Bernard COURTOIS (1777-1838) |
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C’est en Bourgogne, dans sa capitale même, que naquit, en 1777, Bernard Courtois, inventeur de l’iode. Son père, préparateur-chimiste, avait créé, l’un des premiers, une nitrière artificielle qu’il exploita durant de longues années. Bernard suivit la même voie et entreprit des études pharmaceutiques. D’abord, dans une officine d’Auxerre, puis à Paris où il entra dans le laboratoire de Fourcroy, à l’Ecole Polytechnique, avant d’être incorporé dans le service de santé des Armées de la République. Rendu à la vie civile, il se tourna vers la recherche et entra chez le chimiste Armand Séguin. Courtois fut plus précisément chargé d’étudier l’opium. Utilisé sous diverses formes depuis la plus haute antiquité, le suc du pavot gardait encore bien des mystères en ce début du XIX° siècle. Courtois entrevit un de ses alcaloïdes, la morphine, mais il ne poussa pas plus loin ses travaux. En 1804, il quitta le laboratoire Seguin et revint en Bourgogne pour y ouvrir une salpêtrière artificielle, selon des procédés d’exploitation nouveaux. Il ne se doutait pas, qu’en passant de la recherche pure à l’industrie, il allait découvrir un métalloïde qui se révèlera si utile en médecine : l’iode. Il fit cette découverte en 1811. Il avait remarqué que les chaudières servant à la préparation du nitrate de soude étaient rapidement perforées. Courtois en étudia les causes et trouva que le cuivre se combinait avec une substance inconnue. Il poursuivit ses recherches et obtint un corps simple. L’Académie des sciences en fut informée deux ans plus tard par une note de Clément Désormes : Découvertes d’une substance nouvelle dans le varech, par B. Courtois. Gay-Lussac la dénommera « iode » (violet en grec), en raison des vapeurs violettes qu’elle dégage quand on la chauffe. Trop occupé par l’exploitation de sa nitrière, Courtois cessa ses travaux sur l’iode. Malheureusement, son entreprise ne put résister à la concurrence du salpêtre, importé massivement des Indes, à un prix dérisoire. Malade, ruiné, il reprit ses travaux sur l’opium, mais le temps lui manqua pour les mener à bien. Il mourut, en effet, en 1838, laissant sa veuve dans une situation financière désastreuse. Habile dentellière, elle vécut de son métier jusqu’au moment où elle perdit la vue. Humblement, elle sollicita de l’Etat une pension. Elle ne reçut que de modestes secours qui lui permirent juste de survivre. |
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Texte de Nicole RICHET |