Extrait de l’ouvrage du docteur Dehaut (1902) sur ce sujet1 :
Si on force l’air à s’échapper par un orifice extrêmement petit, près duquel se trouve une gouttelette d’eau, cette eau sera dispersée et réduite en parcelles innombrables et infiniment petites. Si la gouttelette d’eau est remplacée à mesure de sa dispersion, on produira un nuage, un brouillard assez étendu. L’eau n’est pas mise en vapeur, mais elle est comme pulvérisée, et le nom de pulvérisation a été adopté pour désigner ce résultat. on peut remplacer l’eau par toutes sortes de liquides contenant des substances médicamenteuses, par des eaux minérales, sulfureuses ou non. Si on se place dans ce nuage de liquide pulvérisé pour respirer, on introduit, dans un état de division extrème, jusque dans la profondeur des poumons, la substance médicamenteuse que le liquide renfermait. On appelle inhalation cette action de respirer un brouillard médicamenteux produit par la pulvérisation d’un liquide.
Un grand nombre de médecins attachant une sérieuse importance à cette manière de faire absorber certains médicaments utiles dans les maladies des voies respiratoires, plusieurs inventeurs ont cherché à construire des appareils permettant d’effectuer la pulvérisation , et il existe aujourd’hui des pulvérisateurs de plusieurs systèmes, les uns simples, les autres compliqués ; les uns fragiles, les autres très solides. un de ces appareils est remarquable, parce que, à la fois simple et très solide, il est en même temps irrigateur et pulvérisateur : c’est celui de M. Marinier. Le pulvérisateur Marinier se distingue par un autre avantage tout spécial : il peut s’adapter à toute espèce de flacon, et par le changement d’une pièce mobile, il se transforme en un véritable clysoir des plus commodes, remplaçant tous les instruments de ce genre destinés aux injections et aux lavements, en sorte que, lorsqu’on n’a plus besoin de pulvérisateur, on reste en possession d’un bon irrigateur.
Les pulvérisateurs sont employés principalement dans les maladies des bronches et de la gorge ; mais notre but n’est pas d’expliquer les cas dans lesquels ce moyen est bon, ni d’énumérer tous les remèdes qui peuvent être employés de cette manière, ce que nous ne pourrions faire d’une façon suffisamment intelligible pour nos lecteurs : mais nous voulons seulement faire connaitre un des meilleurs pulvérisateurs, et montrer comment on s’en sert. c’est le médecin qui prescrit l’espèce de liquide que le cas réclame, liquide qui peut être une eau minérale, ou bien de l’eau renfermant quelque médicament en dissolution….
Pour s’en servir, on introduit du liquide médicamenteux prescrit par le médecin jusqu’à la moitié du flacon ; on pose celui-ci sur une table, devant laquelle on s’assied ; on prend dans la main la petite boule en caoutchouc servant de soufflet, on la fait fonctionner en la pressant et en la relâchant alternativement, de manière à produire un souffle continu. Ce courant d’air forcé traverse le flacon et sort par la pointe, entraînant du liquide sous la forme d’un brouillard. On se place de manière à recevoir commodément ce brouillard en pleine figure, et on respire tranquillement, à pleins poumons, de façon à faire pénétrer le liquide pulvérisé dans la poitrine. On continue ainsi pendant dix minutes, et on recommence plusieurs fois par jour.
Lorsqu’on veut transformer le pulvérisateur en irrigateur, on dévisse la pièce qui produit le brouillard, et on la remplace par une autre pièce munie d’un tube suffisamment long et d’une canule de la forme voulue, selon qu’il s’agit d’injection ou de lavement.
On peut se procurer cet instrument par l’intermédiaire des pharmaciens.
- Manuel de médecine, d’hygiène, de chirurgie et de pharmacie domestiques par Dehaut…24ème édition, Paris, chez l’auteur, 1902