Thomas Goulard (1697-1784)
et l’emploi du sous-acétate basique de plomb en thérapeutique
Thomas Goulard, chirurgien montpellierain du XVIIIe siècle, est connu pour avoir donné son nom à plusieurs formes pharmaceutiques ayant pour base un sel de plomb, le sous-acétate basique. Bien que réservées à l’usage externe, les formules contenant des sels de plomb sont toxiques si le principe actif parvient à pénétrer dans l’organisme, et ceci particulièrement chez l’enfant et le nourrisson. Bien qu’ayant pratiquement cessé d’être employées officiellement de nos jours, même à l’extérieur, à part la célèbre « eau blanche », ces préparations conservent néanmoins une réputation et des utilisateurs. C’est ainsi que le nom de Goulard a traversé plusieurs siècles et qu’il reste attaché à l’emploi du plomb en médecine et en pharmacie.
La vie et l’œuvre de Thomas Goulard
Plusieurs biographies de Thomas Goulard, plus ou moins précises, sont disponibles. Celle que nous devons à Dulieu, parue en 1951, est très complète. Thomas Goulard est né à Saint-Nicolas de la Grave, près de Montauban, le 3 mars 1697. Fils de Joseph Goulard, « praticien » (cela signifie-t-il chirurgien ?), il étudie la chirurgie à Montpellier où il passe ses examens en 1723 et 1724, et où il prête serment. En 1733, il est reçu adjoint dans la classe d’anatomie de la Société royale des sciences, où il devient titulaire en 1740, puis vétéran après sa démission en 1764. C’est la gradation utilisée à l’Académie royale des sciences à Paris. Il est aussi consul de Montpellier en 1741 et 1742, et maire (honorifique) d’Alet (Alès) en 1742.
Toute son existence est consacrée à la chirurgie. En 1747, il organise le service sanitaire de troupes françaises cantonnées à Gênes, et, en 1749, à Montpellier, il est nommé professeur-démonstrateur royal au Collège de chirurgie, démonstrateur royal d’anatomie à l’université de médecine et chirurgien en chef de l’hôpital royal et militaire. Vers 1760, il est atteint de cataracte et il devient totalement aveugle vers 1772. Aussi lui donne t-on un suppléant ou donne t-il sa démission de ses différents emplois. Pensionné du roi et de la province du Languedoc, membre des sociétés royales de Montpellier, de Toulouse et de Lyon, de l’Académie royale de chirurgie, il meurt le 16 janvier 1784 à l’âge de 87 ans.
Goulard est plus un praticien qu’un enseignant, et il s’est révélé comme un grand chirurgien au cours de ses fonctions à l’hôpital militaire de Montpellier où il s’est illustré en dermatologie et syphiligraphie, disciplines placées alors sous la responsabilité des chirurgiens. Son œuvre chirurgicale concerne la lithotomie et les instruments chirurgicaux. C’est cependant surtout par la thérapeutique chimique qu’il est connu. Son idée directrice est que le plomb, sous la forme de sous-acétate, qu’il appelle « eau de Saturne » et qui est une panacée. Il démontre que le plomb est un topique puissant et il l’emploie sous différentes formes dans les maladies dermatologiques et syphiligraphiques : gonorrhée, syphilis, gale, ulcérations, dartres, fistules, « cancers », contusions, tumeurs, hémorroïdes, etc. Ses œuvres présentent de nombreuses observations et témoignages sur ces produits, et on lui doit au moins une dizaine de préparations à base de plomb.
Parmi ses œuvres, les plus importantes et qui se rapportent à ces traitements par le plomb sont le Traité sur les effets des préparations de plomb, et principalement de l’extrait de Saturne, employé sous différentes formes, et pour différentes maladies chirurgicales (ce titre se trouve sous des versions et orthographes légèrement différentes dans les catalogues), paru à Pézenas (on écrit alors Pézénas) en 1760 et à Montpellier en 1766, et traduit en anglais en 1771-1772, les Remarques et observations pratiques sur les maladies vénériennes, avec une édition des maladies spécifiques de l’urètre et la composition des bougies spécifiques pour guérir les embarras de ce conduit et autres formules nouvelles et très utiles pour le traitement des maladies vénériennes (même remarque), édité à Pézenas et Montpellier en 1760 et ultérieurement, et les Oeuvres de chirurgie de M. Goulard, avec son traité sur les effets des préparations de plomb, paru en deux volumes à partir de 1762, à Paris, Montpellier, Liège, Lübeck et finalement Francfort.
