illus014

Les gemmes dans la pharmacopée

Exposition temporaire

Les gemmes dans la pharmacopée

(d’après E-H Guitard, 1938)

 

Les pierres précieuses ont joué un rôle considérable dans la thérapeutique de jadis. Elles furent certainement bien peu profitables au malade, mais quelle aubaine pour l’apothicaire quand il pouvait en incorporer dans les préparations destinées à la clientèle riche !

 Naturellement, il est difficile aux époques anciennes de distinguer leur vertu magique de leur vertu thérapeutique. S’il suffit, pour guérir de les porter au cou, on peut dire qu’elles agissent plutôt comme des amulettes : pas de doutes quand il s’agit d’abraxas ou de pierres gnostiques sur lesquelles on a gravé une figure et une formule. Mais si on doit les avaler sous une forme quelconque, elles peuvent être considérées soit comme talisman, soit comme remèdes, et nous ne savons pas toujours si c’est à leurs vertus surnaturelles ou à leurs propriétés naturelles qu’on a fait appel. La lithothérapie ou médecine par les pierres1 prend de bonne heure une telle importance qu’elle provoque l’éclosion de toute une littérature, celle des lapidaires.


Le Pen t’sao Kang mou est un lapidaire chinois du XVI° siècle dans lequel son auteur, le savant Li-Che-Tchen, a réuni la matière de 800 lapidaires antérieurs. Il y en eut aussi beaucoup dans l’Inde, qui est le pays des gemmes par excellence, puis en Egypte et en Grèce, puis à Rome, mais très tardivement, enfin et surtout à Byzance. Démarqués, les lapidaires de l’Orient firent les délices de nos pères au Moyen-âge ; ils circulèrent surtout sous la forme qu’après Théophraste, Pline et Isidore de Séville, leur donnèrent l’évêque de Rennes Marbode et Sainte Hildegarde, de Bingen, la Sainte Thérèse allemande. Evidemment, il y avait, surtout à cette époque troublée, des charlatans, virtuoses du qui pro quo. Les clients qui voulaient bien payer étaient toujours bien servis, tel le Pape Clément VII qui, malade en 1584, absorba en deux semaines pour 40.000 ducats de pierres fines en poudre, chaque dose valant 3.000 ducats d’or2.

Les pierres fines s’administraient le plus souvent sous la forme pulvérulente, mais certains médecins, comme Thurneysser, l’élève de Paracelse, les ordonnaient en teintures combinées avec la teinture d’antimoine. Ce sont les couleurs des gemmes qui, la plupart du temps, déterminaient leurs qualités. En vertu du fameux adage qui est devenu aussi la devise de l’homéopathie – similia similibus curantur -, les pierres devaient guérir les maux des organes humains dont elles avaient la nuance. Ainsi les pierres rouges arrêtaient le flux du sang, les jaunes combattaient la jaunisse et les troubles du foie, les bleues et les vertes étaient secourables aux yeux. Mais on ne cherchait pas toujours à les « spécialiser ». Elles étaient toutes réputées comme antidotes, surtout quand les trafiquants qui les apportaient de l’Inde garantissaient qu’on les avait extraites du cou des cobras.

Deux de préparations composites ont bénéficié auprès de nos aïeux d’une faveur exceptionnelle : l’electuarium de gemmis et la confection d’hyacinthe. Le premier, selon Bauderon,  était un mélange de pierres précieuses pulvérisées, mais de véritables pierres précieuses à l’exclusion du marbre, du silex et autres minéraux communs. C’est Pomet qui donne la formule de la confection d’hyacinthe, où il entrait bien autre chose que les débris de cette pierre délicatement azurée : « Hyacinthe3, Corail rouge, Bol du Levant ; Terre sigillée, de chacun 4 onces, Graine écarlate, Dictame de Candie, Racine de tormentille, Semence de citron mondé, Safran, Myrrhe triée, Roses de Provins, de Santaux et d’Ivoire, Semence d’oseille et de pourpier, de chacun 10 gros et 2 scrupules. Saphir rouge, Emeraude, Topaze, Perles fines, Soie crue, Feuilles d’or et d’argent, de chacun 16 scrupules. » Cet électuaire, présenté sous la forme liquide, constituait, croyait-on, un cordial formidable. Malheureusement, ajoute Pomet, « la chereté de cette composition et le débit qui s’en fait a donné occasion à mille brouillons de la sophistiquer d’une manière si énorme que je n’ose presque dire avec quoy ». D’autres auteurs « osent » nommer la cendre et le verre pilé ! Et si le malade en mourait, il était facile au médecin d’en rejeter la faute sur l’apothicaire.

