Philatélie et Pharmacie |
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De nombreux articles ont été consacrés à ce sujet (1,2,3,4). Et ce n’est pas surprenant quand on sait que c’est une officine de pharmacie qui vit naître le négoce du timbre. Fils d’un pharmacien de Plymouth et contemporain du premier timbre anglais, Edward Stanley Gibbons obtint de son père, aux alentours de sa quinzième année, l’autorisation d’exercer dans une pièce dépendant de l’officine un véritable commerce de timbres-poste (1). Celui-ci prospéra si bien que la vente des timbres ne tarda pas à rapporter plus que celle des tisanes, des pommades, des potions et des pilules. Par ailleurs, de très nombreux timbres ont eu pour thème la santé sous des formes diverses : personnages célèbres, médecins, pharmaciens ou scientifiques ; plantes médicinales ; congrès et commémorations diverses, tant en France qu’à l’étranger. Il semble en tout cas que le premier timbre à thème pharmaceutique soit polonais, avec la parution d’un timbre édité en 1927 à l’occasion d’un congrès de médecine et de pharmacie militaire. A combien de pharmaciens modernes la philatélie a-t-elle rendu hommage ? Si l’on se fixait aux libellés des timbres, seule la figurine algérienne émise en 1953 à la mémoire d’Eugène Million mentionne sans ambiguïté sa qualité de pharmacien. Mais il existe une trentaine d’autres confrères « timbrifiés » à des titres divers. Si l’on peut citer Jouvet qui avait obtenu son diplôme de pharmacien avant de se consacrer totalement au théâtre, on peut aussi sans être exhaustif mentionner Pilâtre de Rozier, pilote de la première montgolfière ; Parmentier pour la pomme de terre. La partie gauche du timbre qui lui est consacré, occupée par des cornues, un réchaud, des éprouvettes, rappelle utilement l’œuvre du créateur de la chimie alimentaire ; Pelletier et Caventou pour la quinine ; Louis Nicolas Vauquelin (1763-1829), chimiste éminent qui découvrit le chlore et le béryllium ; François Zacharie Roussin, parmi trois éminents représentants des activités du service de santé militaire. A l’étranger, on trouve le Suédois Charles-Guillaume Scheele (1742-1786) qui resta jusqu’au bout fidèle à son officine de Koeping ; le baron Justus von Liebig (1803-1873) qui fut apprenti en officine pendant 10 mois. On peut aussi citer Théodor Fontane (1819-1898), poète et journaliste, romancier, mais aussi pharmacien de 1836 à 1849 (2) ; Hans Christian Oersted (1777-1851), pharmacien danois et physicien qui découvrit le rapport entre électricité et magnétisme ; Max von Pettenkofer (1818-1901), fondateur de l’hygiène expérimentale et longtemps directeur de la pharmacie de la Cour à Munich. Il découvrit, entre autres, l’acide hippurique dans l’urine. On trouve aussi des industriels : Heinrich Emmanuel Merck (1794-1855) ; Fritz Hofmann (1866-1956) ; Sir Henry Salomon Wellcome (1853-1936), tous pionniers de l’industrie pharmaceutique. Qu’invoquer au chapitre de la matière médicale ? Les timbres à iconographie botanique sont très nombreux, ce qui n’a rien d’étonnant si l’on considère que, dans l’histoire de l’humanité, les substances végétales ont constitué l’essentiel de son arsenal thérapeutique. On trouve par exemple la belladone (Yougoslavie), le séné (Portugal), la Petite Centaure (Yougoslavie), l’Aloès (Portugal), le Camphre (Macau), la Fougère mâle et le Colchique (Yougoslavie), le Ginseng (Corée du Nord), le Tabac (France) et bien d’autres. D’autres thèmes à composante pharmaceutique sont à la base de timbres français ou étrangers tels que les pharmacies anciennes (ex : celle de Beaune), l’élaboration des médicaments des antibiotiques aux granules homéopathiques (timbre Hahnemann édité à Monaco en 1990 pour le bicentenaire de l’homéopathie), les tableaux anciens (comme « La spéciale » de Pietro Loughi, dont l’original est à l’Académie royale de Venise, représentant une pharmacie rurale italienne), des objets pharmaceutiques (tels l’Albarella, timbre portugais émis en 1964 à l’occasion du 400° anniversaire de l’introduction par Garcia da Orta de plantes et produits végétaux des Indes), des symboles pharmaceutiques comme le R, abréviation du mot latin « recipe »= prends ! (On le trouve, par exemple, sur le timbre commémoratif du 120° anniversaire de la Société américaine de pharmacie à Cincinnati, émis le 10 novembre 1973) et même les Saints patrons comme Albert le Grand (timbre belge), son laboratoire installé dans le 5° arrondissement de Paris était, semble-t-il, à l’origine de fréquentes explosions, d’où la Place Maubert (pour « Maître Albert », selon certains ; «Mauvais Albert » pour d’autres). Sans oublier les timbres à destinée publicitaire comme le timbre belge de 1929 « sirop Manceau, le laxatif idéal pour les enfants ». En conclusion, la philatélie est une occasion de faire un chemin dans les méandres de l’histoire de la pharmacie ! A noter : le tout dernier timbre paru : Celui sur Moissan (Octobre 2006), à l’occasion du centenaire du prix Nobel de chimie et du cent cinquantième anniversaire de sa naissance. |
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Références : (1) Pierre JULIEN. Philatélie et pharmacie. La Pharmacie Française, 1960, 2 : 9-18 (2) Pierre JULIEN. Pharmacie et Philatélie. La Pharmacie Française, 1962, 30 (3) Jean-Emmanuel NEVIERE. Pharmacie et Philatélie. Thèse de Pharmacie Bordeaux II, 1988 (4) Walter MAIWALD. Pharmazie und Philatelie. Schriftenreihe des Schweizerischen Motivsammler-Vereins, 1977, 14 : 1-26. (5) On peut également regarder le site Internet http://www.socpharmbordeaux.asso.fr/pdf/pdf-139/139-133-162.pdf qui donne de nombreuses informations complémentaires sur ce sujet |