Dulieu cite dix préparations à base de plomb, plus précisément d’acétate et de sous-acétate liquide, préconisées par Goulard : eau végéto-minérale, cérat de Saturne, cataplasme d’eau végéto-minérale, pommade de Saturne, nutritum de Saturne, pommade fondante, « peaux » de Saturne, emplâtres de trypharmacum simple et composé, poudre d’extrait de Saturne, auxquelles il ajoute « cinq espèces de bougies ». Il en décrit la préparation et indique les « grandes lignes » du traitement de la gale tel que le pratique Goulard. L’édition de 1923 du Dorvault cite six préparations : baume, bougie, cérat, eau, peau ou sparadrap et pommade. Celle-ci n’est pas la « pommade fondante », car elle ne contient plus d’extrait de Saturne et est devenue « antirhumatismale ». Pour sa part, la 22e édition, parue en 1987, connaît les mêmes formes, à l’exception du cérat, qui en a été retiré. Il était, sauf erreur de ma part, le seul des médicaments préconisés par Goulard, à avoir été inscrit à la 1e édition de la Pharmacopée française en 1819. De nos jours, seule la « lotion à l’acétate basique de plomb », ou « eau blanche », est encore utilisée. Elle a été inscrite au Formulaire national.
La pharmacie chimique, la pharmacologie et la toxicologie des sels de plomb en usage externe
Les alchimistes ont donné des noms de planètes aux métaux, et le plomb a reçu celui de Saturne. Si, au XIXe siècle, plusieurs sels de plomb (oxydes, acétates, carbonate, tannate, iodure) sont employés comme principes actifs, à l’époque de Goulard, le choix se limitait aux oxydes et à l’acétate. Il est alors bien connu qu’à l’air, le vinaigre réagit peu à peu sur le plomb pour former de l’acétate de plomb, et qu’il en est de même pour l’oxyde (la litharge) et pour le carbonate (la céruse) qui s’y dissolvent ; c’est le « vinaigre de Saturne ». La saveur sucrée de l’acétate est également connue, d’où les noms de « sucre de plomb » et de « sucre de Saturne ». Les alchimistes connaissent tous ces phénomènes et les utilisent pour leurs préparations, par exemple pour l’obtention du « Mercure philosophal ». Ils savent isoler à l’état cristallisé l’acétate (neutre), ou « sel de Saturne » ou « sucre de Saturne » ou « sucre de plomb ». Dans le Dictionnaire de Trévoux, en 1734, ce dernier est aussi appelé « sel de vinaigre corporifié avec la propre substance du plomb que l’esprit de vinaigre a dissoute ».
La méthode employée par Goulard pour préparer son extrait de Saturne : soumission d’un mélange à parties égales de litharge d’or (oxyde PbO fondu) et de vinaigre à ébullition dans un chaudron pendant une heure, refroidissement et décantation puis recueil du surnageant, aboutit à l’obtention de sous-acétate de plomb liquide ou acétate (tri)basique de plomb dissous, dont c’est l’une des méthodes de préparation en pharmacie chimique. On comprend donc que son auteur l’appelle « eau de Saturne » puisqu’il s’agit effectivement d’une dissolution de « l’ extrait ». La litharge (ou le massicot, oxyde non fondu) sert déjà à préparer des onguents, des emplâtres et des sparadraps, et elle est retrouvée dans le tripharmacum. Pour sa part, l’acétate neutre issu de l’action du vinaigre sur le métal ou sur l’oxyde, n’est pas isolé, et la dissolution associée au chauffage comme Goulard le pratique, conduit à la formation d’un mélange d’acétates basiques dont la composition complexe n’est pas susceptible d’être connue à l’époque. On dispose bien sûr aujourd’hui de l’acétate neutre cristallisé.