Voici quelques unes des pierres et leurs prétendues propriétés thérapeutiques :

L’agate : d’après les magiciens consultés par Pline, cette variété de quartz qui a la transparence douteuse de la corne, combat les piqures des scorpions et des araignées, détourne la foudre et la tempête, rend les athlètes invincibles  et … met la discorde dans les ménages, mais il faut la suspendre à des crins de lion pour obtenir son maximum d’efficacité. L’adamas, du grec a-damao, autrement dit indompté parce que les Anciens ne surent que le briser, non le tailler) est notre diamant : il dissipe les poisons et la peur. Mais il était poison lui-même, tirant son venin, suivant le Lapidario del rey Alfonso X, du sang des dragons qui le gardaient et se blessaient à son contact dans les pays où il fait six mois de jour et six mois de nuit…

Le Diamant est le plus parfait, le plus dur & le plus transparant de toutes les pierres précieuses, dont il y en a de deux sortes ; sçavoir, le vrai & le faux, dont le prix & le merite n’est que suivant sa grosseur & son brillant. Je ne m’étendrai pas davantage au sujet de cette précieuse marchandise, en ce qui s’en trouve peu chez les droguistes, & qu’elle est très peu usitée en Médecine ; je dirai seulement que le Diamant, après avoir été passé par le feu & ensuite lavé dans des eaux appropriées cinq à six fois, réduit en poudre & porphrisé, est un bon diurétique pour résoudre la pierre. La dose est depuis quinze jusqu’à vingt-cinq grains. Le Diamant est apporté de différens endroits, comme des Grandes Indes & autres.

Pomet, Histoire Générale des Drogues, Tome II, Paris, 1735

Améthyste signifie en grec « qui combat l’ivresse » : ceux qui baptisèrent ainsi le quartz violacé avaient sans doute rapproché sa couleur de celle que prend le vin après une courte visite dans l’estomac d’un ivrogne…

Le gemme aster, qui doit être notre girasol, tient emprisonnée, assure Pline l’ancien, la prunelle lumineuse d’un œil…

Le béryl ou aigue-marine possède la propriété de noircir dans les mains des faux-témoins ; en outre, suivant l’évêque Marbode :

On se sert pour les yeux de l’eau qui l’a trempé
Et quiconque en boira sentira dissipé
Ce flot de gaz qu’en rots l’estomac nous envoie…

L’échine étant tachetée comme la peau des vipères, il n’est pas étonnant qu’on l’ait mêlée à des histoires de félonie et de poisons

.

 

Les anciens n’ont pu connaître la véritable émeraude qu’on trouve seulement en Amérique. Ils appelaient smaragdus un joli quartz vert. Au cirque, Néron portait un monocle d’émeraude, et c’est sans doute parce que le vert repose la vue que Pline recommande les préparations de fausses émeraudes en ophtalmologie.

La noire hématite, qui saigne quand on la coupe, guérit également les yeux, mais aussi le foie, les reins, l’intestin relâché et surtout les flux de sang. Dans sa Vie des peintres, Vasari raconte qu’étant enfant, il eut une grave hémorragie nasale dans l’église d’Arezzo où il regardait travailler le grand peintre Signorelli : celui-ci le sauva en lui glissant dans le dos une hématite.

C’est la Chine qui pendant longtemps eut le monopole de la fourniture du jade, la pierre vert-cendre et translucide. Mais les conquistadors Espagnols en trouvèrent dans l’Amérique du Sud et lui donnèrent le nom qui lui est resté : « piedra de hijado », – pierre pour le flanc -, parce que les indigènes l’utilisaient contre les maux de reins et les calculs. Chez les Chinois, le jade, concassé grossièrement, guérit la toux et le mal d’estomac, et la liqueur de jade rend la santé aux « cinq viscères » à la condition expresse que le malade soit chaste et ne boive pas trop de vin : les lapidaires racontent que cette mixture laissa impitoyablement mourir un homme nommé Ri yo parce qu’il était un ivrogne, mais elle conserva son cadavre. S’il avait été sobre et qu’il eut pris quelques grains de jade tous les jours, il fut devenu un génie céleste !

