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Raymond Charonnat

Raymond Robert Charonnat
(12 mars 1894*-24 août 1957)

 

Dès ses études secondaires effectuées au Lycée de Troyes, Raymond Charonnat fait la preuve de sa remarquable intelligence et de ses exceptionnelles dispositions. Il termine ses études en 1912 en passant son baccalauréat de mathématiques en Sorbonne avec la mention très bien. Il se décide alors à entreprendre des études de pharmacie, poussé dans cette voie par M. Henry, pharmacien dans sa ville natale. Il accomplit son stage d’une année à partir de novembre 1912 à la pharmacie Frotté à Romilly. En novembre 1913, il s’inscrit à l’École supérieure de pharmacie et à la Faculté des sciences de Paris ; en juillet 1914, il est reçu à l’examen de fin de première année avec la mention très bien, obtient les premiers prix aux concours de première année et de travaux pratiques et passe en Sorbonne le certificat de mathématiques générales.

Mais c’est la guerre et, le 3 septembre 1914, il est incorporé à la 22° section d’infirmiers militaires. Le 1er mars 1915, il part au front comme brancardier de 2ème classe avec le 410° régiment d’infanterie et ne sera nommé pharmacien auxiliaire qu’en janvier 1918. Au cours  de ses quarante-quatre mois de front, sa vaillante conduite lui vaut la croix de guerre avec une citation à l’ordre de son régiment et une autre de la 310° brigade d’infanterie.

Démobilisé en septembre 1919, il termine sa licence de sciences physiques en obtenant brillamment quatre nouveaux certificats : chimie générale, chimie biologique, minéralogie, et physique générale. Il termine également ses études de pharmacie et est diplômé pharmacien le 27 juillet 1920. La même année, il est nommé interne des hôpitaux de Paris, major de sa promotion et il choisit l’hôpital de la Pitié dont le pharmacien-chef est le professeur Delépine, sous la direction de qui il souhaitait s’initier à la recherche chimique.

En 1923, il est choisi par Delépine comme assistant de la chaire d’hydrologie, première étape de sa carrière universitaire. L’année suivante, il est nommé pharmacien des hôpitaux ; après avoir été affecté aux postes de Brévannes et d’Ivry, il devait être nommé en 1939 à la direction technique de la pharmacie centrale des hôpitaux comme successeur du professeur Goris et occupera ce poste à partir de 1941 jusqu’à sa mort. En 1925, il est reçu au concours de l’inspection des établissements classés du département de la Seine et demeurera inspecteur jusqu’en 1935.

Il avait par ailleurs entrepris des recherches dans le domaine de la difficile chimie des complexes sur un sujet que lui avait confié son maître Delépine en vue du doctorat ès-sciences physiques qu’il soutint en 1931 comme « Recherches sur les combinaisons complexes du ruthénium ».

Il est ensuite nommé maître de conférences à la Faculté de Pharmacie de Paris à compter du 1er novembre 1937 et chargé des conférences les plus variées aux étudiants : chimie analytique, chimie minérale, chimie organique, pharmacie chimique et toxicologie, ayant, de surcroît, la direction des travaux pratiques de physique et la charge des certificats de chimie biologique et de phytopharmacie. De 1941 à 1943, il est chargé du cours d’hydrologie et d’hygiène dont la chaire avait été précédemment supprimée en 1934.

Enfin, succédant au professeur Fleury, transféré dans la chaire de chimie biologique le 1er octobre 1943, il est nommé professeur de chimie analytique à compter du 1er janvier 1944. A partir de 1er octobre 1948, il prend la chaire de chimie organique en remplacement du professeur Sommelet mis à la retraite, mais il l’occupera moins de dix ans, disparaissant en pleine force à la suite d’un tragique accident survenu le 24 août 1957 devat l’Acropole de Linods dans l’ile de Rhodes.

Oeuvre scientifique.

L’oeuvre scientifique de Charonnat est à la fois considérable, puisqu’elle est contenue dans plus de trois cent notes, mémoires ou revues, et d’une extrême diversité, puisqu’elle se rapporte à toutes les disciplines auxquelles sa curiosité scientifique le conduisit à s’intéresser au cours de sa double carrière, universitaire et hospitalière. On y trouve ainsi des travaux d’hydrologie sur les eaux de Salis-de-Béarn et sur la radio-activité des eaux de Plombières – de chimie analytique concernant surtout l’acide ascorbique, la vitamine B12, les antibiotiques, l’A.C.T.H, etc. – de chimie organique avec ses recherches initiales sur la chimie des complexes et ses études sur l’action du soufre élémentaire sur de nombreuses molécules. Citons ensuite ses travaux de pharmacie galénique se rapportant aux solutés injectables et aux pyrogènes, à la stabilisation et la conservation des médicaments, ceux de chimie biologique avec ses méthodes de dosage de l’acide cholique, du cholestérol, des acides gras non saturés, ceux enfin de pharmacologie avec l’étude du mécanisme de l’anesthésie locale et des phénomènes de choc provoqués par les injections intraveineuses.

Distinctions honorifiques

Élu membre résidant de la Société de Pharmacie de Paris (future Académie nationale de Pharmacie) en 1934, nommé membre de la Commission permanente du Codex en 1943, du Conseil National de l’Ordre des pharmaciens en 1947, du Conseil supérieur de la Pharmacie en 1950, Raymond Charonnat fut élu à l’Académie nationale de médecine en 1955. Il était Chevalier de la Légion d’honneur depuis 1949.

Biographies

Maurice-Marie Janot : Raymond Charonnat (1894-1957), in Bull. Acad. Nat. de Médecine, n°5 et 6, 1958, p. 100-109.

Professeur R.-C. Moreau : le professeur Raymond Charonnat (1894-1957) avec la reproduction de la médaille gravée par Albert Davis et la liste complète de ses publications, in Ann. pharm. franç., 1958, 16, p. 261-284.

 

Source : G. Dillemann. Historique des facultés de pharmacie. Produits et problèmes pharmaceutiques, 1970 +

 

*né à Arcis-sur-Aube (Aube)

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