux sur la chimie des sucres avec, en particulier, la découverte de la mutarotation qui permet d’expliquer l’existence de deux séries symétriques de sucres et de glucosides – notion qui est maintenant à la base de cette importante série chimique; il s’agit encore de l’obtention à l’état pur de divers polysaccharides des Crosnes du Japon, du Topinambour, de la manne du frêne. On citera les travaux sur la convallamarine du Muguet, l’hespéridine des Citrus, la vincétoxétine du Dompte-venin.

Grand patriote, ce pharmacien consacra les derniers moments de sa vie à la préparation d’un coton anti-chlore destiné à la protection des soldats menacés par les gazs asphyxiants.

Tanret fut lauréat des Hôpitaux de Paris, de l’Institut Pasteur, membre de la Société de Pharmacie et de la Société de Thérapeutique. Il reçut deux prix de l’Académie des Sciences (1879 et 1895). En 1889, il fut classé premier de sa section à l’Exposition Universelle pour la qualité des produits de sa fabrication (Légion d’Honneur). La Société chimique de Paris le chosit comme président en 1897.

 

Il est mort à Paris, 3 rue d’Argenson, le 20 juillet 1917.

NB :

Son fils Georges, pharmacien, docteur es sciences et docteur en médecine, se consacra aussi à la chimie végétale. Il eut pour fils Pierre Tanret, né à Paris le 11 juillet 1909. Reçu au concours de l’Internet en Médecine en 1934, puis chef de clinique. Le plus beau fleuron de ses travaux portera sur la dialyse péritonéale qu’il réussit, dans le service du Pr Marcel DEROT, à l’Hôtel-Dieu, à rendre opérationnelle. Il est décédé le 11 septembre 1965. Pierre Tanret fut nommé assistant de Maurice Dérot, puis Médecin des hôpitaux – il exerça à Bicêtre dans un service de Gériatrie. Il eut comme son grand père et son père un goût très poussé pour la recherche*

Des échantillons de produits isolés à l’état cristallisé par Charles Tanret, en particulier des sucres et des glucosides, furent donnés par Madame Micheline Tanret au Prof. P.Delaveau,  qui avait travaillé en 1948 en tant qu’interne en pharmacie dans l’équipe de Tanret à l’Hôtel-Dieu. Il fallait sauvegarder ces précieux produits en les transportant dans le Musée de  Matière médicale de la Faculté de pharmacie de Paris où ils sont présentés dans une vitrine spéciale*

 * Source : Pierre Delaveau, 2007

Voir aussi la thèse de Robert Delvincourt sur Charles Tanret : « Vie et oeuvre de Charles Tanret » Thèse d’Université Paris 5, 1980, 548 p.

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