Le jais, d’après Marbode, est un « garant de la virginité » ; d’autre part, il facilite la délivrance des femmes. C’est aussi une des spécialités du jaspe, qui encore, au regard de la fièvre, est un ancêtre de l’aspirine… Très utilisée en médecine, la perle ou margarita est appelée par Isidore de Séville « la première des gemmes blanches » : cette erreur était déjà celle des Anciens, qui l’avaient pris pour une pierre précieuse, ainsi que l’ambre. Très recherchées également des malades, la malachite (du grec moloché, la mauve), et l’opale, qui réunit, selon l’expression de Pline, « le feu de l’escarboucle, l’éclat purpurin de l’améthyste, le vert marin de l’émeraude ».

L’Antiquité n’a point connu notre saphir, l’une des pierres les plus limpides après le diamant : c’est l’opaque lapis-lazuli qu’elle désignait sous ce nom. A cause de sa couleur ce faux saphir avait été affecté au service des yeux. Ce n’est pas seulement Albert le Grand et Marbode qui en préconisent l’emploi pour éloigner de l’œil toute impureté, mais l’iatrochimiste Van Helmont – presque un moderne – recommande d’en frotter l’œil malade, avec quelque précaution, cela va sans dire. Bien que prudente, cette friction ne calmera pas immédiatement la douleur (on s’en doute un peu) : cela viendra plus tard, grâce à la force magnétique du saphir.

La pierre d’Azur, que nous appellons plus communement lapis lazuli, d’autres lapis Cyaneus, ou lapis Stellatus, est une pierre pesante, d’un bleu celeste, quelquefois remplie de gangue ou de roche, le plus souvent garnie de veine de cuivre, que les Anciens et quelques Modernes ont crû être de l’or ; la plus grande partie du lapis que nous avons, vient de Perse & des Grandes-Indes ; quelques-uns assurent qu’il se trouve ordinairement dans les mines d’or & qu’elle en est sa marcasite. Quoiqu’il en soit, il est certain que le lapis que nous vendons, se tire des carrières comme l’on tire ici la pierre ; c’est ce qui fait que nous en avons de différentes grosseurs…..

Pomet, Histoire Générale des Drogues, Tome II, Paris, 1735

Pline a beaucoup vanté la topaze, qu’il dit avoir découverte par des Troglodytes dans une île déserte de l’Arabie, mais Sainte Hildegarde a écrit le panégyrique de cette gemme avec plus de ferveur encore. Pour elle, le vin de topaze est le meilleur des collyres. Mais il y a mieux : placée sur la table, la topaze ne tarde pas à suer si les aliments servis contiennent du poison. Et de bon matin, il faut le mettre sur le cœur en s’écriant : « Dieu loué dans l’éternité, ne me repousse pas, mais laisse moi sous ta bénédiction ! » C’est un moyen infaillible pour écarter le mal et les outrages, car topaze est synonyme de vertu.

Les Topazes, qui sont en usage en Médecine, sont des pierres de différentes grosseurs, extrêmement pesantes, claires & transparentes, tout à fait semblables au Gipe ou miroirs qui se trouvent dans notre plâtre de Montmartre ; on tient que cette pierre se trouve dans les Indes, tant Orientales qu’Occidentales, en Boëme et en Allemagne.

La Topaze n’a besoin d’autre préparation pour la Médecine, que d’être broyées à l’eau-rose comme la hyacinthe & autres pierres précieuses qui se trouveront cy-après décrites. Elles sont cordiales,  & employées dans la confection d’hyacinthe, & pour plusieurs compositions galéniques.

Pomet, Histoire Générale des Drogues, Tome II, Paris, 1735

Pomet mentionne aussi les grenats, les rubis, et d’autres pierres non précieuses.

De la Hyacinthe* (d’après Pomet, histoire Générale des drogues, 1735,réécrit par B. Bonnemain)

La Hyacinthe dont on se sert en Médecine est une pierre dont il existe trois sortes : la Hyacinthe souple de lait, qui est une petite pierre qui ressemble à un grain de sel moyen, assez tendre, de couleur ci-dessus, d’où vient son nom.

La seconde est une pierre rougeâtre à l’extérieur et à l’interieur, taillée naturellement en pointe de diamant, qui est très répandue en Pologne, en Bohême, en Silésie, et aussi en Italie; de cette même pierre ou Hyacinthe, il s’en rencontre parfois une blanche mêlée de rouge ou de jaune, et d’autres couleurs; mais comme ces différentes sortes de Hyacinthes ne sont employées que par les apothicaires ou les colporteurs qui cherchent les prix bas ou qui n’en connaissent pas d’autres, elles doivent être entièrement rejetées, n’étant que du sable, de même qu’une autre sorte de fausses Hyacinthes, qui sont des petites pierres de la grosseur d’une tête d’épingle, d’un rouge brillant qui se trouvent fort communément en divers endroits de France mais surtout en Auvergne, et que nous appelons jargons ou fausses Hyacinthes ; ainsi, ceux qui auront besoin d’Hyacinthe pour la Confection qui porte son nom, qui est décrite ensuite, ne se serviront que d’Hyacinthes souple de lait, qui sont véritables et orientales. Pour s’en servir en Médecine, elles n’ont besoin que d’être broyées, c’est à dire en poudre impalpable.

