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Développement des centres de production des récipients pharmaceutiques

 Développement des centres de production des récipients pharmaceutiques

Fabien Rauch, 2007. Thèse de pharmacie (Reims) : Histoire, Art et Intérêt des pots de pharmacie du XVIe au XXe siècle à travers une collection personnelle

 

Un besoin grandissant de récipients pour les pharmacies et les dispensaires des hôpitaux et des monastères se fit sentir après la mise en circulation, au Moyen Age, de pharmacopées et d’antidotaria, contenant les listes de centaines d’herbes, de racines, de sirops, de juleps, d’arômes, de pilules, d’onguents, d’électuaires, d’épices et de confits. Le besoin de récipients pour les drogues stimula la création de fabriques de céramique et il ne faut pas douter que bien des ateliers dans les centres céramiques tel que Florence, Cafaggiolo, Sienne, Faenza, Savone, Castelli, Anvers, Lambeth, Talavera, Lyon et Montpellier, doivent une bonne partie de leur prospérité, si ce n’est leur existence même, à des commandes de récipients de la part des pharmacies et des couvents.

Les fouilles de sites archéologiques ont révélé que tant l’emploi des drogues pour le traitement des maladies, que la manufacture des pots en terre avaient pour origine l’Orient, et plus précisément les régions de la Perse et de la Mésopotamie. Plus tard, la poterie et la médecine se développèrent en Grèce continentale et à Rome.

Après le déclin de l’Empire romain, la prépondérance dans le domaine de la céramique et de la médecine passe de nouveau au Moyen-Orient. Des écoles de médecine et des hôpitaux furent fondés dans de nombreuses villes de l’Islam et ces établissements ouvrirent sans aucun doute un nouveau marché aux artisans céramistes du Moyen-Orient.

L’Asie Mineure fut à l’origine de vernis pour rendre étanches les vases destinés aux liquides, tout en conférant des reflets métalliques (appelés « lustre ») à une surface mate. Les premiers vernis (vernis alcalins ou vernis au plomb) avaient le défaut de ne pas adhérer au tesson du pot après la cuisson ou de couler durant la cuisson.

Ces difficultés furent éliminées en couvrant le vase avec une suspension dans l’eau d’un mélange finement broyé de trois composants (oxyde d’étain, oxyde de plomb et fondant de sable et de potasse). Tout dessin ornemental appliqué sur une surface recouverte de cet enduit ne craignait aucune distorsion à la cuisson au grand feu. Cette technique, qui avait probablement son origine en Mésopotamie, pas plus tard que le IXe siècle de notre ère, fut largement pratiquée plus tard en Europe pour décorer des pots d’usage courant ou d’apparat. Les objets recouverts de cet enduit (émail à l’étain) sont connus sous le nom de majolique, faïence ou delftware selon le pays où ils sont fabriqués.

Les céramistes islamiques ne se confinèrent pas au Moyen-Orient. A la suite de la conquête de l’Espagne du sud au VIIIe siècle, ils implantèrent leurs fours et créèrent ainsi le courant hispano-mauresque. La céramique lustrée hispano-mauresque était acheminée par voie maritime en quantité considérable d’Espagne en Italie et vers d’autres pays comme la France, l’Angleterre, les Pays-Bas.

La fabrication de céramique décorée et émaillée à l’étain débuta en Italie un peu plus tard en Espagne, vers le début du XIIIe siècle. A partir du XIVe siècle, on produisit des objets au décor vert de cuivre et violet de manganèse. Cette catégorie de céramiques qui ne doit rien aux influences étrangères, fut suivie d’un autre genre de production, qui était copié assez souvent des importations hispano-mauresques et était peinte surtout au bleu de cobalt.

Au milieu du XVe siècle, on commence à produire des pots portant le nom de leur contenu surtout en Espagne et en Italie. Des vases sans inscription continuent à être employé sur une très grande échelle. Le contenu était indiqué par une étiquette fixée au côté du pot ou, plus tard, par une référence à un chiffre peint. Certains centres, comme à Rouen chez Masséot Abaquesne, ne fabriquaient que des pots sans inscription ; de même qu’en Sicile, où les pots de pharmacie portent rarement le nom d’une drogue. Aux XIIe et XIIIe siècles, on fabriquait parfois des pots avec des cartouches en blanc, l’apothicaire pouvait peindre le nom de la drogue sur le cartouche en couleurs posées à froid.

Pour un bon nombre d’historiens, l’essor de la faïence est dû à la promulgation des édits somptuaires de 1689, 1699, 1709, par lesquels Louis XIV décide de faire fondre l’argenterie pour tenter, après les guerres, de renflouer des finances de l’Etat. Mais c’est surtout une affaire de goût : la faïence est très à la mode au début du XVIIIe siècle. Malheureusement les importations massives de porcelaine par la Compagnie des Indes Orientales vont connaître rapidement un succès énorme auprès des Grands de la Cour. De ce fait, à la fin du XVIIIe siècle, de nombreuses fabriques de porcelaine trouvent un soutien important auprès de la famille royale.

 

 

Voir aussi la production de PORCELAINE

 

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