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Emile Clément JUNGFLEISCH

Emile Clément JUNGFLEISCH (1839-1916)

  D’une famille originaire de la Lorraine, Emile Clément Jungfleisch, fils d’un artisan en ameublement, est né à Paris dans le faubourg Saint-Antoine. Elève doué et studieux, il fit avec succès ses études secondaires, terminées par le baccalauréat ès sciences. Il s’orienta alors vers la pharmacie, accomplissant ses années de stage dans l’officine de Boutron-Charlard, 12 boulevard Bonne-Nouvelle et ensuite dans celle de Caventou, 16 rue Gaillon. Il présenta alors le concours de l’internat et fut nommé en 1863 interne des hôpitaux de Paris. Il accomplit la plus grande partie de son internat à l’hôpital de la Pitié où il manifesta un dévouement remarquable pendant l’épidémie de choléra, ce qui lui valut d’être dispensé du paiement des droits universitaires jusqu’à la fin de ses études.

Décidé à entreprendre une carrière universitaire, il prépara en Sorbonne la licence es sciences physiques qu’il obtint en 1866. Deux ans plus tard, il devenait docteur es sciences physiques grâce à la soutenance d’une thèse remarquable de chimie organique « Recherches sur les dérivés chlorés de la benzine ». L’année suivante, en 1869, il était reçu pharmacien de 1ère classe avec une thèse sur les « Recherches sur les anilines chlorées », puis nommé préparateur des cours de chimie à l’Ecole supérieure de pharmacie, reçu au concours d’agrégation et institué agrégé de chimie à la même Ecole, où, dès cette année là, il eut la charge du cours de chimie organique comme suppléant de Berthelot. Il devait à nouveau exercer cette suppléance en 1874 et en 1875. Le 31 mars 1874, il est nommé directeur du laboratoire des thèses, chargé de la direction des exercices pratiques de 1ère année et de la surveillance des manipulations du 3e examen. Cependant, conservateur des collections scientifiques de l’Ecole polytechnique depuis 1871, il y était nommé en 1874 répétiteur auxiliaire puis, en 1877, répétiteur adjoint de chimie.

Le 10 avril 1876, il était chargé du cours de chimie organique, en remplacement de Berthelot démissionnaire, et le 25 juillet suivant- nommé professeur dans la Chaire de Chimie organique. En 1890, succédant à Peligot, il était nommé professeur titulaire de chimie générale dans ses rapports avec l’industrie au Conservatoire National des Arts et Métiers, Chaire dont il avait été suppléant en 1888-1889. Par décret du 2 janvier 1908, il était appelé à la succession de son maître Berthelot  dans la Chaire de Chimie organique du Collège de France, et il prononçait sa leçon d’ouverture le 24 mars 1908. il devait ainsi abandonner sa Chaire à l’Ecole de pharmacie après l’avoir occupée pendant plus de trente et un ans  et avoir enseigné la chimie organique pendant trente neuf ans dans cette école.

Après ses recherches sur les dérivés chlorés du benzène, objet de sa thèse, il s’efforça de réaliser la synthèse totale de corps optiquement actifs que différents savants, et en particulier Pasteur, pensaient impossible, estimant que la formation de tels corps était subordonnée à l’acte vital. A partir de l’acétylène, par l’intermédiaire des l’éthylène et de l’acide succinique, il réussit à préparer plusieurs centaines de grammes d’acide tartrique inactif. Comme on savait transformer cet acide en acide racémique et dédoubler ce dernier en ses antipodes actifs, par la méthode de Pasteur, il démontrait ainsi  que le pouvoir rotatoire pouvait se former sans l’intervention des phénomènes de la vie. Jungfleisch poursuivit ses recherches sur la dissymétrie moléculaire qui constituèrent la plus importante de ses préoccupations scientifiques. Il étudia ainsi les isomères optiques de l’acide camphorique, la transformation réciproque des acides fumarique et malique et la préparation de l’acide malique inactif, les isomères optiques de l’acide lactique et de la cinchonine.

Ses recherches ne portèrent pas uniquement sur la chimie organique et il contribua à la solution de divers problèmes de chimie minérale : il expliqua le rôle de certains oxydes métalliques dans la préparation de l’oxygène au moyen  de chlorate de potassium ; il mit au point un procédé industriel de réduction des composés nitrés par les sels du protoxyde d’étain ; il prépara plusieurs dizaines de grammes de gallium qui venait d’être découvert et put ainsi établir les principales propriétés de ce métal.

Il n’est pas sans intérêt du point de vue historique de rappeler qu’en 1881, lorsque l’Ecole supérieure de pharmacie s’installa dans ses nouveaux bâtiments de l’avenue de l’Observatoire, Jungfleisch aménagea le Laboratoire de chimie organique d’après les plans de Berthelot.

Dès 1859 membre de la Société chimique de Paris (de France ultérieurement), il en fut le vice-président en 1874 et en 1878, et le président en 1879. Membre de la Société de Pharmacie de Paris depuis 1869, il en sera président en 1883, et membre associé en 1908. Elu membre titulaire de l’Académie nationale de Médecine en 1880. Membre d’hygiène publique et de salubrité du département de la Seine en 1882, il en sera le Vice-président en 1890. Membre de la Comission de rédaction du Codex en 1892, 1898 et 1910. Il fut élu membre de l’Académie des Sciences le 15 février 1909. L’Académie des Sciences lui avait décerné en 1872 la totalité du prix Jecker de chimie organique. Officier d’Académie en 1875, et Officier de l’Instruction Publique en 1884. Chevalier de la Légion d’Honneur en 1880 et Officier en 1908.

 Référence : G. Dillemann. Jungfleisch. Produits et problèmes pharmaceutiques
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