La Hyacinthe est un fort bon cordial et alcali, qui absorbe les acides; elle est à la base de la Confection du même nom, dont j’ai déjà parlé, et est employée dans des poudres ou compositions galéniques.

De la Confection d’Hyacinthe

La Confection d’Hyacinthe est un électuaire liquide et cordial, composée d’Hyacinthe, de Corail rouge, de bol de Levant, de terre sigillée de chacun quatre once et demi, de graine d’Ecarlate, de Dictame de Candie, de racine de Tormentille, de semence de Citron mondé, de Safran, de Mirrhtrée, de Roses de Provins, de Santaux, d’os de coeur de Cerf, de raclures de cornes de Cerf, d’Ivoire, de semence d’Oseille et de Pourprier, de chacun dix gros; deux scrupules de Saphir rouge, d’Emeraude, de Topaze, de Perles fines, de soie crue, de feuilles d’or et d’argent, de chacun seize scrupules qui valent cinq gros et un scrupule de musc, d’ambre gris de chacun quarante grains, qui font un demi-gros et quatre grains; de toutes ces drogues bien pulvérisées, les pierres ou fragments bien broyés sur un porphyre, le tout ensemble, on en composera un électuaire liquide avec le sirop de limon ou d’œillet, ainsi que cela est indiqué dans plusieurs Pharmacopées, où ceux qui voudront la préparer pourront avoir recours.
 

La confection d’Hyacinthe doit être de bonne consistance, récente, réalisée fidèlement, de couleur vermeil tirant sur le jaune; tous ceux qui prépareront la Confection d’Hyacinthe ne doivent mettre le musc et l’ambre que sur l’avis d’habiles médecins, car la plupart de ceux qui demandent la confection d’Hyacinthe la veulent sans musc ni ambre, car fort contraire aux femmes, ou s’ils en préparent, ils la mettront à part, c’est à dire qu’ils doivent en avoir de la muscée et de la non-muscée.

La Confection d’Hyacinthe faite dans les formes est fort utile en Médecine, en raison de ses grandes propriétés qui sont de fortifier le coeur, de résister au venin; on lui attribue les mêmes vertus et elle se prend de la même manière que la Confection d’Alkermès; son usage est si fréquent dans le Lyonnais, en Provence et dans le Languedoc qu’on trouvera peu de gens qui n’ont pas un pot de cette Confection, ou d’Alkermès ou de la Thériaque, et qu’elles n’en prennent tous les matins en se levant. Il faut prendre garde à qui on achète cette drogue, car beaucoup de gens la sophistiquent**, et si on l’achète à des gens inconnus, on risque d’être trompés.

De la très précieuse pierre de Porc de Sanglier des Indes Orientales

La pierre de porc, que les Hollandais appellent Pedro de Porco, & que les Portugais, qui ont apporté les premières pierres en Europe, appellent Pedro de Vassar, ou Piedra de Puerco, est un Bezoard qui se trouve dans le fiel des Sangliers des Indes. Cette pierre, ou Bezoard de Porc, est ordinairement de la grosseur d’une aveline, ou du bout du doigt, de différente figure & grosseur ; mais la couleur la plus ordinaire, est celle du savon de Toulon ; c’est à dire, d’un blanc tant soit peu verdâtre, & assez douce quand on la manie.

Quoique ces pierres soient extrêmement rares, il s’en trouve quelques unes dans les cabinets des curieux. L’on ne peut s’en imaginer la rareté la chose est si réelle, que dans la plus forte vente qui se fait à Amsterdam, ou à Lisbonne, des drogues des Indes Orientales, il ne s’y rencontre jamais au plus que trois ou quatre de ces pierres. Les Indiens appellent ces pierres en leur langue Masticha de soho ; ils en font une estime singulière à cause de sa vertu contre les venins, & les peuples du Royaume de Malaca, où elle se trouve plus communément, la préfèrent au Bezoard oriental, quoiqu’il passe dans les autres parties des Indes pour le meilleur antidote qu’il y ait dans la nature.

