Les débuts… |
par Henri Bonnemain 2/7 |
Le choix était parfaitement heureux, puisqu’en prenant la charge des finances, Ch. Buchet assura pendant plusieurs années, grâce au mécénat de son bel établissement la Pharmacie Centrale, la vie matérielle de la Société, et en particulier l’impression de son bulletin : tous les pharmaciens de France abonnés à l’Union pharmaceutique, le journal scientifique de la Pharmacie Centrale, recevaient du même coup, sans frais, le bulletin de la S.H.P. Pour l’instruction publique, c’est à dire la technique historique, Paul Dorveaux était un très éminent collaborateur : homme de l’Est, consciencieux, d’une haute élévation de pensée, parfaitement habitué aux recherches bibliographiques, il rendit à la tête de la bibliothèque de l’Ecole de Paris d’inestimables services en en faisant un des dépôts spécialisés les plus riches et les plus accueillants du monde. Quant à Guitard, qui modestement se considérait comme le « coursier », le « manœuvre » de l’équipe, il montra par la suite qu’il était un coursier génial à travers le monde pour faire connaître l’histoire de la pharmacie et les buts de notre société et en faire naître de semblables ailleurs, et aussi un « manœuvre » de grande classe qui sut travailler avec une remarquable efficacité, s’attachant des collaborateurs de tout premier ordre, alliant à ses qualités d’homme de lettres et d’historien son charme méridional, une culture prodigieuse, un sens et un goût de l’art qui ne se démentirent jamais jusqu’à ses derniers jours. On comprend qu’avec une telle équipe la S.H.P. ait vu le jour avec enthousiasme le 1er février 1913, lors d’une séance mémorable dans la Salle des Actes de l’Ecole, devenue depuis la fin de la Grande Guerre, en 1920, la Faculté de l’avenue de l’Observatoire, où se tiennent la plupart du temps nos séances. Ce premier février 1913, soixante-dix personnes, ayant accepté l’invitation de Ch. Buchet, étaient présentes, et autour des trois protagonistes se tenait l’élite de la science française, avec l’éminent botaniste Léon Guignard, membre de l’Institut, qui accepta la présidence de la séance, le Pr Henri Gautier, directeur de l’Ecole, M. Camille Bloch, inspecteur général des Archives et Bibliothèques, professeur à la Faculté des Lettres de Paris, le Pr Emile Bourquelot, membre de l’Académie de Médecine et médecin-chef de l’Hôpital Laennec, le PR Emile Perrot, directeur du Bulletin des Sciences pharmacologiques, le PR Charles Moureu, grand savant organicien,membre de l’Institut, professeur au Collège de France, le PR Raphaël Blanchard, de l’Académie de Médecine, Antoine Balland, le grand historien de la pharmacie militaire, et tant d’autres qui dès le début s’intéressèrent à cette société naissante au même titre que des pharmaciens d’officine, comme Toraude, dont on connaît la vie pleine de charme et qui écrivit avec talent et son âme de poète les célèbres Galéniennes qui ont enchanté tant de générations de pharmaciens. A cette séance solennelle de fondation avaient été associés quatre étrangers de marque : le Dr Johnsson, de Copenhague, le Pr Kremers, de Madison (Etats-Unis), le Pr Schelenz, de Cassel, et le Pr Sudhoff, de Leipzig, et ainsi dès le départ était nouée la relation avec les savants historiens hors de France. |
|