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Nicolas HOUEL

 Nicolas HOUEL (1524 ? – 1587)

 

 

   Houel était parisien mais ni le lieu ni la date de sa naissance ne sont connus, l’année 1524 étant généralement reconnue comme la plus vraisemblable. De même, on ignore la date de sa réception à la maîtrise d’apothicairerie. P. Dorveaux indique qu’il faut maître juré en 1556 et 1557. Un bail signé en 1548 prouve qu’il exerça son métier rue de la Tixandrerie, proche de l’actuelle place de l’Hôtel de ville de Paris.

Brusquement, après une trentaine d’année d’exercice de la pharmacie, Houel réorienta sa vie se vouant dès lors à la philanthropie et à la sauvegarde des orphelins. C’est ainsi qu’il adresse au roi Henri III une requête en 1576 afin d’installer un établissement charitable destiné aux pauvres malades et aux enfants abandonnés. Il désire aussi apprendre à ces orphelins l’Art de l’apothicairerie et faire une distribution de médicaments « aux pauvres honteux ». Houel est admis à s’installer dans la Maison des Enfants-Rouges, près du Temple, fondé en 1536 par François I°. En 1578, il obtient de transférer son œuvre au faubourg Saint Marcel qui prend le nom de « Maison de la Charité Chrétienne », dans l’ancien Hôpital de Lourcine en ruines, appelé aussi « Hôtel-Dieu des Patriarches ». On y recevait à l’époque, depuis 1559, toutes les personnes atteintes de la maladie rapportée d’Italie par les troupes de Charles VIII, et qui depuis 1496 encombraient l’Hôtel-dieu de Paris et étaient parquées dans des granges de la rue du Sépulcre. Houel s’engageait contractuellement à assurer aux orphelins, le gîte, la nourriture, l’habillement et l’enseignement. Ils y apprenaient la doctrine de l’Eglise, les bonnes lettres, la pharmacie et la connaissance des simples pour leur permettre d’aller traiter et « médicamenter » des pauvres honteux qui ne pouvaient sortir de leurs maisons.

Dans la nuit du 8 au 9 avril 1579, une célèbre crue de la Bièvre, appelée depuis « Déluge du faubourg Saint Marcel » survint alors que tous les habitants étaient couchés et ce fut pour Nicolas Houel l’écroulement de presque toute sa réalisation. Tous les bâtiments furent endommagés et plus spécialement l’apothicairerie et le jardin. Pendant cette crue qui dura trente heures, l’eau monta jusqu’au deuxième étage des maisons (4 à 5 mètres) selon certains auteurs. Il y eut vingt-cinq morts parmi les habitants selon les uns, de vingt à soixante selon d’autres, ainsi que 40 blessés, des dégâts matériels de 60000 à 40000 écus, douze maisons abattues, etc. Houel, désireux de faire croître ses plantes médicinales tout en se prémunissant contre une éventuelle crue de la Bièvre, fit défricher un lieu situé de l’autre côté de la rue de Lourcine appelé « Terrain des vieux fossés », terrain qui remonte en pente vers la rue de l’Arbalète, et dont l’actuelle rue Mouffetard peut donner une idée.

Mais Nicolas Houel meurt en 1587, épuisé par ses efforts de reconstruction. Mais ses efforts n’avaient pas été vains. Dès octobre 1587, Audens reprit les travaux. C’est en 1624 qu’un arrêt du Grand Conseil confie l’administration à la Communauté des Apothicaires-épiciers, qui renonce aux anciens terrains et bâtiment pour ne conserver que le terrain vague des « Vieux fossés » qui allait devenir le berceau du Jardin des Apothicaires, puis plus tard l’Ecole de Pharmacie de Paris . C’est en 1882 où l’exiguïté des locaux nécessita l’installation dans de nouveaux bâtiments, ceux de l’avenue de l’Observatoire. Entre-temps, le terrain des vieux fossés que Nicolas Houel avait fait défricher était devenu successivement le « Jardin des Apothicaires », le « Collège de pharmacie », l’ « Ecole gratuite de pharmacie », l’ « Ecole de pharmacie de Paris », réalisant ainsi son souhait, exprimé en 1576 devant le roi Henri III, d’un enseignement public de la pharmacie.

Houel a publié de nombreux ouvrages, dans des domaines très divers : des ouvrages à caractères artistique et poétique tel l’Histoire de la reine Artemise, des dessins et sonnets, etc., et des ouvrages de pharmacie : Pharmaceutices libri duo- in-8, le traité de la Peste (1573), et le Traité de la Thériaque et Mithridat. Dans ses ouvrages transparaissent sa foi religieuse, sa soif de charité envers des pauvres, les malades, les orphelins. Il investit sa fortune dans la réalisation de son œuvre philanthropique, achevant sa vie à la limite de la pauvreté.

 

Source :

C.Warolin. Nicolas Houel et Michel Dusseau, apothicaires à Paris au XVI° siècle. 34° Congrès International d’histoire de la Pharmacie.

E. Bzoura : Nicolas Houel et la Bièvre. Actualités pharmaceutiques, Septembre 1994, N°323 : 68-71

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