Serment de Montpellier (XIIe siècle)1
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Voilà le serment que feront les especiadors :
Pour éviter toute mauvaise réputation et suspicion, et pour observer la loyauté en raison de laquelle Dieu protège les hommes dans leur corps et dans leurs biens, et dont il leur fait un devoir, et pour observer autant que possible l’exactitude dans l’exécution des accords et volontés des especiadors de Montpellier, tant au regard d’eux-mêmes et de tous ceux qui auront affaire à eux à cause de leur profession; pour que dans leur profession et leurs préparations ils agissent loyalement, sans aucune sophistication, conformément aux prescriptions prescrites et écrites dans l’Androstaris2 sans innovation, sans mettre une chose pour une autre, à moins que ce soit avec l’approbation des consuls des métiers (cossols de mestier), ou de deux maîtres ès-physique qui seront à cet effet désignés par les consuls; qu’ils ne diminuent ni ne changent ce qui aura été formulé par ces maîtres. Ceci doit être observé pour les électuaires, les médecines, les emplâtres, les sirops (yssarops), les poudres et en toutes choses que les maîtres de physique (maytres de phyzica) ou leurs disciples formuleront ou feront formuler en ce qui concerne leur profession; et ils ne doivent acheter pour vendre aucune chose toute préparée par d’autres que ceux ayant prêté le même serment, et habitant Montpellier, excepté toutefois gingibrat, sucre rosat, violat ou mirobolans confits. En outre, il est compris dans lesdits accords et volontés qu’aucun maître, ni disciple, ni hôtelier, ne vendre rien avec augmentation de prix, mais seulement au prix fixé pour la vente, que ce prix ne soit accru par aucune suggestion, qu’il ne soit fait aucune association (companhia) avec aucun homme pour vendre ou revendre les choses du métier, ni pour donner des quantités ou des substances qui peuvent faire mal. En conséquence, tous les especiadors sont convenus de prêter serment, d’observer toutes ces règles pour tout le temps qu’ils exerceront la profession à Montpellier – et ils le feront prêter à tous les gens à leur service pour la profession. Et ils promettent d’observer toutes et chacunes de ces choses loyalement, sans faute, ni fraude, ni changement, ni sophistication. Et toutes ces choses dites ci-dessus, j’observerai et garderai (yeu home especiador o apothecayre) de bonne foi et sans tromperie. Ainsi devant Dieu qui m’entend et tous les saints Evangiles que je touche corporellement.
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1. Source : Le petit Thalamus de Montpellier, publié par la Société Archéologique de Montpellier en 1850, p.20-27.
2. Antidotarium Nicolai |