Historique des Laboratoires SARGET
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« Ayant obtenu son diplôme de pharmacien en 1943, Georges Nègrevergne s’installa rapidement en achetant une officine, rue Capville à Bordeaux. Mais cette affaire lui semblait sans avenir et il se rendit acquéreur de la Pharmacie Barthe, cours d’Alsace Lorraine. En vérité, cette officine était au plus bas de son activité en raison de l’âge de son titulaire. Georges Nègrevergne, fils d’éminents commerçants bien connus sur la place, rénova très rapidement sa pharmacie dont le chiffre d’affaires ne cessa plus de progresser. Mais Georges Nègrevergne ne pouvait rester insensible à la mutation de l’industrie pharmaceutique mondiale qui s’était affirmée dès 1945. Il avait trouvé dans la Pharmacie Barthe quelques vieux produits « maison », il les améliora, obtint des visas et en fit de véritables spécialités. Toutefois, ce n’était là pour lui qu’un modeste début. Dès 1945, il crée les Laboratoires SARGET qu’il installe rue Poquelin Molière. Il lance quelques spécialités telles que les ampoules buvables de Calcium Sarget. Il obtient à l’étonnement du monde pharmaceutique la concession d’une Pénicilline exploitée par les Laboratoires Roussel. L’aventure était lancée. En 1953, Georges Nègrevergne achète à Paris les Laboratoires l’Ambrine. En 1956, il constitue la Société d’Exploitation des Laboratoires Sarget qu’il installe rue Père-Louis-de-Jabrun et achète la majorité des parts d’un deuxième Laboratoire parisien, le Laboratoire CORTIAL qui devient la société de brevets et de marques du Laboratoire Sarget. En 1961 intervient la fusion de Sarget et Ambrine qui conduit à la constitution des Laboratoires Sarget Ambrine, siège social à Bordeaux, rue Père-Louis-de-Jabrun avec un établissement secondaire à Paris, rue Perceval, transféré en 1963 rue de l’Armorique. Concurremment, Sarget obtient la concession des Tablettes Caved’s, antiulcéreux gastrique à grand succès exploité par Sidona en Hollande. Peu de temps après, Sarget obtient d’un Groupe américain une licence d’exploitation pour un antiseptique iodé qui deviendra un produit de routine, principalement dans les hôpitaux. En 1962, les tenants du Groupe, les Frères Sackler, entrent dans le capital de Sarget et apportent plusieurs autres spécialités. En 1965, le Sargenor est lancé avec le succès que l’on sait. Mais, en 1967, Georges Nègrevergne entraîne son Groupe dans une série d’implantation à l’étranger en absorbant les Laboratoires Chinoin à Milan. Dès 1960, les Laboratoires Sarget s’étaient rendus acquéreurs d’un terrain de 100 000 m2 à Mérignac sur la route de l’aéroport, avenue du Président Kennedy. La construction d’une usine moderne dotée des installations les plus performantes avait été mise en œuvre et, en 1967, le siège social de l’entreprise devenue les Laboratoires Sarget S.A. était transféré à Mérignac en même temps que toutes les fabrications. En 1969, Sarget prend le contrôle des Laboratoires Plantier d’Annonay. La production de sa principale spécialité, est ramenée à Mérignac quelques années plus tard. En 1970, François Lenoir gendre de M. Nègrevergne, devient administrateur puis directeur adjoint. L’expansion à l’étranger se poursuit et, la même année, Sarget absorbe les Laboratoires Belgara à Bruxelles. En 1972, absorption de Dagra en Hollande et au Portugal, en 1974, de Castillon en Espagne. Sarget se développe aussi et se diversifie et il se lance dans l’industrie des textiles destinés aux pansements et reprend diverses marques de gaze, compresses, garnitures, etc. De nouveaux laboratoires sont construits à Mérignac. Sarget contrôle progressivement plusieurs usines et devient le numéro un français dans le domaine de la gaze à pansements par l’intermédiaire de ses filiales. En 1977, un centre de recherches avait été ouvert à Caluire près de Lyon et en 1980 Sarget crée un département de synthèse de chimie fine. Il entreprend l’installation de magasins entièrement automatisés et crée sur place un deuxième centre de recherches. Mais en1984, Georges Nègrevergne est atteint d’un mal implacable et meurt. Sa famille est obligée de quitter la Société, les Frères Sackler deviennent l’unique propriétaire du Groupe. Les installations sont encore étendues et modernisées, en particulier le centre de recherche et de développement qui est doté de moyens importants. Mais les Frères Sackler se retirent rapidement et en 1986 les Laboratoires Sarget sont absorbés par le Groupe allemand Degussa, fournisseur habituel du principe actif du Sargenol. L’absorption laisse à l’écart les affaires de textiles qui sont liquidées séparément. Sarget se trouve donc intégré dans le département pharmaceutique de Degussa Asta Pharma. Le complexe couvre le monde entier mais son implantation en Europe s’est trouvée largement facilitée par le réseau de filiales créé par Georges Nègrevergne. Actuellement, à eux seuls, les Laboratoires SARGET dirigés par le Docteur Sénac, occupent 15 000 m2 au sol. L’effectif est de 700 personnes en France et plus de 1 100 si l’on tient compte des filiales étrangères. Le chiffre d’affaires est de l’ordre de 700 millions de francs dont plus de 20% à l’exportation. Le centre de recherche et de développement dispose de nouveaux locaux, occupe 2000 m2 et emploie une soixantaine de personnes. Bien que devenue filiale d’un groupe étranger, Sarget demeure un des fleurons de l’industrie pharmaceutique bordelaise et contribue au développement économique de notre région ».
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Source : Franck COUSTOU. Pharmacie : de l’officine à la grande pharmacie. Origine et évolution de l’industrie pharmaceutique à Bordeaux. Les cahiers de la mémoire / William Blake and Co Edit., 1991 |