La pierre de Porc se trouve très rarement chez les Marchands d’Hollande, & encore moins chez nous autres, soit parce qu’elle est fort rare dans les Indes même, soit aussi parce que les indiens la conservent, non seulement comme un puissant préservatif contre les venins, mais encore comme un souverain remède contre une espèce de maladie qu’ils nomment mordoxi; qui leur vient d’une bile irritée, & qui leur est aussi dangereuse que l’est la peste en Europe.

Lorsqu’il arrive des pierres de Porc en hollande, elles se vendent ordinairement trois ou quatre cent francs la pièce, & quelquefois davantage ; mais les riches Marchands qui en connaissent toutes les propriétés, les conservent précieusement, ou pour en faire présent à quelques grands Seigneurs, ou pour s’en servir eux-mêmes dans le besoin. Ils la font mettre ou enchasser dans une boite d’or toute ronde, percée de plusieurs trous, à laquelle est attachée une petite chaîne d’or pour la suspendre lorqu’on veut s’en servir.

Il y a quelques familles & gens de considération en Hollande, qui conservent cette pierre de père en fils depuis plusieurs années, & les personnes qui sont de leurs amis ou de leur connaissance, y ont recours dans le besoin, principalement pour guérir les enfants de la petite vérole.

On lui attribue encore plusieurs autres propriétés contre les fièvres & contre la plupart des maladies des femmes. Celles des Indes y ont tant de confiance, qu’elles croient qu’il leur suffit de la toucher pour en recevoir du soulagement dans leurs incommodités ; mais celles qui sont enceintes n’osent pas s’en servir, de crainte qu’elle ne leur cause un avortement.

Lorsqu’on veut user de cette pierre, il faut la tenir suspendue pendant un peu de temps dans un verre d’eau ou de vin, elle lui communique sa vertu avec une petite amertume qui n’est pas tout à fait désagréable ; en buvant ce breuvage le matin à jeun, on en reçoit les avantages marqués ci-dessus. On peut bien s’en servir à toute heure dans les besoins pressants.

Des pierres de Malaca ou de Porcs-Epics des Indes

Outre la pierre de Porc, il y en a encore deux autres qu’on appelle ordinairement pierre de Malaca, ou de Porcs-Epics des Indes, à cause qu’il n’y a guère que dans ce Royaume où ces sortent de peirres se trouvent ; la plupart confondent la pierre de Porc avec celle de Malaca, à cause de leur grande ressemblance ; ce que je pourrais prouver par celle que j’ai, qui ne diffère qu’en grosseur, & de cequ’elles sont un peu plus par écailles, comme le Bezoard & autres. Ces pierres se trouvent aussi, mais fort rarement dans le fiel ou estomac & dans la tête des Porcs-Epics des Indes.

La pierre de Malaca, ou Bezoard de Porc-Epic des Indes, aussi bien que la pierre de Porc, servent souvent dans le Royaume de malaca, ou autres endroits des Indes, à faire présent aux Grands du Pays, même aux Ambassadeurs des Princes Etrangers. Garcias ab horto, remarque dans ses relations, que de fontems, le Viceroi du Roi du Portugal aux Indes, conservait une de ces pierres qui lui avait été donnée en présent par le Roi de Malaca, d’où l’on peut conclure l’estime que les Indiens font de cette pierre.
La seconde pierre de Malaca, est celle qui se trouve dans la tête de ces animaux, dont fait mention Monsieur Tavernier; mais comme je n’en ai jamais vu, c’est le sujet pour lequel je n’en fais aucune mention. 

En conclusion, les gemmes ont été utilisées en Médecine et dans la composition de médicaments divers. Certains encore aujourd’hui vantent les mérites de cette lithothérapie qui est sans aucun doute source de revenus pour les uns et source de déceptions pour les autres !

  1.  Cette modalité de soin reste à la mode en ce XXIème siècle où l’on voit fleurir nombre de sites Internet sur le sujet !
  2. Plus de 40.000 euros
  3. Venait d’Ethiopie

*Définition Wikipedia : Le mot zircon provient soit de l’arabe zarqun, « cinabre », ou du perse zargun, doré. On retrouve cette étymologie dans l’anglais jargoon, qui désigne des zircons de couleur claire. Les zircons jaunes à grenat sont appelés hyacinthes (du grec signifiant « jacinthe »). Les spécimens transparents sont utilisés en joaillerie pour des utilisations similaires à celles du diamant. Le zircon est un minéral du groupe des silicates, plus précisément des nésosilicates. Sa formule chimique est ZrSiO4, il s’agit de silicate de zirconium naturel.

**Sophistication = falsification 

 

Tags: No tags

Comments are closed.