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Les saints guérisseurs

Les Saints Guérisseurs

(voir aussi rubrique « Saint Come et Saint Damien « )

 

Les saints guérisseurs sont pratiquement aussi nombreux que les saints eux-mêmes. Ils est aussi difficile de séparer les saints thérapeutes et les fontaines car, selon Cabanès, il n’y a pas de saint guérisseur sans fontaine*. Le rôle des saints dans la guérison est basée le plus souvent sur deux aspects : une similitude de nom, ou bien l’organe sur lequel le saint a subi le martyre. Ainsi, Saint Méen guérit les dartres des mains ; Sainte Claire guérit les maux d’yeux ; Saint Louis les maux d’ouïe ; Saint Marcoul les maux de cou, etc.

Par ailleurs, Saint Roch, au XIIIème siècle, pansait et guérissait les ulcères et les bubons des pestiférés. Atteint lui-même, il fut guéri par le léchage d’un chien providentiel ; c’est pourquoi on le représente toujours montrant sa cuisse ulcérée et accompagné d’un chien. Saint Agrapan (qui ne serait autre que le martyr Agapit), aurait subit le supplice de l’eau, et on lui aurait brisé les machoires. Ce supplice lui a conféré un pouvoir thérapeutique spécial sur les coliques, les maux de ventre et, par extension, sur les femmes en couche et même les enfants malades.

A l’église Sainte-Radegonde, de Poitiers, on achetait à la sacristie des petits ex-voto en cire peinte représentant une tête, un bras, une jambe, etc., selon la partie dont on souffrait ; puis on passait sous le tombeau de la sainte, en frottant l’endroit malade avec un ex-voto, qu’on laissait ensuite sur le tombeau.

Selon les régions de France, on peut trouver des spécificités locales :

  • Saint Collin (Ardennes), tribun militaire romain, avait une fille dont le pape Alexandre guérit les écrouelles. Converti au christianimse, il fut martyrisé. Collin guérissait tous les « maux coulants » : écrouelles, ulcères, abscès, tumeurs…)
  • Sainte Agathe était célébrée dans toute la France pour les nourrices en souvenir du supplice qu’elle subit (On lui coupa les seins). Elle passe donc pour avoir favorisé la sécrétion lactée et une chapelle lui est consacrée à Langou (Ille et Vilaine)
  • Dans le Morvan, les nourrices priaient Saint Avault près Mont-Souche (Nièvre ; ou Saint-Avanbourg à Saulieu. Elles se rendaient à la fontaine Lanty près de Lusy, à la fontaine Marianne, près de Saint-Léger-sous-Beuvray, etc.
  • En Bretagne, les saints guérisseurs sont très nombreux. A Trédaniel, Sainte Eugénie guérit les migraines, Saint Hubert apaise les chiens enragés, Saint Yvertin guérit les maux de tête, Saint Houarniaule et Saint Méen, la folie, Saint Lubin calme les rhumatismes et Saint Mamert guérit les maux d’intestin. Nous trouvons aussi Saint Trégaré, pour les oreilles, Saint René pour le bégaiement, Saint Michel et Saint Roch pour les fièvres, Saint Laurent, Saint Guendal et Sainte Gertrude, pour les rhumatismes, Saint Hilarion pour la migraine, Saint Colombain pour la folie, etc.
  • En Normandie, Saint Quentin s’est fait une spécialité de la coqueluche.

Parmi les saints guérisseurs, certains ont une place plus significative que d’autres :

  • Saint Antoine : Patriache des cénobites de la Thébaïde, saint Antoine abbé, né vers 251 en Haute Egypte, aurait été assailli dans le désert par des tentations diaboliques qui sont, avec la visite de Saint Paul ermite, l’élément le plus populaire et le plus souvent représenté de sa légende. Par le canal de l’Ordre hospitalier des Antonites, sa réputation de saint guérisseur des maladies contagieuses, d’abord solidement établie à Saint-Antoine-en-Viennois (Dauphiné) envahit toute la chrétienté excepté l’Italie. On l’invoquait contre le « mal des ardents » ou « feu de Saint Antoine »(ergotisme), la peste, la syphilis, les maladies de peau. Ses attributs sont le tau ou croix potencée, la clochette qu’agitaient les Antonites, le cochon qu’ils avaient le privilège de laisser vaquer dans les rues pour s’y nourrir, les flammes du feu de Saint Antoine.
  • Saint Luc : donné par la légende comme portraitiste de la Sainte Vierge et, à ce titre, patron des enlumineurs et des peintres, l’évangéliste saint Luc exerça la médecine, arte medicus, selon saint Paul et saint Jérôme. A ce titre, il devint l’un des patrons de médecins et chirurgiens, et parfois des apothicaires
  • Saint Sébastien : Né à Narbonne, élevé d’après Saint Ambroise à Milan, centurion dans l’armée romaine, il fut victime des persécutions de Dioclétien. Attaché à un poteau, il fut lardé de flèches par des archers « au point de ressembler à un hérisson ». Mais il en réchappa grâce aux soins de la veuve Irène. Comme il reprochait à Dioclétien sa cruauté envers les chrétiens, celui-ci le fit flageller et assommer et son corps fut jeté dans la Cloaca maxima. A partir du VIIe siècle, il devient l’un des grands saints antipesteux : on l’invoque surtout contre « les flèches de Dieu » qui sont aussi celles de la peste. Son culte et son iconographie s’étendront encore avec le patronage que les archers lui reconnaîtront sur leurs compagnies.
 

* cf Cabanes. Remèdes de Bonne Femme. Maloin éditeur, 1907

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