Sur le plan pharmacologique, il a certainement été constaté que l’usage interne est à proscrire, car les sels de plomb, solubles ou non, sont toxiques. Par contre, l’usage externe est connu, et, s’il peut exister des avis divergents sur leurs effets, certaines formules sont utilisées en pharmacie. Sans connaître leur mode d’action, les praticiens ont reconnu leurs effets topiques, et il se trouve effectivement que l’acétate est très efficace sur la peau saine ou non, ulcérée ou brûlée, et sur les muqueuses, et qu’il est astringent, vulnéraire et résolutif, c’est-à-dire qu’il supprime l’inflammation ou l’engorgement des tissus sans suppuration, ce qu’il est resté jusqu’à nos jours avec « l’eau blanche »… Goulard a créé « sa peau » qui est un sparadrap. Les sparadraps et les emplâtres, appliqués en bandelettes sur une surface, la protègent et la mettent à l’abri de l’air en formant un milieu favorable à la cicatrisation. La litharge se retrouve dans divers emplâtres et onguents : « diachylon, Canet, de Vigo, de la Mère », et le minium (ou oxyde salin) sert à préparer les emplâtres « rouge, brun de la Mère » et « de Nuremberg ».
Sur le plan toxicologique, nous n’ignorons plus rien aujourd’hui. La dose toxique varie avec la solubilité du sel, surtout lors d’une intoxication aiguë. Deux cuillerées « d’eau blanche » sont susceptibles d’entraîner la mort d’un jeune enfant, et l’absorption journalière d’un milligramme de plomb suffit à provoquer le saturnisme. C’est bien sûr surtout par la voie digestive que ses composés pénétrent dans l’organisme, mais le toxique peut aussi emprunter la voie cutanée à la faveur de lésions, et pour certains composés organiques, en raison de leur liposolubilité. Chez l’enfant, l’absorption digestive est élevée, et la pauvreté de l’alimentation en fer et en calcium la favorise. Le plomb, toxique cumulatif, s’élimine essentiellement par l’urine et assez faiblement par le lait. L’enfant est particulièrement sensible à sa toxicité. Les principes actifs et les médicaments plombiques sont susceptibles de provoquer des intoxications. La litharge et la céruse (carbonate) employées contre les rougeurs du visage et les excoriations ont provoqué l’intoxication d’enfants au cours de l’allaitement, et c’est ce qui s’est produit au cours de l’affaire de la Toile souveraine, dans le département des Vosges, en 1975. L’eau de Goulard, utilisée dans le traitement des brûlures, des contusions, des entorses, de l’érysipèle, de l’eczéma, etc., les sparadraps, les pommades et les onguents, sont responsables d’intoxications.
C’est parmi ces préparations employées en médecine populaire et plus ou moins « miraculeuses » que figure la Toile souveraine (de l’abbé Bertrand), encore dite du curé de Certilleux, qui a causé le décès d’un enfant en 1975, et dont on trouve trace sur internet. Ce produit est considéré comme proche de l’emplâtre de Nuremberg, en raison peut-être d’une similitude de principe actif, mais aussi certainement des relations qui existaient sous l’Ancien Régime entre l’abbaye de Morimond, dans le Bassigny, en Haute-Marne, dont la Toile est réputée issue, et un établissement religieux non précisé appartenant au même ordre religieux (l’ordre cistercien) et situé dans les pays germaniques. En effet, Morimond, « quatrième fille de Citeaux », était à l’origine de nombreuses abbayes-soeurs situées dans le Saint-Empire romain germanique. Cette parenté ne doit cependant être évoquée qu’avec beaucoup de prudence car, si la Toile est bien un emplâtre à base d’oxyde de plomb, le chauffage au cours de sa préparation empêche de préciser ensuite de quel oxyde on s’est servi. De toute façon, la Toile souveraine n’est pas le « sparadrap de Goulard » qui sera étudié plus loin, et son existence n’est évoquée ici qu’en tant qu’exemple de la toxicité des préparations plombiques.
