Georges-Simon SERULLAS (1774-1832)
Georges-Simon Sérullas avait dix-sept ans lorsqu’il s’engagea dans l’armée. Il ne la quitta plus, et devint l’un des plus brillants pharmaciens du Val-de-Grâce. Issu d’une vieille famille espagnole qui s’était établie au XVII° siècle, en Franche Comté Sérullas vit le jour à Poncin, dans l’Ain, le 2 novembre 1774. Il devait normalement reprendre la charge notariale de son père, quand éclata la Révolution. Elle le détourna de ce projet et l’entraîna dans la grande aventure militaire. Affecté au Service de Santé, il fit ses classes et obtint ses grades dans les hôpitaux d’Italie et sur les champs de bataille de la Grande Armée.
Prisonnier à Hanau, présent à Waterloo, licencié aussitôt après, Sérullas est nommé pharmacien-chef à l’hôpital d’instruction de Metz, en 1816. Neuf ans plus tard, il prenait les rênes du Val-de-Grâce, où il donna toute la mesure de ses talents de chimiste. Ses études sur les chlorates, l’iode, le brome, lui valurent la considération de ses pairs. Il ne renonçait à aucun essai, aussi dangereux fut-il. Par son ami et biographe Lodibert, nous savons qu’il lui arrivait d’avoir « les mains brûlées, les vêtements lacérés, le visage sillonné par des jets de feu, des tourbillons de flammes, des éclats de ses instruments brisés ».
Il n’y attachait aucune importance. Il en riait même. Déjà, pendant la campagne d’Italie, il s’était livré à des manipulations corrosives afin de trouver un succédané au sucre de canne, victime du Blocus continental. Sérullas, qui se trouvait alors à Asti, mit sur pied des fabriques de sucre de raisin. Il campait dans l’une d’elles et écrivait à Parmentier : « Je suis isolé ici : j’ai un abri dans la fabrique…J’ai les mains rudes, déchirées par le marbre, brûlées par la chaux : mais j’oublie tout en passant en revue nos jarres, en goûtant mes sirops que je commence à trouver de bonne qualité, à force d’en entendre faire l’éloge… »
Il lui avait été demandé, par le Service de la guerre, de produire, à l’usage des hôpitaux militaires, 1800 kg de sirop de raisin. Sérullas en fabriqua 3000 kg ! Il reçut à cette occasion, les félicitations du ministre de l’Intérieur et deux médailles d’or, l’une décernée en 1810 par la Société d’Agriculture ; l’autre par la Société de Pharmacie en 1813. Membre de l’Académie des sciences, il allait occuper la chaire de chimie au Muséum, quand, en revenant des obsèques de Cuvier, il ressentit les atteintes du Choléra. Le mal devait l’emporter, le 25 mai 1832. Il fut inhumé au Père-Lachaise, aux frais de l’Etat, sur l’ordre du Maréchal Soult
Texte de Nicole RICHET