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Histoire des Laboratoires MIDY

 Les Laboratoires MIDY

 En 1867, après un siècle et demi d’activité en Province, Léon MIDY (1847 – 1928), issue d’une longue lignée de pharmaciens, s’installe à Paris et fait de son officine, implantée faubourg Saint-Honoré, une des «Pharmacies d’ordonnances et d’analyses » les plus célèbres de la capitale, s’attirant ainsi une très nombreuse clientèle française et étrangère. En 1895, Léon, secondé   par ses deux fils André et Marcel, quelques années après, supervise la transformation de son officine en laboratoire de spécialités. Installé rue du Commandant Rivière, puis, plus tard, rue du Colonel Moll, c’est l’un des tous premiers créés en France. Il se livre à l’étude de diverses drogues et plantes exotiques, dans le domaine chimique voit l’intérêt des noyaux à deux atomes d’azote, découvre notamment les propriétés uricoytiques de la  pipérazine et en fait une spécialité. Une grande firme est née.

 

Publicité pour Colchi-Sal, 1949

La fin du siècle voit la signature des premiers contrats avec des distributeurs étrangers ; l’Argentine et Cuba étant parmi les premiers pays d’exportation. Au moment où survient la Grande Guerre, MIDY exporte dans près d’une cinquantaine de pays et commercialise trois grands produits : Algipan, Antigrippine et Pipérazine. Notons que le premier dictionnaire des spécialités de Louis VIDAL, diffusé pour la première fois en 1914, fait une large place aux produits MIDY (Algipan, Antigrippine, Colchi-sol Midy, Kola Midy, Bi-iodure, Valyl Midy, Cascara Midy, Bétul-Ol-Midy…).

 

Publicité Midy, 1899

A la mort de Léon MIDY, survenue en 1928, André et Marcel, tous deux pharmaciens, continuent la tradition sous la raison sociale «MIDY FRERES». Ils développent considérablement l’entreprise, transfèrent leurs locaux avenue de Wagram et, surtout, établissent des contacts avec le corps médical du monde entier, ce qui les incite à ouvrir et équiper des laboratoires à l’international, notamment à Bruxelles, Milan, Mexico, La Havane… Lorsque André meurt en 1933, son frère Marcel (1879 – 1968) s’associe avec ses propres fils, Robert et Pierre. Ils sont à la tête de soixante-sept filiales, fabriques ou comptoirs dans le monde. La politique de MIDY étant, à cette époque, de ne commercialiser que des spécialités issues de sa recherche, ou de ses mises au point galéniques, et d’en donner licences dans tous les pays où l’on ne pouvait pas exporter depuis la France ou l’Italie.

 

Publicité 1921

 

Dès les années 30, est lancée la fameuse Collection des Documents MIDY (plus de 60 monographies en langue française, italienne, espagnole seront publiées avant 1971, date de la fusion avec CLIN-BYLA), inaugurant ainsi le rôle avant-gardiste que la société confiera à sa communication. Dans ce domaine, films thérapeutiques, publications scientifiques, publicités promotionnelles, relances postales, encarts dans les revues médicales vont se suivre régulièrement et assurer la notoriété des spécialités MIDY.

Viennent les jours difficiles de la Deuxième Guerre Mondiale : tant bien que mal Marcel MIDY et ses fils, maintiennent le cap. Des filiales sont constituées depuis une plate-forme établie à Mexico, permettant de fabriquer les spécialités et de les vendre de la baie d’Hudson à la Terre de Feu. Robert MIDY, alors vice-président de la Chambre syndicale des Fabricants de Produits pharmaceutiques (aujourd’hui le SNIP), jouera un rôle considérable dans l’approvisionnement des matières premières indispensables à l’ensemble de la profession.

 

Médicaments commercialisés par Midy en 1949-1950 (Le Livre du Praticien) :

Algipan, Antidiabétique, Antigastralgique, Antigrippine, Bétul-ol, Bi-iodure de mercure indolore Midy, Carbolin simple et composé, Cascara Midy, Cocaïne Midy, Colchi-Sal, Panlacto, Pipérazine Midy, Pommade Midy, Provéinase, Suppositoires Midy, Thiodacaïne, Thiodérazine, Thiodérazine B vitaminée, Baume Algipan.