L’eau de Saturne ou « eau végéto-minérale »
Goulard l’obtient en « mettant une cuillerée à café d’extrait de Saturne et deux d’eau-de-vie dans une bouteille d’eau commune ». Il propose un cataplasme qu’il prépare en faisant bouillir de l’eau végéto-minérale et de la mie de pain, puis en étendant le mélange sur une compresse. C’est la composition de base ci-dessus, en remplaçant l’eau commune par l’eau distillée et l’eau-de-vie par l’alcool éthylique, qui figure en 1819 à la première édition de la Pharmacopée française dans la monographie « Sous-acétate de plomb liquide », qui se termine en mentionnant que cette solution, réalisée avec de l’eau commune, devient blanche par formation de carbonate ou de sulfate de plomb, et d’acétate de calcium.
L’eau blanche est un remède populaire pour le traitement des contusions, des entorses, des brûlures, des engelures, etc. Lebeau et Janot, dans leur Traité de pharmacie chimique, citent l’emploi d’une solution à 2,3% en frictions sur les lésions créées par les aoûtats. Pour sa part, la « liqueur de Villatte » (extrait de Saturne et sulfates de cuivre et de zinc dissous dans du vinaigre), est employée en médecine vétérinaire et fait partie, avec l’eau blanche, des médicaments destinés aux chevaux.
Le cérat de Saturne et la pommade de Saturne
Goulard différencie ces formes. Il prépare le cérat en faisant fondre doucement de la cire en grain et de l’huile, et en y ajoutant après refroidissement de l’extrait de Saturne dissous dans de l’eau. Pour sa part, la pommade est obtenue en faisant fondre de la cire, en y ajoutant de l’huile rosat (des roses pâles dans de l’huile d’olive), puis de l’extrait de Saturne, enfin du camphre. Après avoir ôté du feu, l’ensemble est remué jusqu’à consistance.
La première édition de la Pharmacopé présente successivement le « cérat blanc » ou « de Galien « , préparé avec de la cire blanche pure, de l’huile d’amandes douces et de l’eau « très pure », ou mieux, de l’eau distillée de roses, et le cérat préparé avec le sous-acétate, vulgairement appelé « cérat de Goulard « , ou encore « cérat saturné » ou « d’acétate de plomb. Cette préparation est maintenant constituée d’une partie de sous-acétate de plomb liquide pour neuf parties de cérat de Galien, ou d’un gramme pour dix de cet exipient. C’est un topique, un résolutif, un astringent et un dessiccatif, mais il a l’inconvénient de rancir et de devenir irritant. L’usage du cérat saturné dans les brûlures graves est très répandu au XVIIIe siècle et il l’est demeuré jusqu’à la fin du XIXe siècle. Il est appliqué jusqu’à la chute des escarres et remplacé alors par les médicaments du traitement des plaies.
La pommade fondante
Goulard introduit de l’extrait de Saturne dans de l’eau, y ajoute du savon coupé en tranches, fait fondre le tout, incorpore du camphre et retire du feu après fusion. Cette pommade appelée « saturnée savonneuse », est surtout vantée dans les ankyloses.
Le baume de Goulard ou de Saturne
Le « baume de Goulard » ou « baume de Saturne » ou « huile de Saturne » n’est décrit qu’incidemment par son auteur à propos de la « poudre d’extrait de Saturne » dont il indique : « mettre de l’extrait dans une assiette et laisser évaporer. On peut toutefois mêler cette poudre à de la céruse (carbonate de plomb), de l’alun et de la térébenthine ». Il ne précise pas les indications de ce baume et de ces mélanges.
De nos jours, le baume est constitué d’essence de térébenthine et d’acétate de plomb en poudre. Il s’obtient en ajoutant l’acétate à l’essence chauffée en agitant et jusqu’à saturation. Après repos, la liqueur chaude est décantée. L’huile de Saturne s’emploie pour le pansement des ulcères rongeants. Il est réputé excellent pour nettoyer les ulcères, les chancres, et cicatriser les plaies anciennes, il « résiste » à la gangrène, ce qui signifie sans doute qu’il reste efficace lorsque celle-ci se développe, et enfin qu’il est encore meilleur « si on y a fait dissoudre du camphre ».
