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Histoire du Laboratoire DELALANDE

Histoire du Laboratoire DELALANDE

Michel Delalande, né le 15 juillet 1899 et qui sera à l’origine de la fondation des Laboratoires DELALANDE, avait son père médecin de campagne à Saint-Just-en-Chaussée, petit village de l’Oise. En mai 1918, le bourg étant proche du front, un bombardement le laissa orphelin avec ses deux autres frères. Leur oncle, Aristide Fouris, prit en charge la famille. Or Aristide Fouris était pharmacien et possédait, depuis 1895, à Paris une pharmacie près de la place des Ternes. En 1906, il déménage pour installer son officine au 9 rue du Faubourg-Saint-Denis, alors véritable centre industrieux de la capitale. C’est là que le jeune Michel, âgé de 17 ans, va s’initier à la pharmacie, à l’art des préparations ainsi qu’au négoce des spécialités en France et à l’étranger. Aristide Fouris fabriquait et commercialisait en effet plusieurs de ses préparations.

Publicité de Delalande pour Dicynone, 1965

En avril 1918, Michel Delalande est mobilisé comme pharmacien auxiliaire et est affecté, après l’armistice, au Centre de Stockage de l’Hôpital militaire de Strasbourg. Démobilisé en octobre 1919, il se présente au concours de l’internat de l’après-guerre et se lie d’amitié avec certains de ses collègues comme le fondateur des Laboratoires CARRION qui rejoindront le Groupe DELALANDE en 1965. C’est à cette époque que le jeune pharmacien est étroitement associé par son oncle au développement des affaires et constate les formidables bénéfices réalisés avec l’aide de commissionnaires à l’exportation, notamment en Amérique du Sud et à Cuba, par certaines pharmacies comme ASTIER, COMAR, FAMEL ou MIDY.

Publicité Delalande pour Histogénol

En juillet 1923, Aristide Fouris vend à son neveu son laboratoire, situé rue de Lacharrière dans le XIème arrondissement. Soutenu et conseillé par son beau-frère, Michel Delalande achète alors la grande pharmacie de Jacques Logeais, située avenue Marceau, où l’on vend à une clientèle aisée de très nombreux produits fabriqués en France et à l’étranger. Le catalogue des produits étrangers lui donne des idées : sur base du Vapex, mélange parfumé de menthol et d’acétone contre le rhume vendu principalement aux Etats-Unis, Michel Delalande met au point son tout premier produit, l’Humex. Le 31 mai 1924, Michel Delalande devient définitivement propriétaire de l’affaire d’Aristide Fouris. Les Laboratoires DELALANDE – « DELALANDE et Cie » – sont nés. 

 

Sur base des travaux de DAUSSE, Michel Delalande s’attache à mettre au point le premier camphre totalement soluble, dont les propriétés cardio-vasculaires connues étaient alors rendues difficilement exploitables par le fait que le camphre n’était soluble que dans l’huile, afin de remplacer définitivement l’ancienne huile camphrée. C’est le Solucamphre Delalande – camphosulfonate de diéthylènediamine -, qui sort sur le marché en 1927, inaugurant ainsi la classe des analeptiques. Inscrit au Dictionnaire des spécialités pharmaceutiques de Louis Vidal et commercialisé par l’Office de Vulgarisation Pharmaceutique (O.V.P.), le succès du produit est total. Dans la foulée, un Solucamphre spartéiné et un Solucamphre ouabaïné sont lancés et également confiés aux équipes de Louis Vidal. En 1930, la rue Lacharrière étant devenue trop étroite, la décision est prise de s’installer à Courbevoie, dans le prolongement des Champs-Élysées, où Michel Delalande va régulièrement acquérir les terrains environnants. L’entreprise, qui croît au rythme d’une société familiale, ne comprend alors que 10 employés. Ils seront plus de 80 en 1939.

La défaite, avec son lot de bouleversements et les prélèvements constants que vont exercer pendant quatre ans les Allemands sur l’économie nationale, entraîne le contrôle strict des prix, la raréfaction des matières premières et la chute des exportations. Les Laboratoires DELALANDE, qui bénéficient toutefois d’un classement comme usine prioritaire, ne souffrent pas trop de la désorganisation de la production : celle du Solucamphre passe notamment de 700.000 unités en 1942 à 1.415.000 unités en 1943. Proche de certaines idées de la Révolution nationale, Michel Delalande instaure une série de mesures destinées à se rapprocher de l’esprit corporatiste. Mais toute possibilité d’investissement et d’exportation reste interdite et les derniers mois de l’Occupation sont très difficiles. C’est donc dans un environnement sinistré que Michel Delalande, aux lendemains de la Libération, a l’obligation de développer son entreprise. Les chemins de la croissance passeront à la fois par une politique de diversification des spécialités et par une politique d’acquisitions.

