Emile Constant PERROTNé le 14 août 1867 à Marcilly-sur-Seine (Marne) Décédé le 16 septembre 1951 à Paris
Voir aussi la mycologie et les pharmaciens (Georges Dillemann, 1984) |
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Emile Constant Perrot est né en Champagne, le 14 août 1867, dans le village de Marcilly-sur-Seine, où son père exerçait de modestes fonctions municipales. Après de bonnes études secondaires au collège de Sézanne, il fut attiré par la pharmacie, effectua son stage dans le département de la Marne puis s’inscrivit à l’Ecole de pharmacie de Paris. Il était nommé interne des hôpitaux en 1890 et reçu pharmacien de 1ère classe en 1891. Il entreprenait alors une carrière universitaire tout en complétant ses études à la Faculté des sciences part la licence en 1894 et le doctorat en 1899. Préparateur en 1892, puis chef de travaux de micrographie en 1894, il était reçu à l’agrégation en 1899 et chargé du cours de cryptogamie en 1900. Après le décès prématuré de Gustave Planchon, le cours de Matière médicale lui était confié en 1901. C’est la discipline qui l’avait toujours attiré, puisque, déjà, au cours de ses études, il avait remporté le prix Menier réservé à un travail de Matière médicale. Le 27 juillet 1902, il était nommé titulaire dans la chaire de Matière médicale, alors qu’il allait seulement atteindre ses 35 ans, donc à un âge exceptionnel, et il allait le demeurer pendant 35 ans. Ses premières recherches sous la direction de Léon Guignard ont été consacrées à l’histologie végétale : étude anatomique des Lauracées (thèse de pharmacie), anatomie comparée des Gentianacées (thèse de doctorat ès sciences naturelles), étude générale sur le tissu criblé (thèse d’agrégation). Malgré cette orientation initiale et de nombreuses recherches ultérieures dans ce domaine, Emile Perrot ne restreignit pas l’objet de la Matière médicale à la morphologie et à l’anatomie des drogues végétales, suivant la conception trop étroite adoptée par Gustave Planchon sans doute par réaction à l’égard de ses prédécesseurs principalement intéressés par l’étude chimique de ces drogues. Avec certains de ses collaborateurs, il entreprit des études sur la constitution chimique de diverses drogues, principalement en vue de l’extraction de leurs principes actifs, alcaloïdes ou hétérosides. A cette occasion, il mit au point, avec André Goris, une méthode de stabilisation des végétaux par la vapeur. Mais son principal mérite fut sans doute d’imprimer une orientation nouvelle à la pharmacognosie (ainsi qu’il dénommait dès 1909 ce qu’on appelle toujours classiquement en France « Matière Médicale »). En effet, cette science ne soit pas se borner à étudier la morphologie, l’anatomie et la composition chimique des drogues afin de permettre leur identification, déterminer leur qualité et éviter les falsifications. Elle doit se préoccuper également de la localisation géographique des plantes médicinales, des conditions de leur cueillette et de leur structure en vue d’un approvisionnement suffisant pour la fabrication des médicaments. Emile Perrot n’a sans doute pas été le premier à concevoir cet aspect de la Matière médicale, mais il lui a donné un développement sans précédent. Il ne peut être question ici d’analyser tout ce qu’il a pu mettre en œuvre à cet égard : missions nombreuses en Afrique, principalement dans différentes régions placées alors sous la domination française, création à son instigation d’un Comité interministériel et d’un Office national des plantes médicinales, aromatiques et similaires, office qui organisa plusieurs congrès nationaux et participa à 6 congrès internationaux, mais qui fut supprimé en 1938 par mesure d’économie. Peu d’années après, au cours de la seconde guerre mondiale, Emile Perrot constatait les conséquences de cette suppression, en déplorant, dans plusieurs articles, la pénurie des plantes médicinales en France. Ayant atteint la limite d’âge en 1937, il ne demeura pas inactif pendant ses quinze années de retraite et il continua à défendre ses idées par la plume. Riche de son expérience et d’une abondante documentation, il entreprit surtout d’écrire son principal ouvrage, son « Traité des Matières premières nouvelles d’origine végétale » qu’il publia en 1948.
DISTINCTIONS HONORIFIQUES De très nombreux honneurs récompensèrent les activités multiples d’Emile Perrot. Il fut secrétaire général de la Société mycologique de France de 1895 à 1902, présida en 1924 la Société botanique de France, en 1925 la Société de Médecine et d’Hygiène tropicales, en 1926 la Société de Thérapeutique, de 1928 à 1931 la Société des Experts-chimistes, en 1944 l’Académie de Médecine. Il était également membre de l’Académie de pharmacie, de l’Académie d’Agriculture, et de l’Académie des Sciences coloniales. Il fut secrétaire général des Congrès internationaux de botanique de Paris en 1900 et de Vienne en 1950, et vice-président de l’Association Colonies-Sciences. Membre correspondant de l’Académie royale d’agriculture de Turin et de la Pharmaceutical Society de Grande-Bretagne, qui lui décerna en 1922 la médaille Hambury, ainsi que de nombreuses autres académies ou sociétés scientifiques étrangères. Docteur honoris causa de l’Université d’Utrecht De très nombreuses décorations françaises et étrangères lui furent conférées : chevalier du Mérite agricole l’année même (1891) où il obtenait son diplôme de pharmacien, il était officier de l’Instruction publique douze ans après (1903) et chevalier de la Légion d’honneur 18 ans plus tard (1909) ; officier à titre militaire, en 1917, il était promu commandeur, au titre du ministère des colonies, en 1935. BIBLIOGRAPHIE En dehors de ses thèses et de diverses notices de l’Office national des Matières premières végétales, Emile Perrot a publié : En 1906 : Les matières premières usuelles d’origine végétale, indigènes et exotiques, 44 p., 2° éd. En 1913 : Poisons de flèches et poisons d’épreuve (avec Em. Vogt), un vol. XII, 368 p. En 1914 : Les grands produits végétaux (avec A. Fauchère et autres), un vol., 564 p. En 1944 : La culture des plantes médicinales, un vol. VIII, 382 p. Matières premières usuelles du règne végétal (avec M. Mascré, J. Régnier, R. Weitz et P. Crété), 2 vol. XXVIII, 2343 p.
ICONOGRAPHIE Portrait par A. Thésonnier (1923) dans la salle Vauquelin.
BIOGRAPHIES Auguste Chevalier – Prof. Emile Perrot (1867-1951), Rev. Intern. Bot. Appl., 1951, 31, p. 562-564. René Paris – Le Prof. Em. Perrot (1867-1951), Ann. Pharm. Franç., 1952, 10, p. 711-727, avec la liste de ses principales publications complètes par le Dr R. Weitz. |
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Référence : G. Dillemann Produits et Problèmes Pharmaceutiques (1975 ?) |