 

Puis, après ces jours sombres, c’est l’envol. A la politique de commercialisation, depuis les années 30, des anti-rhumatismaux – ce qui vaudra d’ailleurs à la firme de l’avenue de Wagram le surnom de « Maison du Rhumatisme » – s’ajoutent, dans les années 50, les anti-inflammatoires et, au début des années 60, les anxiolytiques et les antibiotiques, avec par exemple les antibiotiques brevetés pénimépicyline et métampicilline (cette dernière fut même donnée en co-marketing à CLIN-BYLA à la signature de l’accord de fusion).

 

Les années 60 voient aussi les laboratoires s’agrandir : l’immeuble parisien est transformé uniquement en bureaux, toute la fabrication française est transférée dans la nouvelle usine ultramoderne et déjà « modulable » d’Evreux, les installations italiennes sont rénovées, Milan accueille le nouveau centre de recherche, une demi-douzaine de nouvelles filiales sont créées à l’étranger…

En 1968, MIDY prend en licence le Preventa de J&J, pilule anticonceptionnelle. MIDY, ne fabriquant pas d’hormonaux, signe avec CLIN-BYLA, société française dirigée par la famille COMAR, un contrat de façonnage (CLIN-BYLA disposait des installations nécessaires et produisait déjà les pilules de WYETH et de SEARLE1969 voit la signature d’un accord de recherche. Ayant appris à se connaître, les dirigeants de CLIN-BYLA et de MIDY s’acheminent tout naturellement vers un rapprochement, visant à constituer le 3ème groupe pharmaceutique français derrière RHÔNE POULENC et ROUSSEL UCLAF. C’est chose faite en 1971 et la fusion des deux entreprises donne naissance au groupe appelé CLIN-MIDY, qui pèse près de quatre milliards de C.A. Ayant mis en commun leur avenir en finançant à 50-50 le nouveau centre de recherche qui sera bâti à Montpellier, ils s’estiment très complémentaires : en effet, la politique de MIDY développait toute une série de filiales à l’étranger avec des produits en pleine propriété, tandis que la politique de CLIN-BYLA, visant à favoriser l’installation en France des sociétés américaines comme PFIZER, WYETH et SEARLE, disposait d’un outil de production et de distribution très performant.

Publicité 1973, Le Concours médical

 

Peu avant la fusion, MIDY avait initié la prise de contrôle de BANANIA. CLIN-MIDY, désormais coté en Bourse, entreprend alors une belle diversification dans le domaine agro-alimentaire. Les chocolats POULAIN, implantés à Blois depuis 1848, rejoignent, en 1978, le groupe, et avec POULAIN racheté, une part importante du capital du chocolatier suisse SUCHARD-TOBLER. Par souci de clarté et d’image le Groupe est alors rebaptisé C.M. industries.A la fin des années 70, le chiffre d’affaires du groupe atteint six milliards de francs (4,5 pour la Pharmacie et 1,5 pour l’agro-alimentaire) et hisse la société dans le peloton de tête des grands groupes chimiques et pharmaceutiques. 1980 : Antoine, le fils de Robert, et Philippe, le fils de Pierre, ont désormais rejoint la société. Philippe, Secrétaire Général, a donc toutes les facilités pour étudier les perspectives d’évolution. Dans cette optique, il n’hésite pas à écouter les propositions de la banque LAZARD, dûment mandatée par SANOFI, n’étant pas engagé, tout comme son cousin Antoine, par le pacte de famille signé par leurs pères. C’est ainsi que C.M. industries, amputé de sa division alimentaire reprise entièrement par la famille MIDY intègre SANOFI, en octobre 1980, faisant plus que doubler la taille de SANOFI.

Une nouvelle aventure, qui prend son origine dans plus de 280 ans de tradition pharmaceutique, commence.

 

 
 

Source : Archives SANOFI-AVENTIS (M. Olivier de Boisboissel, 2005)
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