A l’issue de la guerre, le produit porteur est toujours le Solucamphre. Mais il faut enrichir le catalogue qui ne compte qu’une quinzaine de produits majeurs. L’expansion recherchée va résulter de la collaboration étroite de Michel Delalande et du Docteur Quignon, médecin pharmacologue et ancien collaborateur avant-guerre des Laboratoires ROGER BELLON, dont l’arrivée aura une double conséquence : le développement de nouveaux produits, toujours issus d’un va-et-vient continuel entre médecine et pharmacie, et l’introduction des produits des Laboratoires DELALANDE dans le milieu médical et hospitalier européen. L’Entéro-Granulé Delalande, pansement intestinal à base de bismuth à densité constante et de charbon activé, est lancé en 1946. La Khélline, spasmolytique prescrit dans le traitement de l’angine de poitrine et les coliques néphrétiques, l’Etaphylline Aérosol, analeptique respiratoire à l’eucalyptol et à la procaïne, sont mis sur le marché en 1949. Au fil des ans, suivront l’Etaphylline Phénobarbital, décliné en comprimés, suppositoires et sirops, l’Etaphylline Phénobarbital papavérique, le Diorexiode, antibactérien antiprotozoaire, le B.A.L. Delalande, antidotique dans les intoxications aiguës ou chroniques. Mais les très grands succès sont, en 1953, le lancement du myocardiotonique Heptamyl – chlorhydrate d’heptaminol -, et en 1957, celui du cholagogue Sorbitol Delalande, régulateur des fonctions digestives, et de l’analgésique Palfium.

 Dès 1946, Michel Delalande avait constitué les Laboratoires DELALANDE SARL, dont le capital est détenu à 51% par le fondateur et 49% par la SARL PROMIDEL (PROduits MIchel DELalande). Dès le début des années 50, bénéficiant des ventes, une politique de croissance externe est menée*. Les filiales de Belgique et de Londres sont créées en 1949 et 1953. Des participations sont prises en Allemagne en partenariat avec CHOAY, au Brésil avec plusieurs associés, notamment L’EQUILIBRE BIOLOGIQUE, en Italie, en Suisse et en Algérie. En 1957, a lieu le rachat des Laboratoires MOUNEYRAT, fondés en 1923, et EMPTOZ. Parallèlement, l’organisation interne est rationalisée. La recherche et la production pharmaceutique sont installées à Courbevoie, la chimie s’implante à Villeneuve-la-Garenne dans l’usine de chimie fine rachetée à MOUNEYRAT.

Au début des années 60, la très forte expansion du groupe l’oblige à transformer ses structures et à décentraliser en province ses productions. En 1962, les Laboratoires DELALANDE SARL sont transformés en société anonyme. En 1965, DELALANDE S.A. achète les Laboratoires CARRION, spécialisés dans l’opothérapie et les synthèses hormonales, qui conserveront, au sein de la nouvelle structure, leur autonomie et leurs réseaux de visiteurs médicaux. En 1968, la société des laboratoires THERALGON est absorbée. Vingt ans plus tard, le 11 janvier 1988, c’est la reprise de VAILLANT-DEFRESNE, laboratoires prestigieux, dont l’origine remonte à 1826, date à laquelle le pharmacien Louis-René Frère commença à commercialiser la recette de la pâte pectorale balsamique dans le traitement des affections pulmonaires.

En 1965, est lancé le Dicynone, angioprotecteur antihémorragique, puis, deux ans plus tard, Sureptil, vaso-dilatateur cérébral, et Cariamyl, analeptique cardiaque et pulmonaire, sorti de la recherche CARRION. Le Vascoril, vasodilatateur coronarien, commercialisé en 1971, est le premier produit entièrement issu de la recherche du groupe. Il est suivi, en 1974, du Vasodistal, 4ème produit du groupe et qui sera licencié au Japon par DAIICHI SEIYAKU. Le groupe compte alors 1800 personnes dans 9 pays et plusieurs implantations supplémentaires sont à l’étude.


 

En 1974, est installé le nouveau centre de recherche du groupe sur la commune de Rueil-Malmaison dans un bâtiment neuf comprenant 6000 m2 de laboratoires et regroupant 200 personnes. Les axes de recherche portent principalement sur les thérapeutiques cardiovasculaire, psychotrope et digestive. Cette même année, l’action DELALANDE S.A. est introduite au marché au comptant de la Bourse de Paris. Fin 1983, tous les pôles de diversification sont cédés. Retiré des affaires en 1974, Michel Delalande laisse les commandes à ses gendres Carlos Pomaret et André Courtaigne, respectivement directeur des Laboratoires et responsable du développement international. Le recentrage sur le métier de pharmacien est mené par Carlos Pomaret devenu Président, aidé en cela par Claude Fauran qui lui succède à la direction des Laboratoires. Malgré de brillants succès, à l’exemple du lancement d’Humoryl, et une situation financière saine, les dirigeants du groupe sont désormais confrontés à la nécessité de trouver un partenaire pour soutenir les frais de recherche et assurer à la société son développement. C’est chose faite à la fin de novembre 1991 lorsque SYNTHELABO, qui en juillet a déjà repris la firme DELAGRANGE, acquiert les Laboratoires DELALANDE, se hissant d’un coup au 4ème rang des laboratoires installés en France. Disparu quelques semaines plus tôt, en octobre 1991, Michel Delalande a sans doute pu mesurer, avant de mourir, tout le chemin qui, des comprimés de l’oncle Fouris aux équipements ultramodernes de Rueil-Malmaison, a fait de sa vie exemplaire celle d’un grand pharmacien au service de ses employés, de ses patients et de son métier. 

 

*Produits commercialisés par DELALANDE en 1949-1950 (Le Livre du Praticien) :

Baume Suelta, Campho-Nirvane, Entéro-granulé, Ephédrocamphre, Esculéol, Hypiode, Neuroplasma, Neuroplasma Massif, Polyminéral, Rexiode, Sirop au Solucamphre, Solucamphre, Solucamphre Associations, Sulfocadol, Pectocanfor.

ETAPHYLLINE Lab. Delalande. LE MEDECIN LIBRE, Février 1955

Source : Archives historiques SANOFI-AVENTIS, 2005

 

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