L’onguent nutritum ou nutritum de Saturne ou onguent triapharmacum ou onguent de plomb
Goulard différencie le nutritum et le triapharmacum que Dorvault range dans la même rubrique. Le nutritum est constitué de litharge d’or en poudre fine mêlée à de l’huile et à de la liqueur (eau ?) végéto-minérale. Quant au trypharmacum, il s’agit d’un emplâtre simple ou composé. Le premier se compose de litharge d’or, d’huile et de vinaigre soumis à ébullition jusqu’à consistance. Pour préparer sa forme composée, on soumet une quantité égale d’emplâtre simple et de diachylon simple à l’ébullition dans du vinaigre jusqu’à l’obtention d’une consistance permettant la mise en magdaléons.
La peau de Saturne ou « sparadrap de Goulard »
Un sparadrap est une étoffe recouverte d’une composition emplastique préalablement fondue afin de pouvoir y être étendue bien régulièrement, l’ensemble étant destiné à être appliqué sur la peau. De nombreuses masses emplastiques existent, et le sparadrap le plus employé a été le « sparadrap commun » obtenu avec l’emplâtre diachylon gommé, ce qui ramène au trypharmacum composé de Goulard. Or, tant l’emplâtre simple que le diachylon gommé, et de nombreux autres, contiennent de la poudre d’oxyde de plomb fondu, c’est-à-dire de la litharge, les autres sels de plomb : massicot (oxyde non fondu), minium, « oxyde puce » (dioxyde) et céruse, étant moins propices aux réactions chimiques indispensables, bien qu’ils entrent aussi dans la composition d’autres emplâtres (rouge de minium, brun de la Mère, de Nuremberg, de céruse, par exemple). Ils contiennent également de l’huile (d’olive de nos jours), et cette composition ramène à nouveau aux sels de plomb de Goulard.
La préparation de ce sparadrap met en œuvre de la cire (blanche), de l’huile d’olive, de l’extrait de Saturne et du camphre, dans lesquels sont trempées des toiles fines. La formule comporte également du sel ammoniac, c’est-à-dire du chlorure d’ammonium. Ce sparadrap porte aussi le nom de « résolutif » et est indiqué dans le traitement des douleurs rhumatismales et des ulcères atoniques des jambes, c’est-à-dire qui n’ont pas tendance à cicatriser. Il est cité dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales et figure dans le Dorvault.
Les bougies saturnines
Les bougies médicinales sont de petits cylindres de dimensions variables, grêles et flexibles, effilés en cône à une extrémité, destinés à être introduits dans l’urètre pour le dilater ou y apporter un principe actif. Goulard a proposé cinq espèces de bougies dont Dulieu décrit l’un des modes de préparation. Aujourd’hui, les « bougies de Goulard » ou d’acétate de plomb, ou « de plomb » ou fondantes ou résolutives, présentes dans L’Officine, constituées seulement de cire jaune et d’extrait de Saturne, ne se différencient plus que par les proportions relatives du principe actif et de l’excipient, et sont dites « fortes, moyennes ou faibles » selon qu’elles comportent 3, 6 ou 24 parties de cire pour une d’extrait, mais en y incluant une faible proportion de blanc de baleine. C’est une forme pharmaceutique qui est maintenant historique.
Conclusion
Les préparations à base de sels de plomb ont été très nombreuses autrefois. C’est ainsi que la Pharmacopée universelle de Jourdan en présente une très longue liste, et que, uniquement pour l’acétate basique, leur nombre est de quarante-neuf. Ceci donne une idée de ce qu’a été autrefois la notoriété des sels de plomb en thérapeutique, en dépit de leur toxicité, responsable d’accidents qui pouvaient être très graves. Cette nocivité les a fait disparaître à peu près complètement de la pharmacopée. Il n’en reste en effet presque plus puisque le Formulaire national ne « connaissait » plus ces dernières années que la solution d’acétate basique et la suspension de ce même sel « pour usage vétérinaire ». Il ne faut cependant pas omettre des emplois anecdotiques comme celui de la Toile souveraine dans l’ouest vosgien, dont nous avons vu le danger et dont on dit pourtant qu’elle continue à se vendre « sous le manteau » et qu’elle se trouve localement dans beaucoup d’armoires à pharmacie…
Pierre Labrude, janvier 2019