Joseph Louis PROUST (1754-1826)

 Joseph-Louis Proust est né à Angers le 26 septembre 1754. Il était le 3° fils de l’apothicaire Joseph Proust installé place Ste Croix. Après avoir suivi les cours du Collège des Oratoriens, il fait son apprentissage dans l’officine paternelle et prend part à la création d’un jardin des plantes dans la ville. Mais ses parents lui mènent une vie tellement dure et pénible qu’il veut quitter Angers. Après maintes discussions, il arrive à ses fins et prend le coche pour Paris, où il devient l’élève de l’apothicaire Clérambourg. Il suit les cours de chimie de Rouelle le Jeune, le frère de Guillaume-François Rouelle, et il fait la connaissance de Lavoisier.  C’est Lavoisier qui l’engage à se présenter au concours de pharmacien en chef de la Salpêtrière, ce qui lui ferait gagner maîtrise. Il est brillamment reçu au concours, à 21 ans.

Pendant son séjour à la Salpêtrière, il publie plusieurs notes et mémoires sur l’acide phosphorique, les pyrophores, l’alun, fait des recherches sur l’urine, sur la combustion rapide des huiles essentielles par l’acide nitrique, discutant toutes les opinions émises jusque là. Il enseigne à son tour la chimie au Musée du Palais Royal. Comme plusieurs chimistes de l’époque, il s’intéresse aux aérostats nouvellement inventés par les frères Montgolfier et étudie la substitution de l’hydrogène à l’air raréfié dans les aérostats. Il tente une ascension à Angers en décembre 1783, sans succès. Le 23 juin 1784, il accompagne Pilâtre de Rozier dans l’ascension du Ballon « Marie-Antoinette » qui eut lieu avec succès en présence de Louis XVI, du roi de Suède Gustave III et de toute la cour.

A la même époque, Proust est désigné par le gouvernement français pour remplir les fonctions de professeur de chimie à l’Ecole militaire de Ségovie, en Espagne. Il apprit l’espagnol et fit ses cours dans cette langue. Il resta à Ségovie une dizaine d’année et s’y maria avec une française Anne-Rose Chatelain-Dauvigné le 30 juin 1798. C’est dans le laboratoire de Ségovie et plus tard dans celui de Madrid que Proust fit la plupart de ses travaux.  Car le « Père Proust » comme l’appelaient ses étudiants fut nommé par le roi d’Espagne Charles IV professeur de chimie à l’Ecole Centrale de Madrid , nouvellement créée. Il y connu un franc succès par ses connaissances chimiques et aussi par son éloquence. Il revint en France en 1806 pour la liquidation de l’héritage familial et repartit à Madrid. Lorsqu’en 1808, les troupes françaises assiégèrent Madrid, on accusa Proust d’avoir renseigné les Français et trahi ses amis espagnols : son laboratoire fut incendié et détruit le 26 décembre. Ainsi disparurent avec ses recherches scientifiques, de nombreux et précieux échantillons donnés par les colonies espagnoles, minerais d’or et d’argent, perles et même diamants.

Proust regagna la France et se fixa à Craon (en Mayenne), mais vint fréquemment à Briollay, où il eut une ferme. Il pécha à la ligne dans le Loir, et c’est à Briollay qu’il fit la connaissance de Chevreul qui devint son ami. Proust quitte Briollay pour s’installer à Angers place du Château dans l’ancien prieuré de Saint Aignan. Il y poursuit des recherches scientifiques et s’occupe de la préparation industrielle de sucre de raisin. Le 4 janvier 1816, Thénard l’informe que la mort de Guyton de Morveau laissait un siège vacant à l’Institut et qu’il devait se présenter. Il fut élu par 47 voix sur 53 votants. En 1811, il avait été nommé membre de la Société d’Agriculture de Turin et en 1816 associé étranger de l’Académie Royale de Sciences de Naples. La même année, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur et le 30 décembre 1820, il est nommé membre non résidant de l’Académie de Médecine, dès sa création. A la mort de son frère Joachim, titulaire de l’officine paternelle d’Angers, Proust redevient pharmacien d’officine à la demande de sa belle-sœur et avec l’autorisation de l’Ecole de Pharmacie.

Il meurt le 5 juillet 1826, dans sa 72° année.

Le nom de Joseph-Louis Proust demeure attaché à l’histoire de la chimie. Utilisant les travaux de Wenzel et de Richter, Proust découvrit le premier la fameuse et très importante Loi des Proportions définies. John Dalton devait, par la suite, compléter cette loi par celle des Proportions multiples : si deux corps peuvent en se combinant donner naissance à plusieurs composés définis, les poids de l’un des corps entrant en combinaison avec un même poids de l’autre sont les multiples d’un même nombre. C’est ainsi que 14 gr d’azote s’unissant à 8, 16, 24, 32, 40, 48 gr d’oxygène donnent successivement naissance aux protoxyde d’azote, au bioxyde, à l’anhydride azoteux, puis au peroxyde, à l’anhydride azotique et à l’anhydride perazotique. Remarque capitale qui eut des conséquences très importantes. Car si l’oxygène ou tout autre corps se transporte par portions déterminées de 8gr (…ou 14) à la fois, il faut bien admettre que cette quantité indivisible correspond à quelque choses d’essentiel et d’indestructible. En fait, la théorie de l’atome était née avec Dalton et grâce à Proust.

Henri Bonnemain